The 100 : Vertige - Partie 1

Chapitre 42 : Terme

Dimanche 1er novembre 2015, 12h58 :

New York, South Fork of Long Island, Southampton, Propriété Woods :

Point de vue de Lexa :

Je prends une inspiration, avant de me diriger vers la salle à manger de la Propriété. Mon dernier repas avec mon père n'a pas été des plus chaleureux, mais il ne fait aucun doute que celui-ci sera pire encore. J'aurais tellement préféré déjeuner avec Clarke, chez Anya...

Malgré le léger sentiment de malaise qui me fait avancer d'un pas peu engagé, je tourne à l'angle du hall, pour pénétrer dans l'immense salle à manger ouverte, dans laquelle je prenais presque tous mes repas lorsque j'étais petite. Mon père se trouve assis en bout de table, pianotant sur son téléphone ; il doit certainement répondre à un message, consulter son agenda ou se livrer à toute autre activité en rapport avec son travail. Lorsqu'il m'aperçoit, il me salut, ne prend évidemment pas la peine de me remercier d'avoir supporté deux heure et demie de voiture pour répondre à sa convocation, et m'invite à m'assoir. Je lui rends respectueusement son salut, comme j'ai l'habitude de le faire et, seulement quelques brefs instants plus tard, l'un des domestiques de la maison nous apporte les plats. Nous mangeons dans le silence presque total. Connaissant mon père, il n'abordera le sujet de ma conduite au cours de la soirée d'Halloween, que lorsque nous aurons terminé de déjeuner.

Je n'ai pas très faim, à vrai dire. Je sais que ma position est délicate. Je ne vais pas tarder à devoir m'expliquer pour mes actes, et justifier le fait de me retrouver à la fois en belle page dans la presse people ce matin, ainsi que protagoniste d'une vidéo désormais virale sur les réseaux sociaux, aussi belle soit-elle, risque de s'avérer difficile. De plus, j'ai peur. Vraiment peur. D'une part, mon père doit certainement furieux parce que j'ai osé transgresser son interdiction : j'ai dansé avec une fille en public ; j'ai mis en danger le secret de mon homosexualité. Et je sais que, même si une danse avec Clarke en valait la peine, mon père a raison sur un point : cela pourrait m'attirer des ennuis. Cage Wallace ne manquerait pas de me diffamer sur les réseaux sociaux pour venger son égo, Josephine Lightbourne en profiterait certainement pour me discréditer auprès de toutes les connaissances de son père, ces riches hommes d'affaires et politiciens au principes puritains et conservateurs, dont l'antipathie pourrait ruiner par avance mes chance de faire une grande carrière, digne d'un Woods. De plus, mon grand-père, cet homophobe inconditionnel, me déshériterait certainement. Or... tant qu'il est en vie, Woods Corporation lui appartient, à lui, et non à mon père. J'aurais vraiment beaucoup à perdre si mon secret était dévoilé... D'autre part... je suis terrorisée à l'idée que mon père ait découvert l'identité de la jeune femme avec laquelle j'ai dansé hier soir. S'il sait que c'est Clarke, je n'ose pas imaginer ce qu'il va faire...

Après avoir terminé son dessert, mon père se tourne vers moi, d'un air sérieux. De sa voix grave et puissante, il me demande : « Je suppose que tu as vu la vidéo de toi qui tourne sur le web. Tu sais pourtant quelles sont les règles, Alexandria. As-tu une explication à me donner ? »

Je baisse le regard et serre les dents, avant de répondre d'un ton le plus clair possible : « Je n'en ai pas père. Je voulais juste m'amuser et j'ai été imprudente. Je te prie de m'excuser pour avoir désobéi. »

Je n'ose pas relever la tête vers mon père. Je me contente simplement d'attendre une réaction de sa part, en espérant qu'elle ne soit pas trop rude. Il se contente heureusement d'hocher la tête, avant de ne déclarer de son ton froid habituel : « Tout le monde ne parle plus que de cette mystérieuse fille : la dame blanche. Tu sembles assez proche d'elle sur la vidéo. C'est une chance qu'on ne puisse pas l'identifier à cause de son maquillage et de la mauvaise qualité de l'enregistrement et de l'éclairage. Néanmoins... je suis curieux. Qui est-cette jeune fille ? »