Le cœur au bord des lèvres Aveline fit un pas en avant, accrochée au bras droit du Seigneur Mahe qui offrait son autre bras à sa Grand-Mère. Ce soutient lui permit de ne pas flancher lorsqu'elle s'avança dans l'immense salle de bal déjà pleine. Son regard bifurqua vers Alana, la bouche en cœur, subjuguée par ce qu'elle avait sous les yeux. Dominant l'assemblée, presque chancelant, un immense lustre en cristal que l'on aurait dit prêt à tomber sur le sol de marbre. Les murs étaient longés d'immenses colonnes entre les quelles trônaient des divans de velours rouges. De grandes fenêtres se faisaient discrètes le long des murs, donnant sur une terrasse de laquelle on pouvait voir les jardins et les plaines voisines. Au bout de l'interminable salle, face à eux, quelques marches qui permettaient d'accéder aux quatre trônes sur lesquels étaient installés les Dirigeants entourés de leurs gardes. Aveline inspira un grand coup avant d'entrer dans la salle. Mahe se pencha vers elle.
« Ma Tante souhaiterait faire votre connaissance plus tard dans la soirée. » Elle resserra la prise qu'elle avait sur son bras, elle était sur le point de flancher et de partir en courant.
« Si cela avait pour but de me rassurer, vous êtes plutôt en train de m'effrayer. » Un sourire naquit sur les lèvres du jeune seigneur.
« Je tenais à vous prévenir maintenant au cas où nous serions séparés au cours de la soirée. » Ce qui était tout à fait judicieux de sa part. « Rassurez-vous, tout se passera bien. » Elle aurait aimé le croire, mais pour le moment l'appréhension lui torturait l'estomac.
« Alana, Chérie, allons-nous rafraichir et laissons ta sœur aux bons soins du Seigneur Mahe. »
Voilà que maintenant Aveline sentait le poids écrasant de la confiance de sa Grand-Mère. Elle devait donc être irréprochable. Mahe leur baisa la main à toutes deux avant de les laisser s'en aller. Par la suite il entraina la bibliothécaire au cœur de la foule. Certains la toisèrent sans lui prêter attention, d'autres n'étaient que mépris et faux-sourires. Il posa alors sa main sur la sienne, un contact chaud et rassurant. Il avait grandi dans le même cercle qu'elle, et pourtant il gardait cette aura bienfaitrice. Avec lui tout n'était que gentillesse et bonnes intentions, du moins pour le moment. Elle avait appris à se méfier des autres qu'importe qu'ils aient l'air aussi inoffensif que des chatons, ils avaient aussi des griffes pour vous lacérer le cœur.
« Mon Seigneur, je vois que vous êtes accompagné ce soir. C'est bien la première fois. » Aveline ne baissa pas les yeux, et pourtant l'envie ne lui manquait pas. La jeune femme face à elle était d'une beauté renversante, sensuelle et attirante. De quoi se renfrogner lorsque la nature ne vous avait pas autant gâtée. La bibliothécaire ouvrit la bouche pour répondre mais Mahe la devança.
« La Duchesse m'a fait l'immense honneur d'accepter mon invitation, je souhaitais avoir la plus belle jeune femme du royaume à mon bras, c'est chose faite. » Il n'avait pas encore bu qu'il divaguait déjà.
« Il est vrai que vous êtes sublime ma chère, votre salaire vous permet donc de telles largesses, ou peut-être avez-vous d'autres activités ? » Ce qui était étrange avec les mots, et les sourires, était tous les sens qu'ils pouvaient avoir lorsque l'on commençait à les interpréter. Même si, cette fois, Aveline était certaine qu'elle venait de se faire insulter. Elle sentit le corps de Mahe se crisper près d'elle.
« Je ne vous permets pas de la traiter ainsi, elle est ma cavalière et amie. Si vous souhaitez insinuer quelque chose dite le clairement mais je puis vous assurer, Ma Dame, qu'elle a bien plus d'honneur que vous. » Il se tourna vers Aveline, soufflée par cette réaction elle devait encore avoir la bouche grande ouverte. « Venez Aveline, allons danser. »
Il lui souriait comme si rien n'était arrivé. Ils s'arrêtèrent sur la piste de danse, là où chacun prenait sa place. Aveline se sentait rouillée, arriverait-elle à danser ? Ce n'était pas certain. Elle avait toujours été gauche, le manque de pratique n'arrangeait surement pas les choses. Les musiciens entamèrent un nouveau morceau. La jeune femme se força à regarder son cavalier, sa robe ne l'aidait pas à synchroniser ses pieds, néanmoins elle réussit à ne pas chuter devant tout le monde ce qui était déjà un exploit en soi. Après quelques minutes de concentration elle avait réussi à retrouver le rythme, même si elle n'était pas très gracieuse, elle s'amusait.
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Aveline, L'éveil du Faucon
FantasiGouverné par trois hauts dirigeants, Irinwen est menacé par une guerre civile qui couve dans les entrailles des villes les plus pauvres. Une jeune duchesse, rétrogradée au rang de bibliothécaire suite à la ruine de sa famille, se trouve être témoin...