Chapitre 3 Partie 2

553 36 14
                                    

Léo

    Avec Marc, nous marchons en direction de la cantine, après deux heures qui m'ont semblées interminables. Je n'ai actuellement qu'une envie, manger. Malheureusement, la cantine n'est pas le meilleur endroit pour assouvir cette envie. Mon meilleur ami est, comme à son habitude, en train de me raconter les dernières histoires qu'il a eu l'occasion de découvrir sur les personnes de ce petit lycée. On nous répète souvent, que ce soit dans les films, série, livre ou même dans la vie de tous les jours, que ce sont les filles qui, entre copines, aiment raconter les derniers potins. Pourtant, ceux qui ont instauré ce cliché ne connaissent pas mon meilleur ami, ou alors ils l'incluraient aussi, je suis même prêt à parier qu'il peut faire concurrence à la plupart de ces filles. Je trouve presque ça amusant de voir toute l'énergie qu'il y met et même si c'est toujours intéressant de savoir ce qui nous entoure, la plupart de ses histoires rentrent d'un côté et en ressortent de l'autre, m'important que très peu. Alors que je l'entends vaguement parler, étant que peu intéressé, d'un nouveau couple, de quelqu'un de notre classe, il s'arrête d'un coup, me surprenant. Je me retourne instantanément, le regard plein d'interrogations, ne comprenant pas pourquoi effectuer un tel arrêt brutal. Celui-ci ne tarde pas à redémarrer comme si de rien était. Je lui demande alors, intrigué, ce qu'il vient de me faire.

- Rien, c'est juste qu'en parlant du nouveau couple d'Emmy, je me suis rappelé que Mathieu aussi était à fond sur elle, mais que celle-ci s'est alors mise avec Brian et j'ai ensuite repensé à la jalousie que devait ressentir Mathieu, commence-t-il me perdant davantage, ne voyant toujours pas ce qu'il y avait de si exceptionnel à cette histoire entre des personnes que nous ne connaissons que de loin. C'est juste que je pense que lui aussi était jaloux, enfin je crois, en tout cas moi, sur le coup, c'est à ça que j'ai pensé, continue-t-il me perdant définitivement.

- Mais de qui tu parles ? Lui demandai-je avec plus que de l'incompréhension.

- De Gabriel ! Tu n'as pas remarqué comment il a tourné la tête, gêné, quand Élodie s'est jetée sur toi ! Je suis même sûr de l'avoir vu rougir un peu, bon, j'exagère peut-être ... Mais je me suis alors dit que si ça se trouve tu ne lui es pas indifférent.

    Ce qu'il vient de dire me laisse bouche bée pendant un cours instant, de surprise. Bien sûr qu'il a dû mal voir. Ça fait moins d'une semaine que je le connais et je ne pense pas que je puisse lui plaire. Il a juste dû penser à quelque chose qui l'a gêné sur le coup ou à une de ses anciennes relations avec une fille et ça l'a dégoûté. Et puis Élodie est comme ma petite sœur, il n'y a donc pas de quoi être jaloux ... Non, attendez, le problème n'est pas là. D'ailleurs il n'y a pas de problème puisque je m'en fiche et que c'est très certainement faux. Oui voilà, il me fait marcher et ça a presque fonctionné.

- Arrête de dire n'importe quoi et dépêche-toi avant que l'on ne doive faire la queue pendant trois heures pour aller manger. Lui répondis-je, après quelques secondes de blanc, me maudissant d'en avoir laissé un aussi grand et de me tracasser l'esprit pour une de ses blagues, sûrement pour me faire réagir. Ce qui, intérieurement, a failli fonctionner. De toute façon, que ce soit vrai ou non, cela ne me fait rien et ne change strictement rien, je m'en fiche.

    Nous nous dirigeons ensuite comme prévu vers la cantine pour retrouver nos amis. Marc, qui avait sans doute perçu mon malaise, avait repris une autre conversation comme si de rien n'était. Ce qui m'énerve, c'est qu'il me connaisse si bien, qu'il arrive à lire en moi comme dans un livre ouvert, un peu trop d'ailleurs. Je suis sûr que maintenant il va se poser davantage de questions par rapport à Gabriel. Ce qui m'énerve encore plus car moi-même je ne sais plus où j'en suis. Pourquoi est-ce que je me pose autant de questions ? Pourquoi savoir ce qu'il pense de moi m'intéresse tant ? Pourquoi je suis attiré physiquement par lui, plus qu'il ne le faudrait ? Toutes ces questions ont également tendance à m'énerver, me perturbant et me projetant en arrière sur des sentiments qui, jusqu'à maintenant, j'évitais de faire ressortir, même à moi-même, pour essayer d'oublier ... Toutes ses questions et incompréhensions ne font que remonter de plus belle quand je le vois au loin, assis avec les autres, à rire à gorge d'éployé. Encore une fois, je ne peux détacher mon regard de lui et je ne peux m'empêcher de le trouver attirant, ce qui, n'arrange pas mon problème. Le pire est sans doute de ne pas savoir exactement d'où vient cette colère. Après tout, ce n'est pas comme ci s'était la première fois que je craquais de loin pour un garçon, même si cela m'est toujours vite passé. Il n'y a pas de crainte à avoir là-dessus, ce sera sûrement pareil avec lui. Ce n'est sûrement que passager et je retournerai à ma petite vie sans tous les tracas qui ressortent à chaque fois que je trouve un garçon un peu trop beau.

Un sourire qui change tout (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant