One more try

Chapitre 54

361 jours avant.

Un trou noir est un objet céleste n'émettant aucune lumière et dont le champ gravitationnel est si intense qu'il empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s'en échapper.

Je l'avais rapidement étudié en physique à la suite d'une conversation supposée scientifique ayant légèrement dévié de son sujet principal. A l'époque, je n'avais écouté que d'une oreille distraite, préférant écouter Kay me décrire son nouveau petit-ami. J'aurais mieux fait de demander si un trou noir pouvait se situer ailleurs que dans l'espace parce que, présentement, j'avais l'impression d'être désespérément coincée dans un de ces objets astrophysiques.

Ça n'avait pas toujours été le cas, pourtant. Deux mois en arrière, j'arrivais encore à sortir la tête de l'eau. Niall me disait toujours qu'il m'aimait, Nolan était gérable, et même si je me retrouvais prisonnière, la maison de mon petit-ami proposait assez de distraction à elle toute seule pour que je ne vois pas trop le temps passer. Les choses avaient bien changées.

Obnubilé par l'album sur le point de sortir, Niall partait tôt et ne faisait même plus l'effort de rentrer tôt. Apparemment, ses relations avec Zayn s'amélioraient grâce à des concessions des deux côtés et ils s'employaient tous les deux à reconstruire un lien aussi fort que le précédent, cette reconstruction passant par des nuits entières à se faire photographier en boîte de nuit, chaque soir une fille différente à leurs bras.

Avec ça, les rumeurs de petite-amie s'étaient rapidement dissipées, mais je n'avais pas acquis de nouvelles libertés pour autant, ce qui me rendait folle de rage. J'étais coincée à la maison à faire sa lessive et à s'occuper de son gosse pendant qu'il sortait, s'amusait, et passait tout son temps avec son Amy.

En plus de ça, Nolan grandissait, acquérait du caractère et devenait difficile. Il sentait l'absence de son père, maintenant qu'il en avait un.

J'étais tout simplement prisonnière d'une vie sans lumière, sans couleur, sans joies, et supposément sans peines. Juste une routine sans fin.

La routine. En spécialiste qu'elle était, Kay m'en avait parlé de nombreuses fois, l'écueil à éviter, selon elle, et avec tous les conseils qu'elle m'avait prodigué durant ma « formation », j'avais été presque certaine qu'une fois que j'aurais un copain, notre relation serait plus parfaite que parfaite.

J'avais oublié de la questionner sur le cas de figure où mon petit-ami ferait partie d'un boysband mondialement connu. Quelle imbécile.

Plus les jours passaient et plus j'avais envie de l'appeler. J'avais besoin de renouer avec des gens, avec le monde extérieur, mais ça m'était interdit. Parfois, Harper appelait pour prendre des nouvelles. Je lui disais que tout allait bien, je lui passais Nolan qui babillait pendant un moment dans le combiné et je raccrochais. Mon monde se limitait désormais aux murs d'une prison dorée, maison de plusieurs milliers de livres au centre de Londres.

 ✖

Je me laissai retomber lourdement sur le canapé, attrapant la télécommande posée sur la table basse. Nolan s'était enfin endormi et je n'avais qu'une envie : faire de même. J'allumai la télévision et zappai un moment à la recherche d'un programme qui pourrait soit m'endormir soit me passionner.

Avant que je n'atteigne mon but, j'entendis les clefs tourner dans la serrure et mon cœur fit un bon. C'était tous les soirs la même comédie. Tous les soirs j'avais l'espoir qu'il rentrerait le sourire aux lèvres, heureux d'être là, qu'il me prendrait dans ses bras et m'embrasserait, mais tous les soirs, il montait tout droit dans la chambre et se couchait.