Chapitre 25 : Mission

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Serrant la sangle de sa selle Aveline se prit à penser que cela allait bientôt faire sept mois qu'elle n'était pas sortie de chez les Capes Rouges. Trois mois s'étaient écoulés depuis qu'on avait tenté de la tuer, il n'y avait pas eu d'autres tentatives depuis et cela la rassurait légèrement. Cependant elle n'était jamais seule, Garrett et Gaëtan se relayaient auprès d'elle, elle avait même pu regagner sa chambre. Chose étonnante, le second élève de son maitre et elle continuaient de dormir ensemble, dans une chambre ou dans une autre. Rien ne se passait jamais entre eux, mais ils étaient rassurés de ne pas être seuls.

Et donc pour la première fois depuis longtemps elle allait sortir de sa routine. Elle avait revêtit une tenue de cavalière confortable avec une veste assez chaude pour passer la nuit. Aveline s'inquiétait de cette sortie, peut-être que quelqu'un attendait un manque de vigilance de leur part ? Et s'ils se faisaient attaquer ? Et si en voulant la protéger les deux hommes étaient blessés ?

Elle repoussa ses questions. Elle ne devait pas penser à cela et profiter du grand air. Les chevaux étaient près lorsqu'elle entreprit de monter sur le sien. Une fois qu'elle fut bien installer, Garrett vint vers elle.

« Ta selle n'est pas assez serrée. » Elle soupira, il fallait qu'elle redescende. Il l'arrêta quand il la vit bouger. « Attends. » Il lui tapota la cuisse pour qu'elle la déplace. Et il s'occupa de resserrer les sangles. Garret lui prit le mollet pour replacer sa jambe. Leurs regards se croisèrent. Aveline n'avait jamais pris la peine de remarquer à quel point il était beau. Ce n'était pas la beauté raffinée que l'on pouvait trouver à la cour, son visage était carré, et il n'était pas très bien rasé. De plus il était large d'épaule et assez grand. Il y avait quelque chose de brut en lui qu'elle n'avait jamais vue avant aujourd'hui.

« Vous avez tous les deux de très beaux yeux, mais pourriez-vous le constater à un autre moment ? » Garrett s'éloigna visiblement troublé. Aveline détourna les yeux. « Bien, ma chère je veux que tu restes entre nous, si nous faisons des pauses tu as interdiction formelle de t'éloigner sans que l'un de nous t'accompagne, compris ? » Même si elle aurait souhaité oublié, il y avait toujours un risque qu'on s'en prenne à elle, encore plus si elle était hors de l'enceinte du palais des Capes Rouges. Elle hocha donc la tête, malgré tout ce qui pouvait lui arriver hors de ces murs, elle jubilait, excitée à l'idée de sa première mission.

*

* *

Lorsqu'elle descendit de selle le dos et les fesses meurtris, Aveline se sentit heureuse d'avoir porté des gants malgré la chaleur, au moins le tissu avait protégé ses mains du cuir des rênes de son cheval. Imitant ses deux compagnons elle dessella sa monture lui passant un licol qu'elle noua à un arbre. Chaque mouvement était une souffrance, elle avait toujours été bonne cavalière, mais jamais elle n'avait dû monter aussi longtemps. Garrett avait déjà préparé le camp pendant que Gaëtan s'occupait du feu, elle les rejoignit s'installant près de l'élève. Elle ne savait pas réellement quoi faire.

« Je suis étonné que tu tiennes encore debout. » Railla gentiment le garçon en lui donnant un léger coup d'épaule.

« Doutais-tu de moi ? Je suis certaine que je suis en passe pour devenir une meilleure élève que toi ! » Il se mit à rire comme si elle avait fait une bonne blague.

« Pour ça il faudrait que tu te goinfre un peu moins ! »

Aveline se sentit rougir. Parfois, il n'était pas si bon que ça d'être détendu les uns avec les autres. Elle se détourna de Garrett avant de se lever pour retourner vers les chevaux. Un instant elle baissa les yeux pour observer son corps, elle n'avait pas une taille élancée et ses hanches étaient beaucoup trop grosses sans compter sur ses cuisses. Elle savait tout cela depuis longtemps. Pourtant les mots du garçon l'avait blessée, parce qu'il la verrait toujours comme « un » ami plutôt que comme une jeune femme. Pas étonnant qu'il ne se passe rien entre eux malgré leur rapprochement. Elle commença à brosser distraitement les chevaux pour ne pas penser à son mal être.

Aveline, L'éveil du FauconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant