Chapitre 8 : Invitation

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Au palais l'effervescence régnait. Les nobles et les courtisans étaient à présent tous arrivés, du moins les plus importants, ceux qui avaient leurs appartements. Aveline regardait par l'une des grandes fenêtres de la bibliothèque les derniers carrosses que l'on déchargeait. Si sa grand-mère était énormément sollicitée dans ces moments d'euphorie, elle voyait sa bibliothèque déserte. Même les hommes se laissaient aller à la coquetterie en accumulant essayage sur essayage. Le premier bal de la saison aurait lieu la semaine d'après, naissance donc des premiers ragots. Cela irait bon train chez les serviteurs, un vrai délice. 

« Tu regrettes de ne pas être à leur place ? » Aveline tourna son regard noisette vers le jeune serviteur qui venait de faire son entrée.

« Juste de la nostalgie, rien de plus. Ton maitre n'a pas besoin de toi ? » Aël secoua la tête, un petit sourire peint sur les lèvres.

« Non, il est aux prises avec des couturières, j'ai préféré m'éclipser. Ce n'est jamais bon quand il est agacé. » Elle haussa un sourcil. C'était bien le genre de ce petit androgyne, laisser de pauvres femmes se dépêtrer d'une situation peu accommodante.

« Tous les hommes aiment avoir une belle tenue pour le premier bal, histoire d'étaler leurs richesses. Un jour il y aura plus de pierres que de tissu sur les pourpoints ! » Le but étant de séduire le plus de jeunes filles possible, et qu'elles aient un titre, pas mal de richesses, et accessoirement qu'elles ne soient pas trop laide non plus.

« Le Seigneur Seth ne fait pas étalage de tout cela, il est même assez avare. Il préfèrerait travailler sur les affaires du royaume, apparemment les soldats coutent trop cher. Je vais peut-être songer à m'engager si ça continu. » La jeune femme éclata de rire. Imaginer Aël en armure avait quelque chose de risible, il était bien trop frêle. Bon, cela était un peu mesquin de se moquer.

« Désolé. Ce n'est pas pour t'offenser, mais tu ne ferais pas de mal à une mouche. » Il esquissa une grimace et éclata de rire à son tour.

« Tu dois avoir raison, et puis au moins on est bien nourrit et plus ou moins au chaud. » Il était vrai que même pour eux les cuisinières se donnaient du mal. « Dis-moi, si on te proposait d'aller au bal ? Tu irais ? » Aveline haussa un sourcil, c'était une manière bien radicale de changer de sujet.

« Pourquoi cela ? Tu comptes m'inviter ? Je pensais que tu allais servir le champagne. » Il eut un léger sourire avant de croiser les bras sur sa poitrine.

« J'aurais l'air ridicule si tu étais à mon bras. Je te demandais cela car il parait qu'un seigneur compte t'inviter, mais je ne sais pas lequel. » La jeune femme soupira. Elle avait peut-être une idée de la personne qui pouvait l'inviter, mais elle préféra la balayer. Personne ne l'inviterait, les choses étaient mieux ainsi.

« Pour te répondre, si on me demande, je ne sais pas ce que je ferais. Honnêtement, je n'ai aucune envie d'assister à un bal si c'est pour essuyer des critiques. De plus ce serait grotesque, je n'ai plus de robe correcte pour ce genre d'évènement. » Et il était évident qu'elle ne s'y présenterait pas avec l'une de ses robes usées jusqu'à la corde.

« Je suis certain que tu dirais oui, rien que pour ne vexer personne. Tu es bien trop gentille. » Aveline leva les yeux au ciel, un sourire aux lèvres.

« Cela dépend aussi de qui demande. Mais je ne me fais pas d'illusion. Je ne suis plus de ces filles que l'on invite au bal. » Aël eut une grimace amusée.

« Moi j'aimerais bien que tu y ailles, pour clore un peu la bouche des pimbêches ! » La bibliothécaire croisa les bras sur sa poitrine. Il est vrai que certaines jeunes filles n'étaient pas des plus gentilles avec les serviteurs. Mais il y en avait des sympathiques, Aël exagérait.

Aveline, L'éveil du FauconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant