D'un geste lent Aveline poussa la porte de sa petite baraque. Elle avait trainé des pieds pour rentrer, caressant l'espoir qu'Adrian serait déjà partit. Peine perdue, il était là, attablé, discutant posément avec sa Grand-Mère. Dès qu'il l'aperçu il se leva pour s'incliner.
« Ma Dame. C'est un plaisir de vous voir. » Si seulement cela pouvait être réciproque. Elle plia l'échine. Même si elle voulait lui trouver tous les défauts du monde, il fallait bien avouer qu'Adrian était bien conservé pour son âge.
« Pareillement. Excusez mon retard, j'ai été retenue au Palais. » Elle s'installa près de sa grand-mère qui lui servit une tasse de thé, non sans lui lancer un regard assassin.
« Je comprends, vous devez leur être indispensable. » Aveline esquissa un sourire. Pourquoi tout le monde pensait que sans elle la bibliothèque n'existerait pas ? Rien ne partirait à vau-l'eau si elle disparaissait du jour au lendemain.
« Personne n'est irremplaçable. » Elle encore moins, maintenant qu'elle faisait partit du mobilier.
« C'est une évidence. Votre grand-mère me disait que vous songiez à vous marier ? » Dans ses rêves seulement. Mais Aveline avait encore assez de diplomatie pour ne pas le dire à voix haute.
« Disons que je suis à un âge où je peux y penser. » Et non pas le faire. Aveline était de celles qui ne souhaitaient ni mari ni enfants, sa bibliothèque était bien suffisante, et un mari lui enlèverait ce plaisir, cette liberté.
« En effet, j'étais même un peu plus jeune lorsque je me suis marié la première fois. Vous aimez les enfants ? » C'était une bonne façon d'entrer dans le vif du sujet.
« Je n'ai jamais réfléchis à la question. J'aime les enfants dans le sens où j'apprécie de les voir s'amuser, mais je ne sais pas ce que c'est de s'occuper d'eux. » Si ce n'est que c'était beaucoup plus contraignant que de s'occuper des livres.
« Je comprends. C'est le genre de choses qui effraie toujours. Surtout que vous avez grandi dans un monde où les mères ne s'occupent que peu de leurs enfants. » Aveline manqua de renverser sa tasse. Sa grand-mère posa une main tendre sur la sienne.
« La mère de mes petites filles est morte Monsieur. » Intérieurement la bibliothécaire remercia son aïeule.
« Je suis navré, je ne le savais pas. Cela a dû être une dure épreuve. » Aveline ferma un instant les yeux. Elle détestait évoquer ce jour. Elle détestait penser à ce moment.
« Si voir votre mère se faire égorger est « dur » alors oui. »
La gorge serrée elle se releva. Ses larmes menaçaient de couler. Entrant dans la chambre de sa grand-mère, qui était aussi leur garde-robe, elle se laissa choir sur le lit. Alana était en train de lire dans un coin. Elle leva les yeux vers sa sœur.
« Avy ? Tu vas bien ? » Aveline eut juste le courage de hocher la tête. Elle ne pouvait pas se permettre de pleurer devant sa sœur. Dans la pièce d'à côté elle entendit sa Grand-Mère s'excuser puis refermer une porte. « Il t'a déjà demandé en mariage ? » La bibliothécaire ne fit qu'esquisser un sourire.
« Non. » Leur grand-mère entra à ce moment-là.
« Alana, va faire réchauffer de la soupe pour ta sœur je te prie. » Le petite hocha la tête et s'exécuta, refermant la porte derrière elle. La vieille femme s'assit près de sa petite-fille l'attirant contre elle. « Aveline, ma Chérie. Pourquoi tu ne me parle plus ? » La jeune fille laissa les larmes rouler le long de ses joues.
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Aveline, L'éveil du Faucon
FantastikGouverné par trois hauts dirigeants, Irinwen est menacé par une guerre civile qui couve dans les entrailles des villes les plus pauvres. Une jeune duchesse, rétrogradée au rang de bibliothécaire suite à la ruine de sa famille, se trouve être témoin...