Chapitre 8 Partie 1

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Léo

    Je suis trop content. Aujourd'hui mon père revient après pratiquement un mois d'absence. Pour une fois, j'ai préparé un bon repas, j'ai également fait le ménage dans sa chambre et toute la maison. Ses voyages de plus d'un mois sont de plus en plus courant, puisqu'il travaille sur des plus grands bateaux de croisière ou alors, il accepte plusieurs contrats à la suite. À chaque fois, j'attends son retour avec impatience, moi qui n'aime pas habiter seul. Même si quand il est ici, la maison ne s'anime pas complètement et ne le fera sûrement jamais. Il donne quand même davantage de vie à cet habitat, me raconte de multiples anecdotes et si j'ai de la chance, nous sortons faire des activités à deux. Normalement, il reste seulement pour une semaine, puis il doit repartir travailler, mais là, il ne peut rester qu'un week-end.

    J'ai alors mis les petits plats dans les grands, comme on dit, pour l'accueillir convenablement. À chaque passage de sa part, je suis heureux durant de cours instant, profitant de ce qui peut ressembler à une vie de famille, ce que je n'ai pas vécu depuis bien longtemps. Ainsi, depuis ce matin, je ne peux m'empêcher d'afficher un grand sourire, attendant avec hâte un message m'annonçant qu'il est bientôt arrivé. Je me suis d'ailleurs levé tôt, moi qui ne suis pas du matin, ne pouvant plus tenir dans mon lit à cause de mon impatience.

    Pendant que je suis en train de nettoyer le plan de travail, où j'ai renversé ma boisson de ce matin, je reçois un message. Je me précipite dessus, chose que je n'aurais pas dû faire. Mon père m'a bel et bien envoyé un message, mais pas celui que j'attendais. Ce n'est pas la première fois que ça arrive, mais à chaque fois, jusqu'au bout j'espère, en l'attendant, mais visiblement, je suis le seul qui est impatient de passer ces cours moments à deux. Je relis le message, avec les larmes qui commencent malgré moi à tomber. « Désolé, je ne pourrais pas rentrer. J'ai accepté une autre croisière. On se revoit vite. Bisous. ». Je ne prends même pas la peine de répondre, d'un parce que j'en ai marre de faire comme si cela ne m'affectait pas et de deux, car je sais qu'il ne le lira pas.

    Me voilà, comme toujours, à passer mes journées seul, alors que tout ce que je voulais c'était revoir le seul parent qu'il me reste. Mais lui, comme d'habitude, fait passer son travail avant ce que je peux penser. Me voilà, avec mes larmes qui coulent avec deux fois plus d'intensité à la pensée de rester encore une fois seul dans mon coin à désespérer. Ma faim et ma bonne humeur sont toutes les deux passées, j'en viens même à avoir envie de vomir le peu de chose que j'ai pu avaler au petit déjeuné, dû à l'excitation déjà bien vite passé. Je me pose dans un coin de la cuisine, le dos collé au mur, les genoux repliés comme un petit enfant, à essayer de calmer mes larmes et faire revenir une respiration régulière, chose que je n'arrive pas. Je fouille dans ma poche pour en sortir mon paquet de cigarette. Je ne fume jamais à l'intérieur, sauf quand je sens qu'une crise d'angoisse va pointer le bout de son nez, comme maintenant. Est-ce trop demandé d'avoir un père un minimum présent, de ne pas rester seul tous les jours dans une maison sans vie ? Voilà ce que je me répète depuis tout à l'heure, en imaginant ce que l'on aurait pu faire cette semaine avec mon père, mais que nous ne ferons malheureusement pas. Me voilà à le maudire de l'aimer et de l'attendre quand lui préfère rester à naviguer. Si nous manquions d'argent, cela ne m'aurait pas autant touché, mais l'argent, ce n'est pas ce dont on a le plus besoin. Non, ce qui nous manque c'est une vie de famille, voilà ce que depuis des années j'espère retrouver sans toutefois y croire. Voilà également une nouvelle vague de larmes qui arrive et que, malgré toutes mes forces, je ne peux pas contrôler.

    J'enfonce un peu plus ma tête dans mes épaules, espérant que l'eau qui coule de mon corps cesse. Cela ne devrait plus autant me toucher comme je suis habitué à ce genre de situation. Malgré tout, peu importe le nombre de fois que ça arrive, c'est toujours aussi compliqué à vivre. Dans ces moments, j'aimerais encore plus que d'habitude que ma mère ne soit jamais morte et que tout soit comme avant. À cette pensée, je relève la tête et tombe sur une photo, posé en face de moi vers le grand miroir central. Sur celle-ci, on voit une petite famille heureuse, avant que tout ne bascule. À cette vision, accumulée par la vision de la position dans laquelle je me trouve, je sens la crise de panique arriver de plus belle. Je tire le plus de taffes possible sur ma cigarette, mais cela ne change rien à mon état, au contraire plus le temps passe plus, plus il empire. Je peine à respirer, j'essaye de prendre des grandes bouffer d'air, mais c'est comme si celles-ci n'atteignaient jamais mes poumons. J'ai de plus en plus de mal à respirer, comme si je pouvais, d'un instant à l'autre, donner mon dernier souffle. Je sens que cette crise qui arrive à grand pas sera tout sauf une petite. Quand je relève la tête, je vois difficilement à travers mes larmes, mon corps recroquevillé sur lui-même tremble. Plus je panique, plus je repense à ma mère, plus je pense à elle et à mon père, plus la panique grandit, c'est un cercle vicieux, dont j'ai l'impression que je ne vais jamais pouvoir sortir. Je tremble de plus en plus, j'ai l'impression de ne plus avoir d'air du tout ... J'arrive difficilement à me lever et à avancer, en chancelant, je me cogne sur le coin du plan de travail. Je ressens à peine la douleur que cela cause à ma côte et je me concentre le plus possible pour ne pas m'évanouir. J'arrive tout de même à atteindre les fenêtres de la cuisine et les ouvrir. Mais, malgré ça, je ne sens aucune différence, comme si le monde entier manquait d'oxygène. Je sens mon cœur battre de plus en plus fort, comme si celui-ci allait exploser. Enfin, je suis obligé de me remettre dans le coin, si je ne veux pas tomber, tant la pièce tourne autour de moi.

Un sourire qui change tout (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant