Chapitre 35

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Le premier mois

« Mon Amour,


Je suis enceinte. Je suis enceinte de toi, et je garde le bébé. A défaut d'avoir pu te le dire en face, je te l'écris, et peut-être qu'un jour tu liras cette lettre, peut-être qu'un jour tu sauras la vérité. Je t'aime tant et après plusieurs jours allongée dans mon lit à ressasser, je ne comprends toujours pas ta décision. Tu m'avais promis qu'on trouverait une solution, que tu ne me lâcherais pas, que tu m'attendrais. Tu m'avais promis que tu m'aimerais pour toujours, que serais tienne pour toujours. Tu m'avais promis et aujourd'hui, je suis seule, à écrire sur une feuille de papier que tu n'es qu'un enfoiré, mais que je reste désespérément amoureuse de toi. Pas la peine de me chercher, je ne suis plus chez ma mère, je ne viendrai plus au lycée et rien ne sera plus jamais pareil. Je ne répondrai pas non plus aux sms, ni aux appels, qu'ils viennent de toi, Kay ou Conor. Je veux juste être seule, ne plus te voir, ne pas avoir à faire semblant, ne pas avoir à affronter les regards moqueurs des gens sur moi quand ils verront que je ne suis que l'ex petite-copine en cloque et désespérée. Je suis en constante hésitation entre t'aimer ou te haïr et je suis sûre que rien que le contenu de cette lettre n'a aucun sens. Mais si tu savais comme je n'en ai rien à foutre. Plus rien n'a de sens, maintenant. Je ne suis plus bonne qu'à pleurer, vomir et dormir. J'espère que tu es heureux et que tout se passera bien à Dublin pour toi. Je te promets de l'appeler Liam si c'est un garçon.


S. xx »





Il claqua la porte, encore essoufflé et à peine content d'être rentré chez lui. De la cuisine, sa mère s'assura que c'était lui et répondit en marmonnant, grimaçant de douleur. Il se laissa retomber sur le canapé, faisant face à la télé éteinte et passa précautionneusement son pouce sous sa lèvre enflée pour essuyer le sang qu'il sentait couler.


Il serra les dents. Elle n'était pas revenue. Son seul réconfort aurait été de pouvoir l'observer de loin durant les pauses, mais elle n'était pas venue au lycée depuis au moins deux semaines et tout le monde l'avait remarqué. Il n'avait pas de nouvelles, aucun message d'insulte, de colis contenant tout ce qu'il aurait pu laisser chez elle, rien. Conor et Kay non plus n'avaient rien. Apparemment elle n'était même plus chez sa mère et il mourrait un peu plus d'inquiétude chaque jour. Où est-ce qu'elle avait bien pu s'envoler ?

Il ferma les yeux, déglutis difficilement et se plia en deux, laissant sa tête retomber entre ses genoux avant d'attacher ses mains sur sa nuque. Au moins, la douleur aiguë dans son abdomen s'était presque dissipée.


- Maman ? appela-t-il faiblement en retenant difficilement un gémissement de douleur

- Oui chéri ?


Il l'entendit sortir de la cuisine et s'approcher. Merde. Il voulait juste un verre d'eau, pas qu'elle le voit dans cet état, déjà qu'elle ne cessait de lui répéter qu'elle s'inquiétait pour lui.

Il n'y avait pas de quoi, pourtant. Il avait juste quitté la fille la plus belle, la plus drôle, la plus intelligente et la plus aimable qu'il connaissait pour une université qu'il n'intégrerait que dans six mois.


- Niall ? Ça va ? s'enquit-elle en le voyant courbé

- Pas vraiment, avoua-t-il

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