Chapitre 39 : Confidences

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Ce soir-là, après la discussion avec Monsieur Baker, je rentrais à la maison avec une intention bien particulière : celle de pardonner Nico. La maison était plongée dans le noir, il était déjà tard. La nuit était là depuis plusieurs heures. Je montais à l'étage, ce que je ne faisais quasiment jamais. Je passais devant la porte de ma chambre d'enfant. Est-ce que Nico avait laissé mes affaires dans le même agencement que je les avais quittées ? Ou est-ce qu'il avait tout débarrassé lors de mon départ ? Je n'osais pas ouvrir cette porte, c'était trop tôt, je n'étais pas prête.

Je tapais doucement sur la porte fermée de Nico. J'entendis sa voix étouffée derrière la porte. J'ouvris la porte, il était allongé dans son lit.

- Tu dors ? demandais-je.

- Non.

- Je peux te parler ?

- Bien sûr, je t'écoute.

Je fermais la porte et je m'installais dans son lit. Je m'allongeais à ses côtés. C'était la deuxième fois seulement que j'entrais dans cette chambre. La première fois était lorsqu'il m'avait donné les lettres qu'il m'avait écrites quand je résidais en France. C'était tellement loin maintenant.

- Merci, murmurais-je.

- Pourquoi ?

- Je sais que tu t'inquiètes pour moi.

- Et tu me dis merci pour ça ?

- En vérité, jamais personne ne s'inquiète pour moi. Avant, il y avait Emi mais à présent, je n'existe plus pour lui.

- Tu vis une mauvaise passe.

- Oui. Au lycée ça ne va pas trop. Je n'ai pas beaucoup d'amis et le seul prof qui croyait en moi s'est fait virer.

- Monsieur Baker.

- C'est mon professeur, je ne sors pas avec lui.

- Je sais.

- Tu es allé le voir ?

- Je croyais qu'il avait des gestes déplacés envers toi.

- Tu croyais qu'il abusait de moi ?

- Je pensais qu'il te faisait du mal, oui.

- Alors que c'est tout le contraire. C'est le seul qui me faisait oublier mon mal. Ce soir, grâce à lui, j'ai réalisé que je me mettais de barrière avec les gens alors que ce n'était plus nécessaire. J'ai plus envie de t'en vouloir, ça me fatigue de te haïr alors que tu fais tout pour que je te pardonne. Tu sais, il nous reste du chemin à parcourir, mais j'ai envie d'arriver à ce moment où je t'aimerais comme quand j'étais enfant. Parce qu'à ce moment-là, je t'aimais plus que n'importe qui et j'étais la plus heureuse du monde. Je veux retrouver cette sensation.

Les deux semaines qui suivirent étaient, comment dire, spéciales. Pas dans le mauvais sens, mais assez étranges quand même. Antonin avait réussi à faire avaler au proviseur qu'il était présent pendant les cours particuliers, Arthur et Maxence aussi. J'avais beaucoup aimé leur soutien. Monsieur Baker était revenu en cours le lundi et je l'avais pris dans mes bras de bonheur. J'étais heureuse de le retrouver. Titouan passait un peu plus de temps à la maison. Il habitait encore chez Elena, mais il passait ses soirées à s'entraîner au basket avec Shawn. Quant à Nico, il était plus présent à la maison. Il me demandait sans cesse comment se passait le lycée. Il craignait pour ma santé, mais moi, j'étais en confiance. Je croisais que très peu Toni et ça m'allait très bien.

Aujourd'hui, le 13 Mai, c'était mon anniversaire. C'était ma journée. Pourtant, ce matin, en me réveillant, je pris mon téléphone pour regarder mes notifications. Aucune d'Emilio. Je pensais innocemment qu'il enverrait quand même un message malgré notre dispute. Mais non. Rien. Pas un appel. Pas un message. Je soupirais. Il me restait plus qu'à coller un sourire sur mon visage et je me levais. Je devais déjeuner avec Antonin. Il voulait m'offrir son cadeau en premier. Je trouvais ça mignon. Je me rendis chez lui. Teddy était encore en train de dormir. Anto avait fait des crêpes. C'était mon petit-déjeuner préféré en France. J'adorais me goinfrer de crêpes avant d'aller à l'école. Cela me fit plaisir qu'il s'en souvienne.

Wound The Past Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant