The 100 : Vertige - Partie 1

Chapitre 26 : Lupins Bleus

(Musique : Where's My Love - SYML)

Vendredi 16 octobre 2015, 15h09 :

New York, Bronx, Cimetière de Woodlawn :

Point de vue de Clarke :

À peine descendue du train, je m'empresse de traverser la gare. La station de Woodlawn n'est pas très grande et peu fréquentée à cette heure-ci. Je ne croise pas grand monde dans les escaliers, et je sors rapidement pour déboucher sur la Jerome Avenue, avant de tourner à l'angle pour pénétrer dans l'avenue centrale du cimetière.

Autour de moi : des tombes, de larges terrains de pelouse tondue et rendue humide par la bruine qui alourdi considérablement l'air ambiant, des monuments, des arbres, grands et volumineux pour la plupart... Mais surtout une surface pour moitié aussi vaste que Central Park s'étalant à perte de vue. Comment vais-je bien pouvoir retrouver Lexa dans cette immensité ?

Je commence à comprendre pourquoi Anya a essayé de me retenir...

C'est vrai que j'ai réagi de façon impulsive en apprenant pour sa mère... Je suis monté dans un métro avec pour seule idée en tête d'être auprès d'elle pour la soutenir. Mais à présent que j'avance sur cette avenue interminable, je doute de ma légitimité à la rejoindre. Même si nous sommes devenues très proches en seulement quelques semaines, nous ne sommes qu'amies. Je ne suis pas de la famille et nous ne nous connaissons que depuis la rentrée. Si elle a rejeté la présence de sa meilleure amie et de sa petite amie, alors pourquoi accepterait-elle la mienne à ses côtés ?

Une boule se forme dans ma poitrine. J'ai peur. Peur qu'elle m'en veuille d'être venue sans son accord, de m'immiscer dans un moment privé et intime, qui ne me regarde pas. Mais mon besoin inexplicable et intarissable de m'assurer qu'elle va bien est bien plus fort que mon anxiété ; alors je continue. Je continue à progresser dans cette avenue interminable, espérant tomber sur une voiture de luxe, ou moins croiser quelqu'un susceptible de me renseigner.

Lorsque je parviens à un énième croisement de l'avenue centrale et d'une autre ne portant pas de nom, je prends le risque de quitter la route principale pour emprunter cette bifurcation. Je n'ai aucune idée d'où elle mène, mais je sens que c'est la voie à suivre. J'ignore d'où me vient cette soudaine confiance en mon instinct, mais je décide de suivre tout de même mon intuition. De toute façon, dès qu'il s'agit d'Alexandria Woods, tout devient plus intense, plus extrême tant dans mes émotions que dans mes réactions, mais surtout dénué de toute logique, dépourvu de sens, de contrôle et de réflexion.

Je suis l'avenue jusqu'à apercevoir une grande étendue d'eau à ma droite, entourée d'arbres colorés aux nuances automnales. Cela ne peut être que le Woodlawn Lake, ce petit lac surmonté d'un pont au nord du cimetière. Je choisis de le longer, au moins jusqu'au prochain croisement.

Cela fait désormais une bonne dizaine de minutes que je parcours le cimetière. Je suis bien décidée à ratisser les cent-soixante hectares de terrain, s'il le faut, pour retrouver Lexa. Heureusement, cela ne sera probablement pas nécessaire. Je presse le pas en apercevant une berline noire et élégante garée le long de la route. En m'approchant suffisamment, je reconnais l'Esprit de l'Extase trônant sur le capot, cette femme d'argent aux allures d'ange enjolivant l'avant des Roll Royce. Plus aucun doute possible : cette voiture est bien la Phantom de Lexa.

Je balaie les alentours du regard à la recherche de mon amie. Personne. Ne me désespérant pas, je m'approche de la voiture en espérant y trouver son chauffeur. Lexa n'ayant pas encore son permis, Monsieur Jones l'a forcément conduite. Il est peut-être encore à l'intérieur du véhicule.