CHAPITRE 14: Prisonnière du passé

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_ Tu vas finir par me dire où on va ? Demanda Maddie pour la énième fois mais Émilio restait énigmatique, le regard droit sur la route.
_ Tu veux bien mettre de la musique por favor? Se contenta-t-il de dire calmement.
_ Mais arrête deux secondes de me faire attendre et dis-moi où tu m'emmènes, ça va faire environ deux heures qu'on a quitté Mexico et qu'on roule sur cette route déserte... on va où?
_ C'est bien toi qui m'a demandé de t'emmener avec moi que je sache.
Maddie fit la moue avant de regarder le paysage. Elle avait en effet supplier Castillo de l'emmener lorsqu'elle avait reçu un message de son père qui lui demandait d'assister à leur fête de mariage . Elle savait pertinemment que si elle restait en ville, c'est Kaïa qui finirait par lui demander de venir mais pour la jeune fille, c'était hors de question qu'elle participe à la mascarade de ce mariage, surtout que William avait confié l'organisation à ses deux secrétaires.
_ William sait que tu es partie avec moi?
_ Je lui ai dit qu'on se faisait une virée en amoureux.
_ Et comment il a réagi?
_ Il n'a pas arrêté de m'appeler mais je n'ai pas pris ces appels, ensuite c'est Kaïa qui a tenté de me joindre et encore une fois, j'ai refusé de répondre... mon père doit être furieux. Ricana Maddie avec satisfaction.
Castillo lui lança un bref regard amusé avant de se reconcentrer sur le chemin.
_ Mais dis-moi, tu as fait comment avec l'information que je t'ai donnée l'autre jour?
_ Les agents de sécurité ont fait des recherches approfondies sur le conteneur et ont sorti soixante dix tonne de canabis, comme d'habitude, une enquête a été ouverte mais il n'y avait aucun lien avec William Rivera... il s'en sort encore indemne et c'est les autres qui se font arrêter à sa place... je m'en réjouis quand même parcequ'il a perdu gros et il y'aura des représailles.
_ Comment ça se fait que la brigade n'a rien trouvé sur lui!
_ Le DEA se charge personnellement de l'affaire mais un ami qui travaille là-bas m'a assuré qu'il n'y avait rien qui reliait cette drogue à ton père... William n'est pas un petit trafiquant, c'est un gros poisson difficile à attraper et j'ai peur que sa chute ne t'entraîne avec lui.
_ Tes avocats n'ont pas trouvé le moyen de m'écarter de ces affaires?
_ Ta signature est dans des documents, mais j'y travaille ne t'inquiète pas.
Maddie poussa un soupire de frustration.
_ Fais-moi confiance. Insista Castillo.
Maddie sentit l'étau qui comprimait sa gorge se desserrer lentement.
_ Tu peux me dire où on va maintenant?
Emilio soupira avant de sourire.
_ Je devais aller voir ma mère... Elle vit dans l'hacienda de ma famille... je m'y rends une fois tous les mois...
_ Je vais rencontrer ta mère?! S'exclama-t-elle.
_ Tu m'as demandé de t'emmener avec moi pour fuir ton père alors voilà, on va passer deux jours avec ma mère à l'hacienda des Castillo.
_ Tu es sûr que c'est une bonne idée... ?
_ je comprends ta crainte... Ne t'en fais pas, présente toi simplement comme étant Maddison, ne donne pas ton nom de famille... tu verras, elle est charmante.
Elle sourit.
Les heures furent longues sur le chemin avant que la belle Ferrari rouge ne puisse emprunter un sentier où il roula pendant quelques minutes puis enfin, ils arrivèrent devant l'immense portail métallique entouré des murs de pierres, faisant office de clôture.
Deux hommes vêtus de chemise en coton à carreaux, de blue-jeans, avec d'immenses boucle de ceinture et des sombreros posés sur leur tête les accueillirent
_ Don Castillo! Bienvenue! S'ecria le premier, un moustachu au cheveux mi-long de couleur châtain.
L'autre homme plus potelé fit signe à ceux de l'intérieur d'ouvrir le grand portail et c'est dans un grincement métallique que le passage fut laissé afin que la voiture entre.
Maddie était impressionnée devant cette immense demeure bordée de verdure bien entretenue qui lui rappellait ses vacances dans celle de sa famille.
Une fois stationnés, le couple descendit de la voiture et fut accueilli par les domestiques.
_ bienvenidos don Castillo, bienvenidos
señorita. Lança la gouvernante avec joie.
_ gracias a usted. Sourit castillo.
_ Gracias... ajouta Maddie.
Toutes vêtues d'huipil blanche aux imprimés de fleurs colorés, elles étaient d'une joie contagieuse.
_ Je vais te laisser t'installer et on se retrouve dans la cour. Lui glissa Émilio Castillo avant de partir devant.
Maddie fut conduite par une des domestiques, qui lui montra sa chambre, à quelques mètres. La décoration traditionnelle était magnifique pour la jeune fille et elle ressentait là l'envie de visiter un peu partout, sauf qu'il fallait rejoindre Émilio.
Elle l'avait rejoint comme prévu et ensemble, ils étaient allés voir sa mère.
Antonia était une femme d'âge mûr au regard gris sombre et au sourire angélique. La fatigue avait fait s'étirer ses traits aux fils des ans, mais elle restait radieuse.
Elle chantonnait une comptine en arrosant ses fleurs quand Émilio se racla la gorge derrière elle.
Antonia fit volte-face et lorsqu'elle l'aperçu, elle posa ses outils de jardinage pour le prendre dans ses bras.
_ mi hijo! Tu es enfin venu me voir! Il était temps! S'exclama-t-elle d'une voix douce et lente.
Maddie avait le sourire aux lèvres, elle trouvait adorable cette relation mère et fils.
_ Regarde toi un peu, tu es encore plus grand ! ça y est, tu surpasses ton père ! il doit être intimidé maintenant. je lui avais dit que tu allais le surpasser.

Le sourire de Maddie s'évanouit. Elle se rappella avec tristesse que depuis la mort de sa fille et de son mari, Antonia était dans le déni le plus total.
_ Maman, j'ai ramené une amie à moi, Maddison
_ Oh désolée ... mais où avais-je la tête! Contente de vous rencontrer! vous êtes sa petite amie?
_ Euh... pas vraiment je... bafouilla Maddie intimidée.
_ Si... ella es mi novia, mamá.
Maddie posa sur Émilio un regard penaud.
_ Je suis heureuse de rencontrer sa petite copine, faut dire qu'il était temps!
La jeune fille devint écarlate.
_ Si tu la ramènes chez moi, ça veut dire que ton père et ta sœur l'on acceptée je présume.
_ Ils l'acceptent tous... tu n'as pas à t'en faire.
_ J'en suis heureuse... allez, parle-moi de toi Maddison, d'où tu viens et comment tu as rencontré mon fils? Est-ce qu'il se comporte bien ? Je veux tout savoir.
Elle prit le poignet de Maddie et immédiatement, la jeune fille se mit à discuter avec elle.
Émilio les regardait faire du jardinage tout en riant et cela lui mit du baume au cœur. Les deux femmes semblaient beaucoup aimer les fleurs.

Une trentaine de minutes après, elles s'installèrent sur sa terrasse avec de la citronnade, pendant qu'Émilio faisait le contremaître du ranch.
_ Vous avez de l'endurance dit donc señora Antonia.
La femme rit de bon cœur.
_ Oh tu es vraiment comme ma petite Monica ! dommage qu'elle ne soit pas là ... elle aurait certainement voulu tout savoir.
_ Elle l'a fait... Et j'étais très heureuse de lui parler.
_ Elle t'a dit qu'elle faisait des études de droit aux États-Unis? Elle est super douée.
_ Oui.... elle m'en a parlé et elle est très brillante.
_ Ça suffit avec les bavardages maman, il est temps que tu viennes prendre tes médicaments! Intervient Émilio en arrivant.
La gouvernante arriva et emmena Antonia avec elle. Maddie regarda Émilio qui avait un air evasif collé au visage, elle se doutait que cette situation le rendait triste.
_ Elle t'a raconté quoi exactement? Senquit-t-il.
_ Elle m'a parlé de toi et de toute la famille... elle est très fière de ce que sa fille fait et de ce que toi tu fais... même qu'elle espère que toute la famille soit réunie un de ces jours. Expliqua la fille en l'observant.
Il avait un visage placide et comme il ne disait rien, elle se mit en face de lui.
_ C'est pour cela que tu es parti dès qu'elle a commencé à parler... tu ne voulais pas l'entendre raconter la vie qu'elle s'imagine pour son mari et sa fille, tous décédés. Ajouta Maddie avec tendresse.
Émilio était incapable de parler, il avait le visage crispé par la douleur, alors que ses yeux fixaient un point dans le vide.
_ Que disent les médecins à son sujet?
_ Tous les médecins que j'ai vu disent la même chose... la seule personne qui puisse la sortir de cet état c'est elle même... tant qu'elle n'acceptera pas la mort de mon père et celle de Monica, elle n'ira pas mieux. ça peut lui prendre dix ou quinze ans... même toute la vie selon les docteurs.
Maddie poussa un soupire de désolation avant d'enrouler ses bras autour de son buste, dans un câlin qui se fut chaleureux.
_ Je suis sûr qu'un de ces jours, elle s'en remettra et ce jour là, tu seras là pour elle.
Il l'enlaça à son tour et ils restèrent figés dans une douce et longue étreinte.

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