Chapitre 33 : Retour au bercail

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C'est le cœur au bord des lèvres qu'Aveline descendit du fiacre, relevant ses jupes, et la main de Garrett l'aidant. Il dû comprendre son appréhension car il lui déposa un baiser sur les doigts.

« Tout ira bien Ma Dame. » Il pressa doucement sa main dans la sienne. Si les convenances leur interdisaient d'être intimement proches, ce genre de petites attentions ne dérangeaient en rien.

« Merci. »

Un souffle et il se replaça derrière elle alors qu'Eloane se tenait légèrement en retrait. Plusieurs serviteurs les suivaient avec des malles pleines de vêtements. Gravir de nouveau ces marches lui semblait irréel. Elle allait lentement de peur de marcher sur un pan de sa robe. Le corset la serrait tellement qu'elle sentait ses côtes prêtes à se briser. La tête haute, la jeune femme avançait dans les couloirs, les gens la dévisageaient, visiblement son retour ne passait pas inaperçu. Sa nuque la picotait alors que tous les regards se posaient sur son dos, cette sensation désagréable la faisait frissonner. Son retour allait être le sujet de nombreux commérages et elle n'était pas certaine d'apprécier ce qui serait dit. Elle prit la décision de se concentrer sur sa démarche, dos droit épaule en arrière et surtout visage fermé.

La présence rassurante de Garrett lui donnait le courage de continuer. S'il n'avait pas été là elle serait très certainement repartit en courant. Ce qui aurait été une erreur mais aussi une délivrance. Eloane passa devant elle pour pousser une porte, elle s'inclina pour l'inviter à entrer. Tant de convenances donnaient maintenant la nausée à la jeune femme. Elle ne souhaitait plus que de pouvoir se reposer. Elle pénétra donc dans la pièce, un petit vestibule où elle put se défaire de sa cape avec l'aide d'un valet. On la conduisit dans la seconde pièce, un salon lumineux qui avait été aménagé en des couleurs pastel très agréables.

« La chambre du maitre est derrière cette porte, quant à la vôtre elle est juste là. » Eloane lui désigna deux portes qui se faisaient face. Elle entra dans ce qu'on lui annonçait comme étant sa chambre. L'endroit était sympathique, le lit semblait déjà fort confortable et les tons crème étaient assez sobres pour lui plaire. La fenêtre offrait quant à elle une vue directe sur les jardins.

« Vous ne pouvez pas entrer. » Fronçant les sourcils Aveline se tourna. La servante barrait le passage de Garrett.

« Cela ira, je l'y autorise. » Après tout, il était son garde du corps. Elle fit donc un signe de la main pour appuyer son geste mais Eloane ne céda pas.

« C'est un ordre de notre maitre. » Avait-il été prévenu de la relation qu'elle entretenait avec le jeune homme ? Aveline fit un pas vers eux. Un regard de Garrett suffit à la faire s'arrêter.

« Si ce sont les ordres, je resterais donc devant la porte de la Duchesse. » Alors qu'Eloane tournait le dos au garde du corps, il en profita pour faire un léger clin d'œil à Aveline qui se contenta d'un petit sourire.

« Je souhaiterais être seule un instant. »

S'inclinant Eloane disparue derrière la porte, la refermant soigneusement. Un long soupir passa les lèvres de la jeune femme alors qu'elle se laissait choir sur le lit. Elle tira légèrement sur son décolleté. Elle étouffait. Tout cela c'était beaucoup trop pour elle, alors qu'elle n'avait même pas croiser de connaissance Aveline sentait déjà toute la pression sociale l'écraser. Il faisait si chaud ! Machinalement elle s'approcha de la fenêtre. Elle l'ouvrit tout en inspirant profondément. Un léger vent frais lui balaya le visage, lui offrant quelques secondes de sérénité. Elle soupira d'aise. Elle se pencha légèrement pour observer les jardins. Tout semblait si... Si paisible. Normal. Le palais semblait coincé dans un rouage rouillé du temps. Immuable. A l'extérieur de ces murs tout n'était que mouvement, un changement perpétuel, les gens souffraient, la rébellion grondait. Alors que rien ne semblait atteindre les barreaux dorés de cette cage pour riches. Tout était exactement comme lorsqu'elle était partie.

Aveline, L'éveil du FauconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant