Chapitre 46 : Le Vernissage (Partie1)

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Vendredi 6 novembre 2015, 20h19 :

New York, Manhattan, quartier de Midtown, Museum of Modern Art :

Point de vue de Clarke :

« Lexa présente nos cartons d'invitation au vigil et nous sommes courtoisement invité à enter. Nous parcourons le musée, guidées par un jeune homme aimable en costume de serveur, qui nous emmène jusque dans une grande salle où flotte une ambiance légère et inspirante. Sur une petite estrade, une femme chante des airs de Jazz, entourée par plusieurs musiciens. Sur les murs blancs du musées, une vingtaine de toiles sont réparties ; il y en a des plus colorées que d'autres, des très grandes, des moyennes, des carrées, d'autres rectangulaires. Mais elles ont toutes un point commun : elles sont remarquables !

Lexa a dû remarquer mon air émerveillé, car elle se penche doucement vers moi, pour me demander d'une voix attendrie : « Ça te plaît ? »

« Si ça me plaît ? Lexa, c'est incroyable ! » Pressée d'admirer toutes ces toiles, j'entraîne Lexa avec moi vers la plus proche. J'observe alors attentivement la peinture. Carl Manfred a réalisé un travail remarquable. Pour m'être un peu renseignée au préalable, je sais que pour cette nouvelle exposition, il a décidé de travailler sur le rapport de l'homme à la privation de liberté, en particulier sur l'oppression, la répression systémique et l'esclavage moderne. La peinture que j'ai sous les yeux est intitulée : Colère. Elle dépeint un visage d'homme, de son menton jusqu'à son front, en train de crier de toutes ses forces, avec une expression de souffrance extrêmement bien représentée. La peau gris-vert de l'homme, ses quelques cicatrices pourpres et le fond noir charbon confèrent à la toile son aura terne et triste, qui parvient à me faire ressentir tout le supplice vécu par cet homme en souffrance. Quant aux coups de pinceaux de Carl Manfred, ils sont d'une précision, d'une délicatesse qui me laissent plus qu'admirative.

Carl Manfred est l'un de mes artistes favoris. Il possède un talent incroyable et ses toiles se vendent une sacrée fortune, lui ayant d'ailleurs permises d'amasser, à ce que je sais, un très beau patrimoine. Progressiste, partisan de l'égalité homme femme et militant actif contre le racisme envers les noirs américains, il est un véritable modèle pour moi. Je ne pourrais jamais assez remercier Lexa de m'avoir offert une invitation pour se vernissage... Cette pensée fait surgir en moi un grand élan de gratitude et d'affection pour ma merveilleuse brune ; et je me tourne mon regard vers elle pour l'admirer du coin de l'œil. Elle est si belle ce soit. Encore plus belle que d'habitude. Elle porte un blazer de velours bleu roi sur l'une de ses chemises de soie crème, un pantalon en cuir noir qui lui fait des fesses à m'en damner, ainsi qu'un petit sac assorti qu'elle porte en bandoulière, pendu à son épaule par une chaîne argentée. Ses escarpins aux talons un peu hauts que les miens de deux ou trois centimètres sont même argent que la chaine, luisant sous la lumière blanche comme des petits miroirs. J'esquisse un petit sourire sur mes lèvres en me faisant la remarque que Lexa s'arrange toujours pour paraître un tout petit peu plus grande que moi, alors qu'en vérité, nous faisons la même taille. Il faut dire que madame aime s'afficher en position de dominante. Je souris intérieurement face aux images intéressantes que cette dernière pensée me procure, avant de mon concentrer sur son visage.

Lexa est magnifique, jusque dans sa coiffure. Rien de bien extraordinaire, pourtant. Comme à son habitude, elle s'est contentée de rassembler ses quelques mèches du devant à l'arrière de sa tête, nouées par un ruban argenté qui ressort merveilleusement dans sa chevelure brune. J'observe avec attention la ligne de son profile, remontant le long de son nez fin pour m'arrêter au niveau de ses sourcils légèrement froncés et ses beaux yeux émeraude affichant une expression concentrée. Lexa contemple le tableau avec une certaine fascination, mais bien différente de la mienne. Elle semble davantage troublée qu'admirative. Je jette alors un coup d'œil sur la salle, qui est remplie par de nombreux invités, tous très bien habillés. Aucun de ne semble nous prêter attention, trop occupés à vider leur coupe de champagne, à discuter entre eux ou bien à observer les toiles. J'en profite alors pour glisser discrètement ma main dans celle de ma brune, tout en lui demandant à voix plutôt basse, afin de ne pas attirer l'attention : « Lexa, ça va ? »

The 100 : Vertige - Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant