Chapitre 5 Partie 1

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Léo

    Avec Marc, nous avançons dans les couloirs en direction de la sortie. Ce midi, je mange chez lui, sa mère m'ayant très gentiment invité à venir, comme régulièrement le mercredi midi. De notre salle de cours à la porte de sortie, je ne compte pas le nombre de fois où l'on s'est arrêtés pour dire bonjour ou pour parler des dernières nouvelles. Je ne suis pas quelqu'un de très sociable en général, je n'ai aucun problème pour parler aux autres, mais mon groupe d'amis me suffit amplement. Je ne comprends pas le principe de parler à tout le monde, alors que la plupart n'en n'ont rien à faire de toi et passe juste le temps. Je veux dire que ce ne sera jamais des personnes qui te soutiendront quoi qui l'arrive, alors je ne vois pas vraiment l'intérêt. Mon meilleur ami, au contraire, adore parler au plus de monde possible et avoir plein « d'amis » à qui raconter de multiples choses. Alors que je le vois du coin de l'œil s'arrêter pour la millième fois, je m'apprête à râler, n'en pouvant plus. Mais, quand j'aperçois la personne à qui il souhaite dire bonjour, je me ravise.

- Salut Gabriel, ça va ? Lui demande-t-il en lui tendant la main pour qu'il frappe dedans.

    Alors que celui-ci répond, je place mes mains dans mes poches, comme souvent quand je suis mal à l'aise. Je repense, comme depuis deux jours, à l'après-midi de dimanche que j'ai adoré alors qu'il s'agissait de révision et que j'y vais habituellement la mort dans l'âme. Gabriel m'a lui, au contraire, fait aimer ce petit bout de journée. Une fois qu'il a répondu à Marc, je le vois se tourner vers moi, en me souriant, sourire que j'aime de plus en plus observer, parfois même trop, comme quand on se retrouve aux pauses ou le midi et qu'il se trouve près de moi.

- Salut toi ! Alors la philosophie, tu as de nouveau révisé ? Me demande-t-il toujours avec un sourire que je n'arrive pas à quitter des yeux.

- Non, une fois dans la semaine me suffit amplement. J'ai eu cours lundi et mardi et crois-moi, c'était tout sauf amusant. Je ne comprends toujours rien ! Râlais-je, tout de même en souriant. J'étais de bonne humeur rien quand lui parlant, même quand il s'agissait de cette affreuse matière tout droit sortie de l'enfer.

- Ça va le faire, rappelle-toi de ce que je t'ai dit ! Bon, faut que je vous laisse ou je vais faire attendre ma mère et elle déteste ça. À demain ! Je le vois partir d'un pas décidé, déçu que l'on n'ait pas pu parler plus longtemps.

    Une fois qu'on a fini de parler à la Terre entière, sans exagérer bien sûr, on se dirige enfin vers le bus que l'on doit prendre pour aller chez mon meilleur ami. Je remercie d'ailleurs ce bus de m'avoir sauvé, n'en pouvant plus de dire bonjour à tout le monde. Nous arrivons chez lui après moins de dix minutes de route, comme il n'habite pas si loin que ça.

    Quand nous passons la porte du couloir de son appartement, je sens venir à moi une agréable odeur de lasagnes aux légumes, la spécialité de sa mère, en tout cas quand je mange ici. À cela se mélange les cris des enfants de cette maison. Dans leur famille, ils sont cinq enfants. L'aînée qui est déjà partie depuis deux-trois ans de la maison, Marc, sa petite sœur et enfin ses deux frères jumeaux. Hélène, la mère, doit alors gérer tout ce petit monde à elle seule, le père étant parti avec une autre il y a quelque temps. Je trouve ça vraiment ignoble de laisser ta famille et tout tes enfants pour espérer revivre ta jeunesse, mais, malheureusement, ça arrive. Personne n'avait rien vu venir. Il n'était pas le père parfait, mais pas non plus le plus incompétent, enfin ça c'était avant d'apprendre qu'il avait trompé sa femme et qu'il avait préféré une fille beaucoup trop jeune pour lui plutôt que d'élever ses enfants. De derrière la porte, sans l'ouvrir, nous pouvons déjà entendre sa mère râler, sûrement après un des deux jumeaux. Je plains vraiment cette pauvre femme qui n'a pas une vie facile. Une fois le seuil passé, sa mère arrête sa course pour s'avancer vers nous.

Un sourire qui change tout (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant