Addiction | réécriture [TERMINÉE]

cinq

CHAPITRE CINQ

« C'est sans doute à ça qu'ils se consacrent après m'avoir ramenée. À des expériences. »

* * *

   J'ai passé avec brio ma première série d'épreuves au centre universitaire. En allant dans la salle d'informatique 3F, je découvre que j'ai obtenu la note maximale dans toutes les matières. Un carton. Soulagée, je sors sous le soleil brûlant et je prends une grande bouffée d'air.

   Ensuite, j'appelle Martin et j'insiste pour qu'il fête l'évènement avec moi. Je veux qu'il m'emmène manger une glace, au minimum, mais il ne peut pas. Il va au cinéma avec Grace. Il m'invite à les accompagner si je veux. Bien que ce ne soit sans doute pas une idée géniale, j'accepte. Il faut que je me montre sociable pour une fois.

   Martin vient me chercher à la maison. Il me présente Grace, qui est assise à l'avant. Je la reconnais, je l'a déjà vue au lycée. C'est une de ses filles un peu prétentieuse, du genre première de la classe, à qui je n'aurais jamais imaginé adresser la parole un jour. Mais sinon, elle est plutôt mignonne — chapeau, Martin. Elle est même très mignonne.

   Grace ne prononce pas au cours du trajet. Martin non plus. Alors je me charge de la conversation. Je leur raconte mon déjeuner avec Allison et Veronica au centre université.

— J'ai peur qu'elles n'aient pas reçu la meilleure éducation qui soit, commente Grace.

   Je ne dis rien. Mais j'admets que c'est une façon polie de formuler les choses.

   J'ai envie de balancer un truc méchant, sarcastique et spirituel mais par égard pour Martin, je me tais. Grace. Ben dis donc.

   On prend des place pour aller voir Free Fall — une histoire de rédacteurs de magazine à New York qui couchent ensemble, tombent amoureux et dînent dans des restos chic.

   Les personnages n'arrêtent pas de parler entre eux. Au début, je ne peux pas m'empêcher de penser que, si c'est pour devenir comme ça, je ferais peut-être mieux de ne pas aller à l'université. Mais au fond, ce n'est qu'un film.

   En sortant du cinéma, on va manger une glace. Grace nous parle du milieu de la presse. Il se trouve qu'une amie de sa mère travaille justement pour un magazine à New York.

— C'est beaucoup plus glamour dans les films que dans la réalité, affirme-t-elle. Mon père est ophtalmo et, croyez-moi, son quotidien ne ressemble pas du tout à Grey's Anatomy.

   Martin s'extasie sur tout ce que dit sa chérie. Pas moi. Je suis contente pour lui cependant.

   À la fin de la soirée, ils me déposent chez moi en premier avant de filer s'embrasser ailleurs. Martin m'a confié qu'ils n'arrêtaient pas de se peloter, et que Grace voulait « faire des expériences », en matière de câlins.

   C'est sans doute à ça qu'ils se consacrent après m'avoir ramenée. À des expériences.