Chapitre 3

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659 jours avant.
Je lui piquai une frite alors qu'il répondait rapidement à un sms.

- Tu te rends compte que je mens à mes meilleurs potes pour toi ? Si c'est pas une preuve d'amour ça !
- Très romantique, bravo Zayn, je n'aurais pas pu rêver mieux comme déclaration, ironisais-je, lui arrachant un de ses si beaux sourires

Je  levai les yeux au ciel, amusée, et embrassai la commissure de ses lèvres en passant à côté de lui pour apporter l'addition à l'homme qui  l'avait demandé, quelques minutes plus tôt.

- Tu viens chez moi, ce soir ? me demanda-t-il quand je revins vers lui
- Hmm, je pense pas que je vais pouvoir, avouais-je en triturant mon piercing gauche

Il soupira, visiblement agacé.

- Pourquoi ? Tu finis à 23h, je passe te prendre et on va chez moi. T'as autre chose de prévu ?
- Non, mais tout le monde n'est pas émancipé comme toi. Apparemment, je passe déjà trop de temps hors de la maison.
- Alors je viens chez toi, ça reviens au même, proposa-t-il
- Non ! m'exclamais-je, Non, non, non, non.
- Pourquoi ? geint-il en commençant à bouder
- Parce que ... Non.
- Ok, lâcha-t-il dans un nouveau soupire

Je  repris mon travail, considérant le sujet comme clos, et au fil des  minutes, le café commença à se vider, tout comme l'assiette de Zayn. Le  portable de ce dernier vibra sur le comptoir, indiquant qu'il venait de  recevoir un message de Liam.

- Faut que j'y aille, les gars m'attendent au studio, déclara-t-il

J'acquiesçai doucement alors qu'il passait de mon côté du bar.

- Je suis pas sûre que tu sois autorisé à faire ça, lui signalais-je en souriant
- Tant mieux, répliqua-t-il en passant ses mains sur mes hanches, collant mon bassin au sien

Il se pencha sur moi et posa doucement ses lèvres sur les miennes, m'embrassant tendrement.

- Un peu de pitié pour les célibataires, s'il vous plait, allez vous bisouiller ailleurs ! se plaint Stan

Il sourit contre ma bouche et prolongea encore un peu notre étreinte.

- Je t'aime, me souffla-t-il avant de ramasser ses affaires et de partir.


752 jours avant.
- A toi. Déclara-t-il quand il eut finis
- Quoi, moi ?
- Raconte-moi quelque chose.

J'étais blottie contre lui, emmitouflée dans son sweat beaucoup trop grand pour moi, contrant ainsi les attaques du vent devenu froid depuis quelques  jours. Il venait de me raconter son enfance de bad boy des bacs à sable,  le milieu difficile dans lequel il avait grandi, et sa passion pour la  musique. Qu'est-ce que j'avais à raconter, moi ? Etant donné qu'une grande partie de l'année et demie qui venait de s'écouler devait rester secrète à ses yeux, je n'avais pas énormément de choix.

- J'ai pas connu mon père. Il est mort quand j'avais deux ans.
- Désolé, souffla-t-il
- C'est pas la peine. J'ai pas de souvenirs de lui, alors il ne me manque pas vraiment, je suppose.
- Accident de la route ? supposa-t-il
- Non.  Il est mort en essayant de m'élever. Avec ma mère, ils m'ont eu quand  ils avaient respectivement 16 et 19 ans. Leurs parents ont refusé de les  aider, et les ont très peu soutenus, alors ils ont emménagé dans un  appartement un peu miteux, avec l'espoir de trouver mieux dans les mois  suivants. Ma mère pouvait pas travailler, alors il devait nous porter,  nous trois, sur ses épaules. Il a longtemps enchaîné les petits boulots,  et, voyant que ça marchait pas vraiment, il a commencé à traîner dans  les bars, à boire. Il a jamais été violent, mais apparemment, il  rentrait souvent saoul. Et puis un soir, dans un de ces bars, on lui a  proposé de dealer. Juste de dealer. On lui a promis de bonnes rentrée  d'argent, alors il s'est dit « pourquoi pas ? ». Les premiers temps, ça a  bien marché, et notre niveau de vie s'est un peu élevé, c'était plus  facile pour mes parents. Et puis, fatalement, il est tombé dans la  drogue. Les trois quarts de ce qu'il touchait par ses reventes et les  quelques boulots qu'il gardait encore passait dans les clopes, l'alcool  et la coke. Le reste servait à me faire subsister. Il rentrait défoncer  le soir, et le matin, quand il se réveillait, il se rendait compte de la  misère dans laquelle on vivait, il culpabilisait, et il consommait  encore plus. Un cercle vicieux. Et puis, au fur et à mesure, il a  commencé à avoir des dettes. Des dettes qu'il ne pouvait pas rembourser  parce qu'il ne pouvait tout simplement pas utiliser l'argent qui « me  revenait », il était incapable de me faire passer après, ce qui est  plutôt une bonne chose, en soi. Mais un soir, on est venu réclamer. Il a  demandé un délai supplémentaire et il est mort.
- Wow, murmura-t-il, choqué, C'est .. triste.
- Ouais, répondis-je simplement

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