Aveline peinait à garder les yeux ouverts, sa soirée l'avait éreintée et le réveil avait été bien difficile. Pourtant elle ne regrettait pas ce qui lui était arrivé. Elle c'était cependant réveillée avec un pincement au cœur, le retour à la réalité était quelque peu difficile. Une soirée elle s'était souvenu ce que cela faisait de porter une belle robe, d'être dans un monde où tout est légèreté et insouciance. Aujourd'hui tout était terminé, elle retrouvait ses livres et ses étagères qui n'avaient pas bougés. Tout était toujours pareil. Elle appuya sa tête contre la vitre qui donnait une vue imprenable sur la capitale. Sa tête tournait encore, sans oublier le martèlement incessant. Depuis longtemps déjà elle avait des migraines, mais cette fois l'alcool n'avait rien arrangé, et pour couronner le tout elle avait oublié de prendre le liquide infâme qui lui permettait de tenir debout, chose qu'elle faisait d'habitude tous les jours depuis... Elle ne se souvenait même plus.
Aveline secoua la tête. Il fallait qu'elle se reprenne, son travail n'allait pas se faire tout seul. Elle tiendrait bien jusqu'au soir même avec la tête ravagée par le mal. Heureusement la bibliothèque avec cette faculté apaisante d'être calme, il fallait juste qu'elle évite de mettre le nez hors de la pièce.
« Tu as l'air épuisée. » Aveline se tourna vers Mary qui déposait un plateau avec un verre sur son bureau. « Pour te redonner des forces, j'en prépare pour Ma Dame et sa fille chaque lendemain de bal. » Un sourire illumina les lèvres de la bibliothécaire.
« Merci, mais tu ne devrais pas être là, elles risquent de ne pas apprécier. » Mary fit claquer sa langue dans sa bouche.
« Toutes les dames n'ont pas la même astreinte que toi à se lever avant l'aube. Elles vont dormir encore deux bonnes heures et toutes mes corvées sont terminées, ou alors des novices s'en occupent. » Elle haussa les épaules. Etant femme de chambre en chef, elle pouvait se permettre quelques libertés.
« Tu as dû te coucher bien tard aussi. » Comment pouvait-elle être de si bonne humeur ?
« Pas plus que toi, mais moi je n'ai pas bu. Dis-moi que tu as au moins fait des bêtises avec ton jeune Seigneur. » Une lueur étrange brillait dans ses yeux, celle qui cherchait des potins excitants à raconter.
« Il ne s'est rien passé. Nous avons dansé, il m'a présenté à sa tante, puis il m'a raccompagné, en toute amitié. » Mary étouffa un cri hystérique. Le sourire aux lèvres.
« En toute amitié ? Et il t'a présenté sa tante ? Aveline il est presque prêt à te passer la bague au doigt ! » Tant d'enthousiasme la fit rougir. Elle ne souhaitait aucunement penser au mariage.
« Je ne crois pas. Je ne suis pas assez riche et mon titre est dérisoire à côté du sien. Il n'en tirerait aucun avantage. » Elle prit une gorgée de la boisson que lui avait servi Mary, le nez plongé dans le liquide verdâtre. Surement un mélange de plantes.
« Aveline pourquoi crois-tu toujours que le mariage est un arrangement ? » Parce que sa seule expérience était plutôt glaçante ? Et que tout se faisait ainsi. Mary s'approcha d'elle, un sourire de lutin malicieux aux lèvres. « Tu ne penses pas qu'il peut désirer autre chose comme, t'embrasser tendrement en caressant doucement chaque parcelle de ton corps pour le sentir frémir contre le sien. » Dire qu'Aveline était rouge aurait été un euphémisme. Pourquoi les serviteurs parlaient-ils toujours si aisément de ces choses-là ?
« Ce ne sont pas des choses que l'on doit dire Mary. » Reprocha-t-elle doucement. L'autre explosa de rire.
« Tu es décidément bien trop prude ! Bon, je dois y aller, mais la prochaine fois je veux des détails. Et croustillants s'il te plait ! » Aveline leva les yeux au ciel. L'hyperactivité de Mary l'avait épuisée plus que son remède ne l'avait réveillée.
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Aveline, L'éveil du Faucon
FantasyGouverné par trois hauts dirigeants, Irinwen est menacé par une guerre civile qui couve dans les entrailles des villes les plus pauvres. Une jeune duchesse, rétrogradée au rang de bibliothécaire suite à la ruine de sa famille, se trouve être témoin...