Aveline serra son chignon autant qu'elle put. Elle portait la robe que lui avait laissée le Seigneur Seth, sa Grand-Mère lui avait forcé la main. Hors de question cependant qu'elle soit sympathique. Elle laisserait son aïeule parler. Son cœur était sur le point d'exploser dans sa poitrine. Tout allait beaucoup trop vite pour elle. Alors que tout semblait s'arranger il y avait toujours quelque chose pour la ramener à la réalité. La bibliothécaire avait demandé à ce que sa sœur ne soit pas encore mise au courant, leur dispute datait de deux jours à peine et elle ne souhaitait pas la mêler à ça pour le moment. Le soleil était haut dans le ciel et les gens riaient. Plus les rues passaient, moins Aveline se sentait à sa place, bientôt les quartiers misérables furent loin pour laisser place aux allées pavées peuplées de Dames bien habillées au parfum à l'odeur bien trop prononcée.
« Aveline, attends ! » Elle se tourna. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Si elle avait été moins raisonnable elle aurait sauté dans les bras de Mahe le suppliant de ne pas laisser sa Grand-Mère l'emmener. « S'il te plait. Je dois te parler. » Sa Grand-Mère toisa le garçon qui était en compagnie de deux gardes.
« Grand-Mère, puis-je s'il vous plait accorder quelques instants au Seigneur Mahe ? » Bien entendu elle n'avait pas d'autres choix que d'accepter, comme l'exigeait la bienséance.
« Oui Aveline. » Il lui offrit son bras et elle le prit sans hésitation. Il les entraina vers une des maisons qui longeait la rue.
« Nous serons plus tranquille à l'intérieur. Ne vous inquiétez pas Ma Dame, je ne vous retarderais que peu. » Il les invita à entrer. Aveline sentait son cœur battre plus que de raison. Il se dirigea vers la Grand-Mère de la jeune fille et l'invita à s'asseoir avant de conduire la bibliothécaire dans une pièce adjacente, laissant la porte légèrement entrouverte pour qu'on ne les accuse de rien.
« Qu'y-a-t-il de si urgent ? » Il prit ses mains entre les siennes.
« La dernière fois, tu m'as dit que pour être ensemble nous devrions être honnête l'un envers l'autre. Tu t'es confiée à moi, c'est mon tour maintenant. » Il inspira. « Je n'ai aucun sang de noble Aveline, je suis un orphelin qu'on a ramassé un jour dans la rue. » Elle écarquilla les yeux.
« C'est ridicule ta tante... » Il eut un faible sourire qui la fit taire.
« Elle n'est pas ma tante. Si je suis ici, c'est parce que depuis que je suis petit on m'entraine à tuer. Aveline écoutes, j'ai eu l'autorisation de te le dire, mais cela doit rester un secret. Promet moi que ce qui sera dit maintenant restera entre nous. » Elle ne parvint qu'à hocher la tête alors qu'il serrait sa main entre les siennes. « Je fais partit des Capes Rouges, je suis payée pour protéger la Dirigeante. Rien d'autre. » Elle trembla. Ses yeux plongèrent dans ceux de Mahe. Il était sérieux, beaucoup trop. Lui si innocent, si drôle, chez les Capes Rouges ? Impossible, ils étaient sanguinaires, ils tuaient sans distinction tant qu'on les payait. Elle recula d'un pas. « Ne me rejette pas. J'ai toujours été sincère avec toi. Je t'aime Aveline. » Son ton était suppliant et pourtant elle s'obstinait à ce taire. Parce qu'elle ne parvenait pas à comprendre ou à trouver les mots. Ce qui était parfaitement injuste envers lui qui ne lui avait pas tenu rigueur de son passé.
« J'ai besoin de temps pour assimiler l'information. Tu es un meurtrier ? » Il fit un pas vers elle alors qu'elle reculait.
« Non, enfin pas dans le sens où tu l'entends. J'ai tué, c'est vrai, mais seulement pour me protéger. » Il tenta de retrouver son regard, mais elle le fuyait. Il lui faisait une confidence immense, et elle n'était même pas capable de soutenir son regard. « Je voulais que tu le saches, je suis désolé si je te déçois. » Les yeux fixant le sol, il ressemblait à un enfant prit en faute. Aveline se rapprocha de lui. Il n'était pas méchant, pas plus qu'elle, il n'avait juste pas eu de chance. Ses doigts effleurèrent la joue du jeune homme.
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Aveline, L'éveil du Faucon
FantasyGouverné par trois hauts dirigeants, Irinwen est menacé par une guerre civile qui couve dans les entrailles des villes les plus pauvres. Une jeune duchesse, rétrogradée au rang de bibliothécaire suite à la ruine de sa famille, se trouve être témoin...
