Aveline, L'éveil du Faucon

Chapitre 37 : Code

Seth était partit. C'est ce qui avait permis à Aveline de s'éclipser plus facilement. En quelques jours le seigneur était parvenu à la faire surveiller d'une manière qui l'agaçait profondément. Elle ne pouvait plus faire un pas sans être observée. Néanmoins, l'attention des gardes semblait décliner lorsque le maitre était absent. C'est pour cela qu'elle se retrouvait habillée en servante, un plateau de nourriture à la main et Garrett sur les talons. Son cœur manquait de défaillir, si jamais quelqu'un les reconnaissait s'en était fini d'eux. Ils empruntèrent les escaliers de service et débouchèrent à l'entrée des cachots, les gardes y jouait aux cartes. Ils levèrent les yeux vers eux.

« J'apporte le repas du Seigneur Mahe, selon les ordres de nos Grands Seigneurs. » Elle fit une légère courbette. L'un des soldats fit signe à l'autre.

« J'vais te conduire. » Il jeta un regard à Garrett. « Toi tu restes là. »

Le jeune homme fronça les sourcils mais ne broncha pas. Aveline hocha la tête pour lui faire comprendre que tout irait bien avant de suivre le soldat. Elle serrait son plateau si fort qu'elle pouvait sentir ses ongles s'enfoncer dans sa paume. Les lieux la firent frissonner, elle n'était jamais descendue jusque-là et ce n'était peut-être pas un mal en soi. L'atmosphère était humide, accompagnée d'une affreuse odeur de pourriture et de moisi. La jeune femme eut des hauts le cœur alors qu'elle tentait de respirer le moins possible. Le décor n'était pas beaucoup plus engageant, la pierre moite était verdâtre, dans les cellules à simples barreaux elle apercevait de pauvres gens en haillons enchainés aux murs. Elle tenta d'ignorer ces visions d'horreur pour se concentrer sur le soldat qui marchait dos à elle. On la conduisit devant une cellule dont la porte était en bois massif, Mahe devait donc être considéré comme dangereux. L'homme prit son trousseau de clés et ouvrit la porte.

« T'as dix minutes. Ensuite dehors. Au moindre problème c'est toi la responsable ma mignonne. » Elle opina tout en retenant une remarque acerbe. Aveline entra dans la cellule en jetant un rapide coup d'œil autour d'elle. Elle sursauta lorsque la porte claqua dans son dos. Elle inspira. Mahe ne leva même pas la tête. Il semblait affaibli, les mains accrochées aux murs par des fers. Lentement elle s'approcha déposant le plateau à ses pieds.

« Je n'ai pas faim. Vous pouvez repartir. » Sans prêter attention à la remarque elle remua la soupe insipide où flottait quelques morceau de viande.

« Il faut que tu manges. » Elle vit son regard s'éclairer quand il leva les yeux vers elle. Un doux sourire orna ses lèvres. L'illusion que Garrett avait créée ne s'appliquait pas à Mahe.

« Aveline ? Que fais-tu ici ? » Son ton était presque accusateur, si bien qu'elle en perdit son sourire.

« Je suis venu te voir... » Le regard de Mahe se voilà légèrement. Il ne voulait pas qu'elle soit là.

« Pourquoi ? Tu ne devrais pas. C'est dangereux. » Qu'avaient-ils tous à vouloir absolument l'éloigner ?

« Peut-être mais je suis là. » Il ouvrit la bouche pour protester mais elle lui enfourna la cuillère de soupe dedans lui coupant la parole. « Il faut que je sache Mahe. Qui t'as fait ça ? Pourquoi ? » Il avala le breuvage avec une grimace. Apparemment c'était aussi peu appétissant que ça en avait l'air.

« Je ne peux pas te répondre Aveline. Mais tu es en danger. Il y a des choses que tu dois savoir et que je ne peux pas t'expliquer. » Sa maitrise d'elle-même était mise à rude épreuve, un peu plus et il terminait avec le bol sur la tête.

« Nous n'avons pas beaucoup de temps, si tu peux me dire quelque chose fais le. » Un soupir passa les lèvres du jeune homme.

« Les choses sont compliquées Aveline, même moi je ne comprends pas. Tu as beaucoup d'ennemis et peu d'alliés. Ne compte que sur Garrett et lui seul. » Au moins, ils étaient tous d'accord sur une chose, ici elle n'avait qu'un seul allié. Elle donna une seconde cuillère à Mahe. « C'est infâme. » Ca, elle voulait bien y croire.