CHAPITRE TREIZE
« Je m'apprête à composer le numéro de Jake — mais je me rappelle bien vite qui je suis et où j'en suis. »
* * *
Après les cours, Nathan et moi prenons la direction du centre-ville. Le soleil pointe le bout de son nez. Je souris aux passants dans la rue. Je suis toute contente — je me sens heureuse.
On entre dans un Starbucks, où je nous commande deux chocolats chauds (même si Nathan louche sur les cafés) et des muffins fourrés au chocolat.
— Dommage pour toi, tu boiras du chocolat et c'est moi qui invite.
Nathan part chercher un table en grommelant. Il est égal à lui-même, adorable, drôle et un peu maladroit. Quatre lycéennes se retournent sur son passage, elles sont hypnotisées par sa beauté.
Je les ignore. J'apporte les tasses et je m'assois face à lui.
— Je suis content d'être avec toi, finit-il par déclarer, après avoir croqué dans son muffin, en plus, avec toi, le monde extérieur est beaucoup moins... pourri. Nul. Surtout qu'on a ce lien qui nous unit, toi et moi.
Je souris, le regard baissé sur ma tasse chaude.
— Moi aussi, Nate, je suis contente d'être avec toi.
On commence à bavarder. On discute des bizarreries du lycée. Des cours. Il me parle de sa famille, me fait part du décès récent de sa grand-mère. Je baisse les yeux et lui présente mes condoléances.
Il vient s'asseoir à côté de moi, m'enlace et m'embrasse la tempe.
Ensuite, on se promène dans le centre. Après avoir assisté à un spectacle donné par des skaters, on achète des rouleaux de printemps à un traiteur chinois et on va au parc. Là, sur un banc, je m'appuie contre lui en lui tenant la main. On passe la fin de la journée à papoter, à s'embrasser, et à répéter qu'on s'aime.
Quand la lumière commence à baisser, Nathan propose une séance de ciné. J'ai le sentiment que ce n'est pas la meilleure façon de profiter de ces précieuses heures ensemble, mais je ne dis rien. Je ne veux pas lui gâcher le plaisir.
Et puis, ça me rappellera les soirées cinéma en cure.
Sauf que là, il s'agit d'un vrai cinéma. La place coût douze dollars et le paquet de popcorn, six. Je règle tout. On s'installe devant les bandes-annonces. Je me blottis contre Nathan. J'essaie de me rapprocher le plus possible, mais les sièges en plastiques raides et les accoudoirs munis de porte-gobelets ne me facilitent pas la tâche.
Et puis, il y a des appuie-tête sur les fauteuils devant nous si bien qu'on ne peut pas reposer nos pieds sur les dossiers.
— Nathan ?
— Oui ? fait-il en tournant la tête vers moi, plongeant son regard dans le mien.
— Je t'aime.
— Je t'aime aussi, Kaylee.
Le film commence. Je le suis à peine, bien trop occupée à me peloter contre Nathan et à respirer son odeur à pleins poumons. Je ne peux pas m'en empêcher. Il me donne des petites tapes sur la tête comme si j'étais un chiot en manque d'affection — ce qui n'est pas très loin de la vérité.
Les rues sont calmes, après la séance. Il fait froid et il n'y a pas un souffle d'air. Je glisse ma main sous le coude de Nathan. J'ai envie de l'accompagner jusqu'à chez lui et de dormir là-bas, avec lui, blottie dans ses bras.
Mais comme il est déjà dix heures, il tient à me mettre dans le métro.
— Ne t'inquiète pas, plaisante-t-il, et puis on se verra demain, au lycée, hein ?
Je me laisse escorter jusqu'à la gare. À la seconde où on descend sur le quai, la rame débarque. Je refuse de partir avant d'avoir obtenu un vrai baiser d'au revoir. Nathan s'exécute. C'est à la fois divin et... un peu bizarre. Je ne peux pas le décrire. Je sens une réticence chez lui — aurait-il peur de moi ? Ou alors il me trouve trop... collante ?
Je ne sais pas. C'est peut-être mon côté chiot frustré qui l'a rebuté. Ou le fait que j'aie tout payé.
La rame suivante arrive à dix heures et demie. Il insiste pour que je la prenne. Je refuse. Alors il me soulève et me fait monter de force. Il m'assoit sur un siège puis se dépêche de ressortir avant que les portes ne se referment. Je cours à la fenêtre et j'appuie mon front contre la vitre.
Il m'adresse un sourire rassurant, l'air de dire « ne t'inquiète pas — tout va bien se passer ». Je lui envoie un baiser.
Le train se met en mouvement. Nathan agite la main. Je ne le lâche pas des yeux et lorsqu'il disparaît, je me laisse tomber sur un siège. Je me sens tellement heureuse ! Je n'ai pratiquement jamais vécu ça avec un garçon. C'est presque trop d'émotion. Ça me donne envie de planer.
Pendant une fraction de seconde, je me surprends à attraper mon téléphone dans ma poche et à me demander si Jeff Shit est toujours en ville. Sinon, je pourrais contacter Jake ? Ou Raj ?
Je m'apprête à composer le numéro de Jake — mais je me rappelle bien vite qui je suis et où j'en suis. Non. Je ne peux pas faire ça.
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Addiction | réécriture [TERMINÉE]
Ficção Adolescente« Je voudrais que chaque seconde dure une éternité. » À presque 17 ans, Kaylee est déjà en cure de désintoxication au centre de Spring Meadow. Elle y apprend à vaincre ses addictions, à faire confiance, et se trouve même une amie. Dès sa sortie, Kay...