The 100 : Vertige - Partie 1

Chapitre 17 : Réflexion

Samedi 26 septembre 2015, 23h38 :

New York, Bronx, quartier de Riverdale, Maison des Griffin :

Point de vue de Clarke :

Ne parvenant toujours pas à dormir, je me rejoue mentalement la scène pour au moins la mille-et-unième fois depuis cet après-midi. Puisque la plupart de nos amis ont terminé leur verre et que je ne veux pas que mes parents retrouvent la maison en bazar à leur retour, je me revois me lever et ramasser les verres vides pour les porter à la cuisine. Finn se dévoue pour m'aider, mais Octavia se propose à sa place, car mon petit ami est en pleine partie contre Jasper, Anya et Raven. Ma meilleure amie et moi prenons donc le chemin de la cuisine, située à l'autre bout de la maison. Cependant, lorsque nous entrons, je me fige net tandis que j'entends Octavia pousser un cri de surprise.

Lexa et Costia sont en train de s'embrasser.

En entendant les exclamations d'Octavia, elles s'écartent l'une de l'autre. Lexa me regarde avec terreur. Puis, soudain, elle change. Elle devient froide, glaciale. Son expression se durcit. Ses yeux se voilent, de sorte qu'ils me sont désormais indéchiffrables. La Lexa que je connais, mon amie, disparaît, cédant sa place à une étrangère. Un mur gelé, infracturable, infranchissable, se dresse entre nous. Je ne la reconnais plus. Elle est... effrayante.

La Lexa qui m'est inconnue s'approche. Elle s'arrête à deux pas d'Octavia et moi. Elle se tient droite et le charisme que lui confèrent les épaulettes structurées de sa veste en satin noir, se transforme à présent en aura puissante et menaçante. À mes côtés, Octavia se fait soudain toute petite.

« N'en parlez à personne. » Il y n'a aucune agressivité dans sa voix. Ni aucune colère. Elle est dépourvue d'animosité. En revanche, elle déborde de fermeté. Ce n'est pas une requête. C'est un ordre.

Costia, quant à elle, ne dit rien. Elle se contente d'observer sa... "petite amie ?", avec un air inquiet.

Lexa me contourne et sort de la cuisine. Elle ne m'a pas adressé un seul regard depuis qu'elle a changé de visage, ou plutôt de masque. À ma droite, Octavia est toujours pétrifiée. Costia, de son côté, se décide enfin à bouger. Contrairement à Lexa, elle est assez expressive et nous accorde un demi-sourire embarrassé. « Désolée pour... ça, s'excuse-t-elle en faisant référence au comportement de l'héritière Woods. C'était censé rester secret. Mais on n'a pas trop assuré sur ce coup-là. On peut compter sur vous pour rien dire à personne ? » La fille Wendell n'ordonne pas. Elle demande.

« Bien sûr ! confirme énergiquement Octavia sortant finalement de sa torpeur. C'est comme si on n'avait rien vu. C'est promis ! » Costia lui sourit faiblement, puis leurs deux regards se pose sur moi de concert. Puisque je ne formule toujours pas le moindre mot afin de sceller le pacte à mon tour, mon amie me rappelle à l'ordre : « Clarke ?! »

« Oui ! Euh... Tu peux compter sur moi, Costia. Je ne dirais rien. »

La concernée hoche la tête et m'adresse un bref sourire gêné. « Merci les filles. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser... je dois m'assurer qu'elle ne prenne pas de décision hâtive. Je n'ai pas très envie de devoir rentre chez moi en taxi... »

Emmitouflée sous mes couvertures, je me souviens avoir vu Costia quitter à son tour la cuisine après sa tentative d'alléger la situation par le biais de l'humour. Ou peut-être qu'elle était sérieuse ?

Après cet... "incident ?", Octavia et moi n'avons pas parlé entre nous de ce qu'il s'est passé. Cependant, je ne serais pas surprise qu'elle débarque chez moi demain pour en discuter. Et je sais d'avance que le sujet de la conversation ne se portera pas vers la sexualité des deux filles, mais vers la réaction terrifiante de Lexa, ou plutôt de l'héritière Woods. Plus j'y pense, et plus j'en suis convaincue. Cette fille que nous avons entraperçue cet après-midi, ce n'était plus ma nouvelle amie : celle qui me lance des sourires timides en classe, qui m'a acheté les meilleures pâtisseries de tout Manhattan et qui m'a emmenée faire une balade en hélicoptère alors qu'elle est aérophobe. Cette fille n'était plus ma Lexa, c'était Alexandria Woods, l'héritière d'Augustus Woods, l'homme d'affaire impitoyable que craignent mes parents.