One more try

Chapitre 33

1055 jours avant. 

Enceinte. Le mot tournait en boucle dans ma tête sans que je puisse me l'approprier. Ça n'était pas moi. On m'avait déjà dit que le préservatif n'était pas sûr à 100%, mais jamais je n'aurais pensé que ça serait tombé sur moi. C'était toujours comme ça, visiblement. On pense que c'est impossible, jusqu'à ce que ça nous tombe dessus. Toute ma relation avec Niall tourne autour de cette phrase.

Je ne croyais pas au coup de foudre, il m'a frappé, je n'étais même pas sûre de pouvoir tomber amoureuse, je me suis royalement cassé la gueule par terre, je ne pensais pas pouvoir un jour sortir avec le mec le plus populaire de mon lycée – comme dans les séries – il s'est avéré que Niall avait même le proviseur à ses pieds, je ne pensais pas qu'un échange buccal pouvait être aussi agréable mais l'embrasser était devenue mon activité favorite, j'étais décidée à ne jamais m'abaisser au point d'être dépendante d'un garçon et il était la drogue la plus dure sur Terre. L'avenir était censé être loin, pourtant il commençait maintenant.

J'avais tout appris avec lui, il m'avait fait découvrir tellement de choses que je pensais hors de ma portée et l'équilibre parfait que nous avions finalement réussis à trouver allait être tellement fragilisé. Trois mots. Je. Suis. Enceinte. Trois mots avec au moins autant d'impact qu'un « Je te promets », qu'un « Reste avec moi », qu'un « Je t'attendrai », qu'un « Je t'aime ». Trois mots que je m'étais pris en pleine figure et que j'essayais d'encaisser sans savoir ce qu'ils provoquaient chez moi.

Je ne savais même pas quelle heure il n'était, ni depuis combien de temps j'étais assise là, à même le carrelage, le dos appuyé contre ma baignoire, le test positif entre mes mains. J'avais plongé dans une sorte de léthargie et j'hésitais à en sortir.

Finalement, je fus obligée de me reconnecter à la réalité quand mon téléphone vibra dans ma poche. Niall. Toujours là au bon moment. Je laissai mon portable sonner, attendant qu'il soit reconduit vers ma messagerie et me relevai difficilement, les muscles raidis d'être restés dans la même position un long moment. Je cachai le test pour être certaine que personne d'autre que moi ne pourrait le trouver et mis mon téléphone en silencieux avant de le poser sur mon bureau en sortant de ma salle de bain. 

Il faisait nuit noire. Je me déshabillai et me mis rapidement en pyjama avant de me blottir sous ma couette. Allongée sur le dos, je passai ma main sous mon haut et la posai au niveau de mon abdomen, incapable d'arrêter de penser.

Est-ce qu'il y avait vraiment une version miniature de Niall et moi qui grandissait là-dedans ? Ça me paraissait totalement fou. Imaginer que dans quelques mois je ne pourrais plus me déplacer sans avoir l'air d'une baleine en surpoids, qu'il faudrait que je me rende aux toilettes une cinquantaine de fois dans la journée et que mon ventre ferait quatre-vingts fois sa taille actuelle était tellement loin de ce qui était sensé me préoccuper, à savoir mon examen de fin d'étude, mes amis, et mon copain.

Je passai lentement la pulpe de mon indexe sur ma peau, essayant de deviner la présence de ce bébé, sûrement pas plus gros qu'un haricot.

Je ne savais même pas depuis combien de temps j'étais enceinte. Depuis quelques mois, la fréquence de mes règles était la dernière de mes préoccupations. Est-ce qu'il était encore possible d'avorter ? Est-ce que j'en avais seulement envie ? Est-ce que c'était ce que Niall voudrait que je fasse ? Un frisson me parcouru à cette pensée. S'il n'en voulait pas ? S'il n'assumait pas ? S'il ne le reconnaissait pas ?