PROLOGUE

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Sous une pluie torrentielle, alors que le ciel grondait sauvagement et que les éclairs fendaient les nuages avec agressivité, une jeune fille marchait en titubant, le long de la route, oubliant sa destination exacte. Elle n'avait qu'une idée en tête, celle de se libérer du joug qui la maintenait prisonnière depuis maintenant des années. Sa souffrance était bien trop grande pour qu'elle fasse machine arrière. Elle était décidée. Rien et personne ne pouvait l'empêcher d'être libre.
Vêtue d'une robe verte et de collants, qui, à présent lui collaient à la peau, elle sentait le grand froid lui geler les doigts et les orteils.

Débout face à un immense portail, trempée jusqu'aux os et grelottant de froid, la frêle jeune fille sonna encore et encore à une grille qui demeurait fermée.
_ Ouvrez-moi !! Cria la jeune fille.
L'agent de sécurité empoigna un parapluie et accourut vers le portail, ses épais sourcils froncés qui fixaient la jeune fille avec surprise.
_ Madame, mais que faites-vous ici ? S'enquit-t-il.
_ Je vous en prie, il faut que je parle à monsieur Castillo tout de suite !!
_ Monsieur ne reçoit personne à cette heure de la nuit, je suis désolé.
_ Ecoutez, je suis... Je suis trempée, je marche de ... depuis vraiment longtemps, j'ai... Jai besoin de monsieur Castillo, je ne partirais pas.
L'homme la fixa un long moment avant d'actionner le bouton qui ouvrit l'immense grille de métal dans un grincement sourd.
_ Vous allez attraper la crève à force... Je ne sais pas comment vous aider, mais monsieur ne reçoit pas.
_ Pour... Pourtant Je suis là ... Susurra-t-elle en claquant des dents.
_ Je vais en informer le majordome. Dit l'agent de sécurité en sortant son talkie-walkie où il annonça la venue d'une invitée.
Les lumières éclairaient faiblement la grande demeure de monsieur Castillo, qui en cette nuit de pluie diluvienne, feuilletait des dossiers dans son bureau, assis dans un fauteuil capitonné de cuir brun, tout en savourant une tasse de café noir.
_ Monsieur, excusez-moi de vous déranger, mais il y'a une femme qui désire vous voir et à ce que L'agent de sécurité m'a dit, elle est toute trempée... et elle est décidée à vous voir.

_ Une femme tu dis ? Je ne connais aucune femme qui accepterait de venir me voir sous une pluie à cette heure.
_ Elle s'est présentée comme étant Maddie Shepherd.
Il posa sa tasse et leva les yeux vers son majordome, un air perplexe dans le regard.
_ Donnez-lui de quoi se sécher et Faites-la entrer. Ordonna-t-il à la hâte.
L'homme d'âge mûr, à la chevelure poivre-sel et à la moustache soignée, se retira pour revenir avec la jeune fille, une vingtaine de minutes plus tard.
_ B... Bonsoir Marmonna-t-elle d'une voix tremblante. Je suis vraiment désolée de venir à cette heure, mais il fallait vraiment que je vous donne quelque chose.
_ À moi ? S'enquit-t-il en levant un sourcil.
_ Oui. Je ne serais pas longue. C'est quelque chose de personnel.
En un signe de la main, le majordome se retira, laissant son patron face à une jeune fille vulnérable qui semblait très inquiète.
_ Vous pouvez vous assoir. Commença-t-il de sa voix grave.
_ Merci, mais je n'en ai pas pour longtemps. Répondit-t-elle en plantant ses pieds sur le sol d'un air décidé.
_ Si je suis ici, c'est pour vous remettre ceci en main propre. Dit-t-elle en sortant un petit coffre en bois avec les initiales de sa famille, qu'elle avait recouvert d'un sac plastique pour le protéger de l'eau.
_ J'avais peur qu'il ne tombe entre de mauvaises mains donc il fallait que je vous voie. Ajouta-t-elle en le posant sur la table.
Il la dévisagea, tout en scrutant sa tenue pudique, qui en plus d'être affreuse, était également trempée. Il porta ensuite un regard sombre sur la boite noir aux écrits dorés.
_ William ne sait plus quoi inventer... Il espère m'atteindre en utilisant sa fille... Rentre dire à ton père qu'il est pathétique. Rétorqua-t-il d'un ton sec et tranchant.
_ Non. Mon père n'y est pour rien ! Si je suis ici, c'est justement parce que je veux qu'il paye pour ce qu'il ma fait. Sans la quitter des yeux, Castillo bu dans sa tasse fumante en gardant le silence.
_ Je n'ai pas beaucoup de temps monsieur. Tout ce que j'ai à vous faire connaitre et dans cette boîte. Je vous en prie, ouvrez-la au plus vite. Merci de m'avoir accordé votre précieux temps. Je vais m'en aller immédiatement.
_ Quel âge as-tu, jeune fille ?
_ Je vais avoir vingt et un an.
_ Et comment tu es arrivée ici ?
_ J'ai pris un taxi.
_ Une si jeune fille ne peut pas trainer dans les rues à cette heure de la nuit. Mon chauffeur va te ramener auprès de ta famille. Elle acquiesça poliment avant de quitter la pièce, laissant Castillo perplexe. Il avait remarqué la sincérité et la détresse dans ce regard marron clair mais il ne pouvait s'enlever de la tête que cette fille partageait le même sang, de son pire ennemi.
Après avoir accompagné la jeune fille jusqu'au chauffeur personnel de son patron, le majordome reçu pour ordre d'ouvrir le fameux coffret qui contenait une clé USB et une carte où il y avait marqué un numéro de portable et une adresse.
_ Il n'y a rien de plus ? S'enquit curieusement Castillo.
_ Non, que ça monsieur.
_ Bien, tu peux disposer. Lui dit-t-il en insérant le lecteur flash dans son ordinateur déçu. il n'y avait qu'une vidéo qu'il lança immédiatement.
On n'y voyait la fameuse Maddie seule face à la caméra. Elle souffla un petit moment avant de se mettre à parler.

«J'aimerais que vous regardiez cette vidéo jusqu'au bout. Par pitié, ne vous arrêtez pas en chemin monsieur Castillo. Si j'ai préféré vous parler de cette manière, c'est parce que je ne peux pas m'absenter longtemps de chez moi au risque que mon père ne me punisse. Je pense comme vous, William Rivera est un monstre, il a fait de ma vie un enfer.
Le souvenir le plus heureux de ma vie remonte à mon sixième anniversaire. Ma mère et mon père étaient venus me chercher après l'école et m'avaient emmenée faire un tour de manège. J'avais ri et pleuré de joie jusqu'à n'en plus pouvoir. Ce fut la dernière fois que mon père avait été ce qu'on appellerait « un père » et pour ma mère, ce moment fut mon dernier avec elle. Ma mère est tombée malade deux semaines plus tard, une dépression sévère due à son travail et d'après mon père, cette maladie la rendait triste au point qu'elle ne voulait plus me voir. Elle se refusait de boire et de manger, elle perdait du poids à vue d'œil et ne voulait absolument rien d'autre que dormir. Au bout d'un an, elle était méconnaissable ; Mince, pâle et faible. Mon père avait dû l'enfermer dans un centre pour l'aider à aller mieux et je ne l'ai plus revue depuis. J'avais beau hurlé et pleuré, mon père ne m'emmenait pas la voir, pour mon bien, disait-t-il. Puis elle est morte. Je n'avais que huit ans lorsque j'ai dû assister à son enterrement aux côtés des personnes que je ne connaissais même pas, qui me serraient dans leurs bras en me répétant que ma mère était une très bonne personne, que la mort avait pris tôt mais ça je le savais déjà. Je n'ai jamais compris pourquoi ma mère était celle qui avait été rappelée au ciel mais en grandissant, j'ai compris que c'est à cause de lui qu'elle est morte. Je n'ai aucune preuve, mais je le sais, j'en suis certaine.
J'ai quand même grandi avec mon père William qui en plus d'être absent et indifférent, ne cessait de me dire que je ne valais pas grand-chose et que j'étais une fragile petite fille très maladroite bonne qu'à s'enfermer dans sa chambre, ce qui fut le cas bien souvent au fil des années. J'avais pris l'habitude de léviter comme la peste et même lorsqu'il a ramené sa nouvelle femme à la maison et qu'elle jouait les gentilles marâtres avec moi, j'ai continué à m'enfermer seule dans mon coin.
Ma vie n'a rien de spécial. Mon père est riche et il vit sa vie avec sa femme. De mon côté, j'ai fait deux ans d'école de commerce après le lycée pour espérer suivre le chemin de ma mère, mais pour William, je n'ai pas les nerfs assez solides pour évoluer dans ce milieu. Pour lui, je ne dois me concentrer qu'à une seule chose, à mon futur en tant que femme. Je l'ai entendu dire qu'il allait me marier très bientôt avec une des personnes que je déteste le plus. Il a trois ans de plus que moi et nos parents nous forçaient à trainer ensemble étant petits, mais chaque fois qu'ils avaient le dos tourné, cet abruti me tirait les cheveux et cassait mes jouets. Même à l'adolescence, il était insupportable. A présent c'est un beau jeune homme hautain avec les mêmes ambitions que mon père. Caché derrière la porte, j'ai appris qu'il voulait m'épouser pour l'héritage que ma mère m'a laissé. A ce que j'ai compris, les entreprises et les demeures tout entières appartiennent à ma mère et à sa mort, elle a tout laissé à mon nom. Je devais l'obtenir à vingt-deux ans ... Comme mon père craint que je puisse tout prendre pour moi, il me force à épouser son petit protégé pour qu'à son tour, il me prenne tout ce qui me revient. Il a même dit que je pouvais n'être qu'un trophée et que Ryan n'était pas obligé de me considérer comme sa femme. Je ne compte pas pour lui, ni pour Ryan parce qu'il a bien rappelé à mon père qu'il acceptait l'offre que pour l'argent parce qu'en temps normal, je n'entrerais même pas dans ses critères de coup d'un soir... C'est réciproque pour ma part mais je ne mérite pas de finir ma vie avec un homme qui me hait.
Pendant deux jours j'ai pensé à la meilleure façon de fuir cet engagement mais c'est impossible, mon père me fait surveiller et je n'ai pas d'ami qui puisse me venir en aide, alors j'ai pensé à un ennemi. Je sais qui vous êtes, Monsieur Castillo. J'ai longtemps entendu mon père maudire ce nom dans son bureau. Il aimerait vous voir mort, mais vous êtes toujours debout. Vous êtes mon seul espoir. j'ai besoin d'aide. Si jamais je me marie, je suis sûre que je mourrais comme ma mère. Je sais que je ne devrais pas vous demander de l'aide après ce que mon père a fait au vôtre, mais vous êtes la dernière personne sur qui je peux me tourner. J'ai réfléchi à plusieurs façons d'y échapper, et je ne vois qu'une seule chose Monsieur Castillo... Épousez-moi, et je serais votre instrument pour détruire mon père.»

EL CONTRATOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant