Chapitre 15 : Escrime

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Jeudi 24 septembre 2015, 14h31 :

New York, Manhattan, Rothenberg's High School :

Point de vue de Lexa :

Inspire.

Expire.

Inspire.

Pfff...

Comment suis-je supposée garder mes distances avec Clarke Griffin si je n'arrive même pas à détacher mon regard d'elle ?

« Alors la panthère, tu nous présentes pas à monsieur muscles ? j'entends plaisanter la voix de Raven résonnant en écho jusqu'à mes oreilles. »

« Et pourquoi j'ferais ça, le moineau ? »

« Parce qu'il me semble que c'est l'une des premières règles de la politesse. Une gosse de riche comme toi devrait savoir ça non ? »

Et je perds le fil. Je n'écoute déjà plus les chamailleries de l'hispanique et de ma meilleure amie. Parce que mon esprit est focalisé sur la présence de la blonde qui vient de se glisser à mes côtés, sur le parvis du lycée, face à la voiture de mon cousin.

Ces derniers jours ont été difficiles. J'ai simplement essayé de m'intégrer davantage au groupe au lieu de passer du temps seule avec Clarke. Si je n'ai toujours pas réussi à sympathiser avec Raven, il s'avère que je m'entends plutôt bien avec Octavia. Du moins je la respecte et je pense que nous avons quelques points communs. Nous deviendrons peut-être également amies. En tout cas, je l'espère. Quant aux garçons, on ne les a pas beaucoup vus cette semaine. J'ai cru comprendre que Wick et Raven sont en froid... Mais malgré mes efforts pour connaître davantage mes camarades, mes pensées ont été principalement tournées vers Clarke. J'ai été ravie de la voir chaque matin débarquer en classe avec son air encore endormi, j'ai souri intérieurement en la voyant voler les cookies aux noix de macadamia de Wells à la cafétéria, j'ai lutté contre mon envie de m'assoir près d'elle à chaque cours, de la regarder dès qu'elle avait le dos tourné... Cependant, elle ne m'a pas facilité la tâche. Elle n'a cessé de chercher mon regard, de me parler de sa voix caressante et par son entêtement, de m'empêcher de m'éloigner d'elle.

« Arrêter de vous disputer toutes les deux ! commande Clarke à sa sœur et ma meilleure amie, me faisant brusquement descendre sur terre. Et si tu te présentais toi-même plutôt ? propose-t-elle ensuite à Lincoln en se tournant vers lui. »

Mon cousin, qui arborait une mine neutre jusqu'ici, sourit brièvement lorsque ses yeux s'arrêtent précisément sur Octavia, avant de faire jongler indistinctement son regard entre les trois filles et l'héritière Dichen. « Bien sûr, répond-il d'un ton aimable et poli. Je m'appelle Lincoln Woods. Je suis le cousin de Lexa. Enchanté. Vous devez être les nouvelles camarades de classes de ces deux filles à papa. »

Les filles se présentent chacune leur tour à mon cousin, tandis qu'il me sourit en s'amusant du regard noir que je lui lance. Lincoln est le premier-né de mon oncle Ryder Woods et de sa femme Indra. Il va bientôt fêter ses vingt-et-un ans et, à l'instar de mon frère Nick ou de sa petite sœur Gaïa, il se tient aussi éloigné que possible de mon père, de notre grand-père, ou plus généralement de tout ce qui est lié de près ou de loin à Woods Corporation. Évidemment, il n'y a que moi qui sois assez stupide pour avoir l'intention de reprendre le flambeau...

Cependant, même s'il ne souhaite pas s'investir dans les affaires familiales, Lincoln n'en reste pas moins un Woods pour autant. Il suit un cursus de commerce à Columbia dans le but de créer un empire autour du sport. Et avec son nom, ses études et son charisme, il a toutes ses chances d'y parvenir. Lincoln a hérité de la prestance de la famille. Il est plus calme que moi, moins compétitif, plus raisonnable aussi, mais il en impose par sa taille, sa carrure et sa musculature développée par de longues journées à soulever de la fonte. La plupart des filles le trouvent très séduisant. Il faut dire qu'il a bénéficié d'un teint hâlé, juste milieu entre la peau basanée d'Indra et claire de mon oncle, qu'il est doté d'un regard intelligent et d'un air sérieux et qu'il est de nature fidèle et attentionnée. Tous ces atouts font de lui une perle rare, s'ajoutant à son nom et sa fortune. Mon cousin est certainement l'homme idéal, et c'est assurément pour cette raison qu'il demeure célibataire depuis le lycée, sans cesse déçu d'avoir affaire à des jeunes femmes intéressées soit par son allure, soit par sa réputation, soit par son argent.

The 100 : Vertige - Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant