EL CONTRATO

CHAPITRE 30: Trafique

Un grand sourire aux lèvres, Maddie passa la porte du café où l'attendait Kaïa. Après la bise, elle s'installa en face de sa marâtre en scrutant son visage. Avant de venir, Émilio lui avait demandé d'être vigilante même face à cette dernière. Elle ne devait faire confiance à personne. Par mesure de précaution, trois hommes avaient été placés à la surveillance de Maddie et ne devaient pas la lâcher d'une semelle.
_ Tes gorilles vont rester là ? Demanda Kaïa impressionnée.
_ Disons qu'Émilio est plus rassuré comme ça... les temps sont mauvais tu sais.
_ Tu as parfaitement raison... cet homme est si charmant. S'emerveilla Kaïa.
_ Alors Luis il arrive quand ?
_ Je ne sais pas... Il a dit qu'il avait des affaires à régler avant.
_ D'accord... Tu voulais me voir sinon?
_ Biensûr... Tu as entendu le scandal qui a fait surface à propos de ton père ? Les gens ne savent plus quoi inventer.... Tout ce que ces gens là veulent, c'est de l'argent.
Maddie sourit à l'incrédulité de Kaïa.
Au retour de Maximilliano hier soir, la jeune fille avait appris que comme s'était Kaïa qui gérait l'association à présent ainsi que le partenariat dans l'entreprise de photographie au nom de sa mère, en cas de problème, c'est elle qui subirait les conséquences et comme toujours William Rivera n'était pas impliqué.
_ Et si c'était vrai... Si mon père t'avais menti depuis toujours, tu aurais fait quoi?
_ Ton père a des défauts mais ce n'est pas un menteur... il n'a pas pu mentir sur une aussi grande chose... Dis-moi, tu le penses coupable?
_ Je me pose juste des questions... Je ne connais pas ma famille, il n'a jamais rien dit sur eux.
_ Pour une raison... mais ne va pas croire ce qui se raconte... Par pitié, notre famille se doit d'être soudée en particulier maintenant... ton père aimerait que tu reviennes à la maison.
_ Quoi?! T'es pas sérieuse !
_ Écoute, imagine dans quel état il doit être en ce moment... ce scandal menace son entreprise, des contrats s'annulent en masse... et maintenant il y a toi qui est loin de la maison... quelle image ça renvoie de notre famille ? Maddie rentre à la maison.
_ Hors de question... Tu ne vois vraiment pas ce qui se passe... Ton mari est peut-être quelqu'un d'autre et tu veux aveuglement croire en lui?!
_ Oui, parce que je l'aime et ça devrait être ton cas également, c'est ton père.
_ Non, il n'est pas celui que tu crois... Je...
_ Pardon pour le retard... J'étais occupé. Dit Luis Salazar en passant la porte. Eh bien mes dames, Buenos dias.
_ Buenos dias... Dirent les deux femmes en chœurs.
_ Pourquoi ces regards sérieux, je croyais qu'on déjeunait ensemble dans la joie et la bonne humeur.
_ Tout va bien. Sourit Maddie.
_ Oui... Ça va... Renchérit Kaïa avec le sourire.
La mission venait enfin de commencer pour Maddie qui souriait joyeusement tout en guettant l'endroit idéal où elle pouvait mettre la petite puce de traçage.
Il avait toujours sur lui un sac à dos où il rangeait son matériel d'appareil photo, mais aussi un carnet noir où il prenait souvent des notes.
En l'observant attentivement, elle remarqua également son portable qu'il ne laissait jamais. Si Maximilliano voulait avoir un œil permanent sur lui, la puce devait être installée dans son portable.
_ La fête qu'on organisera le week-end prochain rassemblera les jeunes de tous les environs et on servira de quoi régaler tout le monde. On invitera du monde, ils pourront faire la fête. Expliqua Luis.
_ Je suis d'accord avec toi. Approuva Maddie.
_ On en reparlera une fois que la distribution des vivres de ce mois sera terminée... il y'a des familles qui ne veulent pas faire la fête, juste avoir de quoi se nourrir. Dit Kaïa.
_ Sauf que moi, je m'occupe des jeunes et comme ils font tous des gros efforts, ils méritent une récompense. Rétorqua Luis.
_ Je suis favorable à cette idée mais une fois que leurs familles auront de quoi se nourrir. Insista Kaïa.
Quand Kaïa s'absenta pour répondre à son portable, Maddie profita de l'occasion. Elle simula une maladresse et versa le café de Luis sur son pull, ce qui le fit se lever d'un bond en jurant.
_ Pardon! Excuse-moi, quel maladresse ! S'exclama-t-elle en s'approchant, une serviette à la main.
_ Non ça va je... Excuse-moi, je vais juste me nettoyer. Sourit-il de bon cœur.
Il s'en alla en laissant son portable sur la table, comme elle l'espérait.
Maddison regarda autour d'elle avant de prendre subtilement l'appareil et ôta l'étui de cuir noir qui servait de coque avant de le placer la puce de traçage, sauf qu'elle n'eut pas le temps de replacer le portable que Kaïa la surprit.
_ Qu'est-ce que tu fais Maddie ?
_ Euh... Rien... je vérifiais que son portable allait bien après le petit incident avec le café... il est allé se nettoyer.
_ Ah... Dit-elle en soutenant suspicieusement son regard.
_ Alors, c'était papa au téléphone ?
_ Maddie... je ne sais pas ce que tu fais mais par pitié, arrête. Susurra Kaïa.
_ De quoi tu parles?
_ Tu as fait quelque chose, je t'ai vue.
_ Fait quoi? Demanda Luis en revenant.
Maddie se figea en regardant Luis qui se rasseyait. Si jamais Kaïa parlait, elle était sûre d'avoir des problèmes. Elle lança un regard de désespoir à celle-ci, qui montrait sa méfiance dans ses yeux.
_ Je l'ai vue écrire discrètement à son copain alors que je lui ai demandé de le laisser tranquille juste le temps de ce déjeuner.
_ Wow, tu l'aimes vraiment ce type.
_ Oh oui, énormément. Répondit Maddie en s'apaisant.
Kaïa changea de sujet et continua sa discussion sur son centre social.
Maddie annonça la réussite du plan une fois sortit du café, il ne restait plus qu'à le pister jusqu'à qu'il les mène au cœur de l'organisation qu'il gérait.

Comme Maddie n'avait plus le droit de retourner à son bureau à cause de ce qui passait avec son père, elle passait ses journées chez Émilio, même quand il était absent. Elle avait également reçu des invitations de Ryan qu'elle déclinait à chaque fois, sur ordre de Castillo. Au moins avec l'ordinateur qui pistait Luis Salazar ou les documents que lui confiait Émilio, elle se sentait utile.
Chaque fois qu'Émilio revenait, elle lui posait la même question.
_ Quand est-ce que je pourrais retourner au bureau? S'agaçait Maddie.
_ Quand ce sera plus sûr... une enquête a été ouverte sur ton père et il est irrité j'en suis certain... attend que la tempête se calme et tu y retourneras.
_ Et pour Kaïa ?
_ Tu dois être sur tes gardes.
_ Mais je ne sers pas à grand chose ici... Émilio... S'il te plait... je pourrais peut-être faire un tour à l'hacienda.
_ Ta présence est nécessaire.
_ D'accord. Soupira-t-elle. On peut déjeuner ensemble demain matin au moins ?
_ J'ai du boulot mais on dînera demain soir.
Maddison le suivit du regard alors qu'il enlevait son manteau puis s'approcha pour lui ôter sa cravate.
_ D'accord. Sourit-elle.
C'était tellement étrange pour elle de vivre avec Émilio Castillo et d'être en permanence à ses côtés. Pendant les quatre longues années où ils avaient été ensemble, jamais elle n'avait osé l'approcher de si près. C'est ce qui la rendait aussi joyeuse. Pourtant, les mots de Maximilliano pesaient encore dans son esprit et elle brûlait d'envie de savoir ce qu'il pensait de leur rapprochement manifeste.
Ce besoin intense de vivre un amour clair et sans gêne la travaillait tellement qu'elle craqua.
Elle l'enlaça par derrière et pressa sa joue contre son dos, humant et s'imprégnant de la douce senteur de jasmin exaltée par les facettes suaves du miel.
_ Qu'est-ce que tu fais?
_ Émilio.... ça ne te gêne pas que je vive ici aussi longtemps?
_ C'est pour ta protection. Avec moi, ton père ne risque pas de te faire du mal.
_ C'est vrai... Pour ma part, j'aime rester avec toi... Je désire plus que tout rester pour toujours avec toi... Je veux t'appartenir à toi et à toi seul... Parce que je t'aime. Avoua-t-elle subitement.
Le silence qui suivit cette déclaration déconcerta Maddie et elle retint sa respiration... " Pourquoi j'ai dit tout ça ? ", songea-t-elle abasourdie