Aveline, L'éveil du Faucon

Chapitre 30 : La cérémonie des Capes Rouges

« Encore un peu s'il te plait. » Aveline jeta un coup d'œil à la chandelle qui se consumait près d'elle. Elle embrassa le front de Garrett qui était appuyé contre sa poitrine.

« Il est tard, et demain nous avons une longue journée qui nous attend. » Elle posa le livre alors que le jeune homme se redressait. Cela faisait un mois qu'ils étaient revenus de mission, et quelques jours de moins qu'elle avait commencé à lire à voix haute pour lui. Officiellement ils n'étaient pas ensemble, officieusement tout le monde savait que c'était le cas, les regards mauvais de Garrett pour les autres hommes avaient eu tôt fait de les démasquer.

« Un petit chapitre ? » Haussant un sourcil Aveline croisa les bras sur sa poitrine.

« Non. » Il s'approcha un peu plus, son regard rivé dans le sien, comme si cela pouvait la faire changer d'avis. Comme si cela avait un quelconque effet sur elle... Comme si elle pouvait... « D'accord. » ... Craquer.

Le jeune homme afficha un sourire satisfait avant de s'installer de nouveau tout contre elle, non sans l'avoir embrassée. Aveline reprit son livre commençant à lire pour lui, une banale histoire de cape et d'épée qui semblait fasciner Garrett. La jeune femme avait remarqué à quel point les yeux de son compagnon brillaient lorsqu'elle lisait, elle ne savait pas pourquoi il semblait si émerveillé. Parfois il lui arrivait de mentionner le fait qu'il voyageait à travers à elle, qu'elle était une seconde voix qui le faisait voguer sur le flot des mots. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi, cela avait tout de même le don de la faire rougir quand il la complimentait. Les phrases leur faisaient faire un voyage commun, en ces instants Aveline profitait de la présence chaude de Garrett, alors que lui profitait de sa voix douce et tendre. Elle lui caressait les cheveux tout en lisant, l'esprit légèrement ailleurs.

Demain, il ferait officiellement partit des Capes Rouges et elle resterait l'élève de Gaëtan. Que se passerai-t-il ? Est-ce qu'il allait se détourner d'elle ? Même si elle détestait cela, le doute faisait partie d'elle. Il pouvait lui répéter autant de fois qu'il voulait à quel point il tenait à elle, cela ne changeait rien au fait qu'elle continuait d'avoir peur. Peur qu'il rencontre quelqu'un d'autre. Quelqu'un de mieux. Il fit glisser son pouce le long de sa joue. Il avait ce don pour remarquer lorsqu'elle doutait, elle qui pensait bien cacher ses sentiments. Il la regarda un instant alors qu'elle stoppait sa lecture.

« Il est temps que l'on dorme je crois. » Elle hocha la tête tout en reposant le livre. Ils se glissèrent sous les couvertures éteignant la chandelle qui lui permettait de lire malgré la pénombre. Aveline se laissa aller dans les bras de Garrett, c'était maintenant devenu une habitude qu'elle espérait ne jamais perdre.

*

* *

Aveline remis l'une de ses mèches derrière son oreille. Elle se tenait aux côtés de Gaëtan vêtue d'une simple robe pourpre légère et agréable à porter. La cérémonie avait commencée quelques minutes auparavant pourtant elle se sentait déjà éreintée alors qu'elle n'y prenait même pas part. Son regard se posa sur Garrett, il était tendu, immobile, en rang avec les autres. Elle esquissa un léger sourire alors qu'il se tournait discrètement vers elle. Tous les Capes Rouges n'étaient pas présents, seulement les maitres qui honoraient leurs élèves. Plusieurs jeunes étaient dans la même situation qu'elle, assistant à la gradation de leur ainé, sauf qu'ils avaient dix ans de moins. La cérémonie était assez sobre, mais tout le monde trépignait d'impatience pour ce qu'il y avait après : le banquet annuel. Apparemment, le moment le plus excitant de l'année.

Tour à tour les maitres s'avançaient vers leur élève à genoux. Ils prononçaient un serment, ajoutant à quel point ils étaient fiers pour certains, et le plus jeune prenait l'arme qu'on lui avait faite faire pendant qu'on lui passait une cape sur les épaules. Ce fut bientôt au tour de Gaëtan et Garrett de se faire face, un sourire ornait les lèvres du maitre, il avait toujours du mal à contenir sa fierté.