CHAPITRE 24: Irréversible

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Du haut de son tabouret, Maddie observait avec admiration Émilio vêtu d'un tablier noir par-dessus sa chemise blanche aux manches retroussées. L'homme coupait minutieusement les légumes avec grande concentration.
_ Depuis quand cuisines-tu ?
_ Quand nous allions à l'hacienda, ma mère avait l'habitude de tout faire seule. Elle ne voulait pas que nous soyons le genre de riches incapables de cuire un œuf... Ensuite, j'ai également pris l'habitude de cuisiner quand je venais ici.
_ Oh... Impressionnant...
Il la regarda avec un air amusé.
En apprenant qu'il allait cuisiner leur repas, Maddie avait proposé son aide, mais elle n'était pas douée et avait été écartée car Castillo était méticuleux dans tout ce qu'il faisait alors qu'elle était maladroite.
_ Je n'ai jamais réussi à cuire un œuf de ma vie... donc je ne sais pas couper des légumes comme toi... S'expliqua-t-elle.
_ C'est ce que j'ai compris, oui... ce n'est pas très grave...
_En quatre ans, je n'ai jamais su que tu étais hôtelier et chef cuisto.
_ Eh bien maintenant tu le sais.
Ils échangèrent un bref regard avant qu'Émilio ne reprenne sa cuisine.
_ Je te remercie... d'avoir parlé à Camilo tout à l'heure, lâcha-t-il après un moment de silence.
_ Je sais que je n'aurais pas dû.
_ Mais tu l'as fait et je te félicite... Camilo n'est pas facile à vivre depuis le décès de notre père... mais c'est une bonne personne... Il dissimule sa fragilité derrière des reproches, des critiques et des sarcasmes.
_ Et il t'a dit pourquoi il voulait rentrer à Mexico ?
_ Pour mettre une balle dans la tête de William Rivera.
_ Je vois... Susurra Maddie avec appréhension.
_ S'il retourne à Mexico, il va replonger et je le perdrai...
_ Et s'il allait chez ta mère ? Ce n'est pas à Mexico... il pourrait être à l'aise là-bas...
_ Ils ne peuvent pas se rencontrer au même endroit, tant que ma mère reste dans le déni... Le seul endroit où je peux être sûr qu'il ne lui arrivera rien, c'est le centre où il est actuellement...
_ Tu as raison…
Castillo servit enfin la soupe de tortillas qu'il avait cuisinée et ils s'installèrent à table. Maddie remarqua que son regard perçant était assombri et évitatif pendant tout le dîner. Même s'il ne le montrait pas, elle pouvait imaginer à quel point il était épuisé à force d'intérioriser ses émotions.
_ Pour la vidéo... As-tu un plan ? avait-elle demandé alors qu'il débarrassait leurs assiettes vides.
_ Je m'en occuperai au moment venu...
_ Je sais que cela doit être difficile pour toi... J'aurais aimé trouver les bons mots pour te remonter le moral... Mais je sais que je ne suis pas la personne adéquate pour cela...
Il se contenta de lui prendre la main et d'esquisser un petit sourire.
_ Ne t'inquiète pas pour moi, lui dit-il avant de partir dans sa chambre. Elle fit de même.
Maddie resta debout devant l'immense vitre, perdue dans ses pensées.
À force de s'inquiéter pour Émilio, le sommeil l'avait abandonnée. Après avoir passé près d'une heure à tourner en rond dans sa chambre, elle décida de sortir faire un tour dans l'hôtel. Mais à peine avait-elle ouvert la porte qu'elle se retrouva face à Émilio, les mains agrippées aux deux côtés de la porte. La lueur brillante de son regard était froid, presque furieuse.
_ J'allais sortir... chuchota-t-elle intimidée, alors qu'il ne la quittait pas des yeux.
_ Émilio, qu'est-ce que tu... 
Ses mots moururent dans sa gorge lorsqu'il couvrit sa bouche d'un baiser qui la prit au dépourvu.
_ J'allais sortir... souffla-t-elle timidement, alors qu'il ne la quittait pas des yeux.
_ Émilio, qu'est-ce que tu...
Ses mots moururent dans sa gorge lorsqu'il couvrit sa bouche d'un baiser qui la prit au dépourvu.
Il se détacha d'elle et la regarda un court instant, surprise, puis l'embrassa à nouveau avec plus de passion en passant la porte qu'il referma d'un coup de pied.
La jeune fille était incapable de donner un sens à ce qui lui arrivait si soudainement, mais en même temps, elle ne pouvait se résoudre à mettre fin à ce moment qui remplissait son corps de sensations fulgurantes, telles des flammes qui brûlaient chaque centimètre de son corps frêle.
Lorsque Émilio commença à approfondir les baisers torrides qui faisaient presque perdre pied à Maddie, elle dut enrouler ses jambes autour de lui et se cramponner à son cou pour ne pas vaciller.
_ Maddie... Murmura-t-il avec frustration, entre deux baisers. Dis-moi d'arrêter et je le ferai...
_ Arrêter ?! Non ! s'exclama-t-elle, chose qu'elle regretta immédiatement.
Après avoir longtemps espéré qu'il l'accepte, elle ne voulait pas qu'il renonce à nouveau à elle. Son geste l'avait tellement étonnée qu'elle croyait encore être en train de rêver. Comment avait-il pu venir dans sa chambre et l'embrasser, alors que l'autre jour il avait clairement exprimé son manque d'amour pour elle ?
Les baisers devinrent de plus en plus audacieux et le cœur de la jeune fille fut inondé de désir qui irradièrent ses cellules. Plus les secondes passaient, plus elle se rendait compte de ce que son amour pour Émilio allait la pousser à faire. Aurait-elle le courage de s'infliger une telle épreuve et de détruire la preuve de son innocence ? se demanda-t-elle, mais la décision lui échappa quand elle l'entendit lui murmurer le mot “Je te veux”, de sa voix vibrante et grave.
Livrée à ses baisers de plus en plus audacieux, Maddie se laissa conduire dans son lit, tremblant et ondulant dans ses bras, impatiente d'atteindre la fusion ultime. Cependant, il se détacha.
_ C'est ta première fois... je ne veux pas te...
_ Tu m'as déjà volé mon premier baiser... il est donc évident que tu sois également ma première fois, rétorqua-t-elle.
_ Maddison... Tu sais ce que cela implique, n'est-ce pas?
_ Entièrement... Émilio, répondit-elle avec assurance.
Elle était convaincue que cette décision devait être bien réfléchie, mais Émilio s'était approché d'elle et elle était folle amoureuse de lui, impossible pour elle de reculer.
Maddie vit les pupilles d'Émilio s'élargir et s'assombrir, tandis qu'elle frissonnait, anticipant la douleur qu'elle savait devoir subir d'après les conversations avec sa nourrice durant son adolescence. Sans s'en rendre compte, elle se crispa.
_ “Pareces tensa, mi dulce”, “ Tu sembles tendue, ma douce ”
Son visage rougit, honteuse de devoir se montrer inexpérimentée devant un homme expérimenté.
_ “Deberías relajarte y confiar en mí”, “Tu devrais te détendre et me faire confiance”, susurra-t-il en caressant chaque centimètre de sa peau, de ses lèvres brûlantes, la préparant à lui.

Ébranlée jusqu'au plus profond de son être, elle colla son corps contre le sien, pendant qu'il l'embrassait avec passion. Était-ce un rêve? se demanda-t-elle sans cesse, pourtant, ses sens lui affirmaient que l'odeur, la chaleur et la force qui l'enveloppaient étaient bien réelles. Lorsqu'Émilio la serra plus étroitement contre lui, elle perdit son souffle.
La peur et l'inquiétude lui échappèrent quand il s'insinua délicatement en elle, dans un gémissement qu'elle ne put contenir. Malgré son inconfort manifeste, elle adopta une attitude sans équivoque et fit preuve de courage et de témérité pour lui prouver qu'elle n'était pas une petite fille fragile dans ses bras.
Envahie par ces nouvelles sensations bouleversantes, Maddie ne put s'empêcher d'exprimer sa joie quand il lui chuchotait des mots doux tout en se mouvant en elle. Rien n'était plus impressionnant que de l'entendre murmurer son nom d'une voix vibrante et grave. Elle était certaine que c'était un rêve, impossible que ce même Émilio qui semblait ne rien ressentir pour elle, ne lui prenne sa première fois.

Tout au long de ma vie, je ne cesserai jamais de t'aimer, pensa-t-elle avant de se laisser emporter par le déluge de sensations.

EL CONTRATOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant