Aveline, L'éveil du Faucon

Chapitre 5 : Un soupçon de légerté

Parler avec le Seigneur Seth avait fait resurgir des souvenirs pour Aveline. La conversation qu'elle avait surprise dans la bibliothèque lui revenait en mémoire. Cela allait jusqu'à la hanter. Elle regrettait presque de s'être tue. Pourtant cela était la chose à faire, la confiance était difficile à donner au palais. Car certes il y avait Les Capes Rouges, mais aussi les Illusionnistes. Ces magiciens capable de manipuler votre esprit, pouvant modifier toutes les perceptions, créant ainsi des illusions dont certaines pouvaient mener une personne jusqu'à la folie. Elle frissonna rien que d'y penser.

Pour le moment l'après-midi était bien avancé, miraculeusement la jeune femme était parvenue à ranger tous les livres qu'elle avait reçu. Aveline en avait donc profité pour prendre quelques livres, abîmés par un usage intensif, pour les réparer.

« Avy ! » La voix enjouée et chantante de sa sœur la fit sursauter.

« Alana, que fais-tu là ? » La petite ne venait jamais jusqu'au palais, elle avait un mépris certain pour la noblesse et Aveline aurait bien été la dernière à l'en blâmer.

« Je voulais te voir, j'ai parlé avec Grand-Ma. » Aveline dégagea une chaise pour sa sœur, un sourire aux lèvres.

« Que t'a-t-elle dit ? » Alana s'installa feuilletant certains ouvrages.

« Elle est d'accord pour que je devienne Prêtresse, mais tu dois déjà le savoir. » Elle reposa un livre. Aveline remarqua la lueur de joie dans son regard.

« En effet, j'en ai discuté avec elle hier, pour une fois que l'on ne se disputait pas. » Alana eut un sourire.

« En tout cas je suis plutôt surprise qu'elle soit d'accord. » C'était pourtant l'un des traits de caractère des femmes de leur famille, être surprenantes.

« Ne le sois pas, elle souhaite juste que nous ayons un toit sur la tête et de quoi vivre une fois qu'elle ne sera plus là. » Alana jouait avec sa queue de cheval, les yeux rivés sur le sol.

« Alors, tu as accepté de te marier ? C'est pour ça qu'elle accepte ? » Aveline eut un sourire. Sa sœur pensait donc qu'elle s'était sacrifiée pour elle.

« Vous allez vous marier ? » Le bibliothécaire se retourna. Alana, qui avait hérité de cette maladresse caractéristique, manqua de tomber en se levant de son siège. Elle fit une révérence, les joues en feu.

« Seigneur Mahe. Ne vous a-t-on jamais dit qu'il était impoli d'écouter les conversations des autres ? » Le petit ton impertinent qu'elle employait ne gêna pas le jeune seigneur qui, au contraire, apprécia ce rapprochement. « Et, oui, je vais me marier, cela vous pose-t-il un problème ? » Ils se toisèrent un instant, se défiant. La petite fille qui les observait tenta de comprendre le jeu auquel ils jouaient, mais préféra cesser lorsqu'elle eut un semblant de compréhension de la chose.

« Vous mentez. Si tel était le cas, vous ne seriez pas aussi joyeuse. Et vous m'auriez certainement mit dehors, Aveline. » Il avait cette façon exagérée, de prononcer son prénom, qui la faisait sourire.

« Je suis donc une piètre menteuse. » Mahe hocha la tête, tout aussi radieux. Son attention se porta sur Alana qui se tenait droite, les mains derrière le dos, et la mine sérieuse.

« Je le crains. Je suppose qu'il s'agit de votre sœur. » Aveline posa une main sur l'épaule d'Alana qu'elle sentait tendue.

« Oui, Alana. Je te présente le seigneur Mahe, neveu de la dirigeante Olwen. » Il fit un baise main tout à fait charmant à la jeune fille dont les joues prirent une douce couleur rosée.

« Enchanté Alana. Tu ne ressembles pas du tout à ta sœur. » Et il avait bien raison, si les cheveux d'Aveline étaient indisciplinés, ceux de sa sœur étaient lisses et comme si cela ne suffisait d'une douce couleur miel. Puis elle était aussi bien plus svelte, seuls leurs yeux étaient les mêmes, yeux qu'elles avaient hérités de leur mère. Aveline fronça cependant les sourcils. « C'était un compliment évidemment. » Elle fit une moue déçue, presque vexée, il était si aisé de mettre les hommes mal à l'aise.