Chapitre 10 : Malentendu, ou explications de rigueur

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Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsqu'Aveline ouvrit les yeux. Le cœur lourd elle se redressa. Elle n'avait même pas prit la peine de se lever pour aller travailler, elle n'en avait ni le cœur ni le courage. Sa nuit avait été peuplée de cauchemars qu'elle ne voulait pas affronter dans la réalité. Le regard des autres, leurs railleries, toutes ces choses qu'elle ne voulait pas vivre une nouvelle fois. Lorsque sa grand-mère était revenue la veille Alana lui avait tout expliqué, Aveline avait un instant cru qu'elle allait devoir affronter la colère de son aïeule. Ce ne fut pas le cas. Bien au contraire, elles avaient longuement parlé enfermées dans la petite chambre pour ne pas gêner Alana. Leur Grand-Mère l'avait consolée, jusqu'à ce qu'elle s'endorme, au matin elle n'avait même pas évoqué le fait d'aller travailler. Cependant il fallait bien qu'Aveline s'avoue quelque chose, elle n'aimait pas rester au lit. Repoussant les draps elle se leva évitant le miroir. Sans même avoir besoin de le voir elle savait que ses yeux devaient être rouges et gonflés. Dans une malle elle prit de quoi s'habiller étalant les tissus sur le lit.

« Aveline ? Je ne savais pas si tu étais réveillée. Je t'ai préparé de quoi te restaurer. » Elle regarda sa Grand-Mère poser le plateau sur la petite commode.

« Merci, mais je n'ai pas très faim. » Sa grand-mère la regarda un instant.

« Manges s'il te plait. Tu n'es pas de celles qui s'apitoient sur leur sort ma chérie. »

Elle referma la porte derrière elle. Aveline commença à s'habiller, elle recouvrit sa chemise de lin par un corset et une étoffe rouge foncée. Elle lissa le tissu qui grattait sa peau. Ses doigts écartèrent les rideaux qui donnait sur la rue, les carreaux rayés et épais empêchaient de voir ce qu'il se passait de l'autre côté. La jeune fille coiffa ses boucles brunes, pas besoin de les relever. Il faudrait qu'elle cherche un nouveau travail, de préférence de jour, en somme rien de simple lorsque vous êtes une femme. Dans la pièce d'à côté elle entendit des voix étouffées, quelqu'un venait leur rendre visite. Elle fronça les sourcils, on osait donc les traquer jusque chez elles ? Elle serra les poings un nœud au creux de son estomac. Fermant les yeux elle empêcha les larmes qui lui montaient aux yeux de rouler le long de ses joues.

Elle sursauta lorsqu'on frappa à la porte de la chambre. Le cœur prêt à bondir hors de sa poitrine elle alla ouvrir. Aveline leva les yeux vers le visage du Seigneur tête avant de détourner le regard.

« Puis-je entrer ? Je souhaiterais vous parler seul à seule. » Elle craignait cela plus que tout. Que l'on vienne lui rappeler ses erreurs. Pourquoi ne l'insultait-il pas tout de suite ? Résignée elle lui fit d'entrer poussant la porte derrière lui.

« Si vous êtes venu pour me rabaisser un peu plus, vous pouvez partir. » Les dents serrées elle fixait obstinément le sol. Elle ne voulait pas entendre ce qu'il allait dire. Il n'avait pas le droit de venir chez elle. Pas pour lui envoyer ses erreurs en pleine figure. Ni pour lui faire un laïus sur le fait qu'elle n'était qu'une horrible menteuse.

« Je vous ai apporté quelques pâtisseries. Je craignais que vous ne soyez souffrante, il doit en falloir beaucoup pour que vous laissiez la bibliothèque vide. » Cette fois elle leva les yeux vers lui. Il affichait un sourire rassurant, rien d'hostile, aucune compassion ou pitié, simplement de la sympathie. Il s'installa sur le lit ouvrant la boite de gâteaux qu'il avait ramené. « Venez-vous asseoir près de moi, je commence à me sentir ridicule. » Lentement elle obtempéra, encore hagarde de ne pas s'être faite insulter ou pire encore.

« Vous... Personne ne vous a parlé ? » Il lui tendit la boite de pâtisserie, elle en prit une entre ses doigts, luttant pour ne pas faire de gaffe.

« Cela vous inquiète-t-il ? » Elle hocha la tête. Il était certain qu'il se jouait d'elle. « Un baron à entretenu l'un de nos secrétaire d'une affaire vous concernant. Affaire qui m'a été rapportée. J'ai donc demandé au dit baron de cesser de colporter de vulgaires ragots sur notre Bibliothécaire. » Il était donc au courant. Elle se détourna les joues virant au rouge.

Aveline, L'éveil du FauconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant