One more try

Chapitre 62

308 jours avant.

La routine de la maison ne laissait jamais beaucoup de place à la surprise. Tout était bien rodé désormais et chaque câlin à Nolan commençait à être presque programmé. Il ne s'en plaignait cependant pas, et moi non plus. Cette routine habituelle et inchangeable me permettait de ne pas penser, de ne pas réfléchir.

Pourtant, maintenant que mon bébé était à la sieste, je ne pouvais empêcher les questions d'envahir de nouveau mon esprit. J'avais tenté de m'intéresser à trois films différents, sans succès. Rien ne semblait pouvoir faire barrière à mes pensées.

J'aurais aimé pouvoir parler, avoir un contact avec le monde extérieur, mais mes appels hebdomadaires avec Harper se faisaient insuffisants. J'aurais aimé pouvoir sortir, prendre Nolan avec moi et aller la voir, retrouver le confort de la maison qui m'avait abritée pendant la période la plus incertaine de ma vie au moins pour quelques heures, mais même ça m'était impossible.

Si je sortais, j'allais être obligatoirement repérée et on allait me suivre jusqu'à la petite maison de banlieue de ma tante, tout comme on nous avait suivi jusque chez les parents de Niall. Ils allaient s'en prendre à elle, la harceler pour des informations, et je ne voulais certainement pas lui infliger une situation similaire à la mienne, bien qu'elle me manque terriblement.

Pendant un moment, j'avais même songé à prendre rendez-vous avec Ella. Finalement, lorsque j'étudiais les faits, elle était la plus à même de me conseiller et de répondre aux questions sans réponses. C'était son boulot après tout, et j'étais en droit de m'intéresser aux accords qui nous unissaient, mais même si je ne mettais en aucun cas la brune en danger, je savais que rien qu'ouvrir la porte d'entrée pouvait raviver un feu dont j'ignorais l'état.

Je ne savais pas ce qu'il en était. Depuis l'incident chez les parents de Niall, celui-ci se débrouillait comme il pouvait pour étouffer l'affaire, mais je n'en savais jamais plus. Les seules informations qui me parvenaient étaient celles que je pouvais voir à la télévision lorsque les interviews étaient retransmises.

Qui j'étais ? Pourquoi ? Comment ? Nolan ? Nos familles ? Notre couple ? Tout était passé en revue, parfois discrètement esquivé. Ils voulaient tous tout savoir.

Je soupirai et tournai la tête, abandonnant définitivement le film étranger dont je ne connaissais même pas le nom qui jouait devant mes yeux vides depuis trop longtemps, cherchant une meilleure occupation.

Mes yeux tombèrent sur mon ordinateur. On m'avait formellement interdit de l'ouvrir pour faire autre chose que du traitement de texte et pendant les premiers jours, j'avais suivis les ordres à la lettre, me disant que la rédactions de « mémoires », même si ça me paraissait sans aucun intérêt m'occuperait éventuellement l'esprit.

Malheureusement, écrire n'était vraiment pas ce que je préférais faire, surtout lorsque c'était sur moi et chaque mot me rapportait à des souvenirs – parfois douloureux – et, surtout, au manque de souvenirs ces temps-ci. La photographie me manquait. Sortir et capturer la nature me manquait. Etre moi me manquait.

Je ne voulais pas être cette fille ; celle qui reste à la maison et s'occupe des gosses. Je savais que ça n'était pas comme ça que Niall me voyait et que cet enfermement était uniquement dans le but de me protéger, mais je ne voulais pas que des inconnus me voient comme la petite amie de ... J'existais pour moi-même.