Addiction | réécriture [TERMINÉE]

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE UN

« Vous pouvez leur parler, n'est-ce pas, monsieur Brown ? Leur assurer que j'ai changé. Leur raconter mon histoire. »

* * *

Le 21 mai, mon père et moi avons rendez-vous dans le bureau du proviseur Brown, après les cours, pour discuter des cours d'été et dresser un premier bilan.

Monsieur Brown a un ventre tout rond, des cheveux gris avec une légère nuance de blanc, et des lunettes. Il paraît légèrement gêné et agacé de me voir. Son comportement vis-à-vis de moi est injuste — je suis une élève modèle depuis deux mois. J'imagine qu'il se rappelle mieux des années précédentes.

Mais nous sommes tous là avec le même objectif : trouver une solution pour que Kaylee Williams décroche le bac et ne remette plus jamais les pieds au lycée Evergreen.

Monsieur Brown s'assoit face à son ordinateur et consulte mon dossier.

— J'ai l'impression que tout va bien pour toi, Kaylee. Pas d'absentéisme. Tu as encore un peu de retard dans certaines matières, mais tes notes sont... hé ! Mais regardez-moi ça ! Une moyenne de 16 ce trimestre ! Bravo Kaylee, c'est excellent !

Je souris. Mon père me tapote la main.

— Je suppose que tu veux passer le bac ? Il n'est plus question de t'inscrire en candidate libre ?

Je hoche la tête.

— Bien, dit-il en faisant défiler son document. Je crois que tu pourras passer les épreuves avec le reste de ta classe, à condition de rattraper ton retard dans quelques matières cet été.

— C'est justement ce que je comptais faire.

— Nous serions ravis que Kaylee passe le bac avec ses camarades, ajoute mon père.

Monsieur Brown déniche des catalogues de cours d'été dans le tiroir de son bureau et nous les tend.

— Si elle est prête à travailler, il ne devrait pas y avoir de problèmes.

J'affirme sans hésitation :

— Je suis prête. Archiprêtre.

Je feuillette les catalogues avec papa pendant que monsieur Brown récapitule mes obligations. Et mes options — apparement, je n'en ai pas cinquante.

Pour finir, il nous demande si on a des questions.

— Je ne pense pas, répond mon père.

— Bien, conclut le proviseur en éteignant son ordinateur.

Il me reste toutefois un point à éclaircir.

— Je peux dire un truc ?

— Je t'en prie.

Je regarde monsieur Brown, puis papa.

— J'aimerais aller dans une bonne université.

Monsieur Brown sourit poliment.

— Écoute, Kaylee...

— Je sais, monsieur Brown, j'ai fait beaucoup de bêtises. Mais je suis sérieuse. Je vais finir avec 16 de moyenne ce trimestre et je vais bosser comme une folle, cet été. Je voudrais que vous m'aidiez à intégrer une bonne université.

Mon père me dévisage d'un air surprise, tandis que monsieur Brown fronce les sourcils.

— Malheureusement, vu ton parcours, les possibilités seront pus limitées pour toi que pour d'autres élèves.

— Je comprends. Je me doute bien que je n'irais pas à Harvard ou à Stanford. Mais je peux quand même postuler quelque part, non ? Pourquoi pas sur la côte Est ? Vous allez m'aider, n'est-ce pas ?

Mon père me considère avec beaucoup d'attention.

— Bien sûr, ma chérie. Bien sûr que nous t'aiderons...

— Vous pouvez leur parler, n'est-ce pas, monsieur Brown ? Leur assurer que j'ai changé. Leur raconter mon histoire.

— Eh bien oui, mais seulement si-

— Si je donne satisfaction. Je vous le promets. Vous avez vu mes dernières notes. Je vous assure que je tiendrais même aux cours d'été, et l'an prochain aussi.

— Évidemment, ça serait un bon point pour toi... continue prudemment monsieur Brown.

— Alors on est d'accord ? À partir de maintenant, je m'engage à avoir au moins 16 partout. Et vous m'envoyez dans la meilleure université que vous pourrez trouver. Marché conclu ?

Monsieur Brown me fixe sans un mot.

— Marché conclu ? Je répète en lui tendant ma main.

Il me la serre avec réticence.

— Marché conclu.