Wound The Past Tome 1

Chapitre 15 : Nouvel espoir

Je retournais au café. Pourquoi Nico avait donné de l’argent à Shawn ? Est-ce que Shawn était vraiment de mon côté ou est-ce qu’il était du côté de mon père ? La confiance que j’avais en Shawn n’était plus aussi solide qu’en début de journée. Emi était assis sur un tabouret près du comptoir, il sirotait un café. Je l’embrassai sur la joue pour lui dire bonjour.

- On dirait que tu as vu un fantôme, remarqua-t-il.
- Presque. J'ai vu Nico.
- Tu l'as vu ?
- Ouais, il est venu parler à Shawn.
- Il ne t'a rien dit sur lui ?
- Non, pourquoi je dois savoir quelque chose ?
- Il est allé à l'hôpital hier soir.
- C'est grave ?
- Il ne veut pas faire de rééducation.
- Pourquoi il refuse ?
- Il ne m'a rien dit, mais je pense qu'il se punit lui-même.
- Je ne comprends pas ce que tu veux dire.
- Son accident est arrivé quand tu étais en France. Il a dû rentrer directement chez lui après son accident, c'est à ce moment-là qu'il a vu que tu n'étais plus là. Il ne savait pas qu'Elena t'avait envoyé France. Il n'a jamais voulu faire de rééducation et je pense que c'est parce qu'il s'en voulait de ton départ. Il y a beaucoup de chose que tu ignores sur lui et je ne veux pas que ce soit moi qui t'apprenne certaines choses, c'est à lui de te dire ce qu'il s'est passé à l'époque. Alors, je sais que tu refuses de l'écouter, mais tu devrais vraiment avoir une discussion avec lui. Lui aussi en a besoin.
- C'est lui qui t'a dit qu'il en avait besoin ?
- Non, il ne m'a pas dit qu'il en avait besoin, il m'a dit qu'il en avait envie. Mais je crois que c'est plus un besoin qu'une envie.
- Et si je refuse de lui parler ?
- C'est ton choix, mais tu risques de regretter.
- Je suis perdue.
- Je ne suis pas une boussole.

Est-ce que mon père était contre mon abandon ? Est-ce qu’il savait qu’Elena m’avait envoyé en famille d’accueil en France ? Est-ce qu’il était d’accord avec elle ? Emi venait de soulever des nouvelles questions en moi. J’avais toujours cru qu’ils avaient pris la décision à deux mais si mon père n'était pas au courant ? Si elle l’avait fait dans son dos ? Si elle lui avait caché la vérité comme elle avait caché son infidélité et sa grossesse.

J’avais beaucoup de souvenirs de France, mais certains étaient trop vieux pour que je sache s'ils étaient réels ou rêvés. Antonin avait peut-être un souvenir plus intact concernant mon père. J’attendis la fin de mon service au café et je filais au vieux port abandonné. Je savais qu’il serait là, c’était son nouveau refuge. Et je ne me trompais pas, il était là. Il dansait. J’avais toujours aimé sa façon de bouger, il était serein, il était libre. C’était sa façon de s’exprimer, d’extérioriser. Il m’avait tout appris sur la danse. Il m’avait appris les bases et il m’avait appris un nouveau langage corporel. La nuit commençait déjà à tomber mais Anto continua de danser, la luminosité n’était plus présente. Seul le vieux lampadaire au loin éclairé le vieux port. Anto dû sentir une présence puisqu’il cessa de danser et il posa son regard sur moi. Il était en sueur, ses cheveux châtains lui collaient sur le front. J’attrapai la serviette qu’il avait posé sur une caisse de cargaison en bois. Je lui lançais et il l’attrapa au vol, il s’épongea le visage et mit la serviette sur sa nuque. Il ne m’avait pas quitté du regard.

- Toi, tu as quelque chose qui ne va pas, remarqua-t-il.
- Est-ce que tu sais si mon père prenait de mes nouvelles quand j'étais en France ?
- Je ne sais pas du tout, il faudrait poser cette question à Teddy. Lui, il doit savoir.
- Est-ce que tu sais où il est ?
- Il va sûrement venir me voir dans pas longtemps.
- Je peux l'attendre avec toi ?
- Tu n'as pas l'air bien.
- Est-ce que tu peux me prendre dans tes bras ?
- Je suis plein de sueur.
- S'il te plaît.

J’avais vraiment besoin d’avoir un câlin, Antonin le vit et il m’ouvrit ses bras, je me fourrais à l’intérieur.

- Tes bras m'ont manqué, soufflais-je.