Chapitre 51

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453 jours avant.

Niall

De longs cheveux bruns formant une cascade de boucles, un visage légèrement plus rond et enfantin qu'aujourd'hui, de grands yeux d'un bleu à m'en couper le souffle pétillants de malice, un nez fait pour être embrassé, des lèvres pleines et appétissantes étirées dans un sourire sincère, un cou à la peau si douce et au parfum si enivrant que j'aurais pu y nicher mon visage pour toujours, des omoplates qu'il fallait presque deviner, une poitrine légèrement plus ronde que d'ordinaire et son ventre, où ses mains reposaient. Un ventre à la peau dénudée et tendue par la présence d'un petit être.

La photo était sous mes yeux, depuis au moins une bonne demi-heure, sans que je puisse m'en détacher.

Mon premier réflexe avait été d'aller chercher des réponses à mes questions et il n'y avait pas de doute sur l'endroit où les trouver. Harper m'avait ouvert la porte, tout d'abord surprise – et pas forcément dans le bon sens – de me trouver devant chez elle, elle avait semblé comprendre. Elle n'avait rien dit. Elle m'avait juste souri avant de libérer le passage pour me laisser entrer avant de me guider jusqu'à l'étage pour me faire pénétrer dans la chambre qu'avaient occupés Skyler et son bébé.

Certaines babioles ne m'étaient pas inconnues, de même que certaines photo, j'étais même certain de reconnaître des vêtements m'ayant appartenu dissimulés ici et là, mais au milieu de cet environnement presque familier trônait le symbole du temps écoulé. Un berceau. Simple, en bois, vide.

Je m'en étais approché et avait passé ma main sur le rebord adoucis par l'usure. Est-ce que le bébé qui avait dormi-là était le mien également ?

Heureusement pour moi, la tante de Skyler ne m'avait pas laissé trop longtemps seul avec mes pensées. Elle avait appelé doucement mon prénom, je m'étais retourné et elle m'avait tendu l'album photo. Celui que j'avais offert à la brune pour nos quatre mois, celui qui contenait ses souvenirs.

Et elle était sortie. Total de syllabes prononcées : deux, celles de mon prénom.

Je m'étais assis sur le lit encore défait et avait observé l'objet quelques minutes avant de me décider à l'ouvrir. Les photos figurant sur les premières pages m'étaient inconnues. Elle n'avait jamais accepté que je regarde, c'était son journal intime et mon nez de fouineur n'y avait pas sa place, apparemment.

Grace, Kay, Conor, Zora, Emily, sa chambre, des vêtements que j'avais eu plaisir à la voir porter, d'autres que j'avais eu plaisir à lui retirer, des lieux familiers, Londres. Toute sa vie y était consignée, elle n'avait pas menti. Je me pris à sourire lorsque je tombai sur des clichés de moi pris de loin dont j'ignorais l'existence agrémentés de légendes qui me rappelèrent que nous étions des ados amoureux il n'y a pas si longtemps.

Puis, au fil des pages que je tournais lentement, je revis les neuf mois de notre histoire. Les cours de maths qui avaient été un prétexte bien utile pour l'approcher de plus près sans personne sur le dos, Brighton, les jours et les nuits passées allongés l'un à côté de l'autre, les sourires, les baisers, les grimaces, les devoirs, puis plus rien.

Rien, sauf un polaroïd de deux petits chaussons en maille bleue posés à côté d'un test de grossesse positif. « Niall's christmas present *fingers crossed*».

J'entendis très clairement mon cœur se déchirer et me fis violence pour retenir les larmes qui menaçaient, pinçant les lèvres. La date indiquée était celle de notre rupture. J'inspirais longuement, déglutis difficilement, serrais les dents et tournais la page.

One more tryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant