1· Green Man

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« Autumn in her flaming dress
Of orange, brown, gold fallen leaves
My mistress of the frigid night
I worship, pray to on my knees »

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Je me faufiles à travers les corps en mouvement pour m'approcher au plus près de la scène mais surtout, tenter de rejoindre mon amie Morgane qui m'a trainé jusqu'ici ce soir. Mon verre de whisky manque de se renverser au moins cinq fois à force d'être bousculée par les personnes ayant commencé leur pogo, alors que le groupe n'est même pas encore sur scène. Je déteste être entourée d'autant de monde mais ce soir, le mal de tête qui bouillonne sous mon crâne n'aide en rien ma patience.

Alors Ely t'étais passé où? Je t'ai cherché pendant un bon bout de temps, me demande Morgane en passant sa main autour de sa bouche, proche de mon oreille, pour que je puisse entendre quelque chose.

J'étais au bar le serveur a mit un temps fou avant de me donner mon verre, dis-je en imitant son geste.

J'ai cru que tu t'étais défilée et que tu étais rentrée. Profite de ta soirée! Elle ponctue sa phrase d'un sourire sincère mettant en valeur ses pommettes bien dessinées.

Je lui en adresse un en réponse mais mon sourire est moins franc que le siens. Morgane a réussi à me traîner ici pour me faire oublier ma mauvaise nouvelle du jour. Mon contrat de travail ne sera pas renouvelé. J'occupais un poste de rédactrice d'article pour le Bristol Live, le journal local. J'y ai travaillé pendant un an, ayant signé un contrat à durée déterminée et ces fumiers m'ont annoncé aujourd'hui que je pouvais récupérer mes affaires. Je n'ai pas eu d'autres choix que de mettre mes bibelots et autres bien personnels dans une petite boîte en carton, fournie aimablement par mon patron. L'image que je laisse derrière moi est pittoresque. Moi avec mon carton de mauvaise facture dans les bras devant le grand bâtiment abritant les bureaux du journal local, ne sachant quoi faire sous la pluie naissante. Je ne portais qu'une simple robe noire ainsi qu'une redingotes en laine épaisse. Je suis rentrée chez moi en métro, trempée et déboussolée. Morgane m'a envoyé un message pour prendre de mes nouvelles comme elle le fait tout les deux, trois jours environs. Et cette fois c'est plutôt bien tombé. J'ai troqué ma robe longue contre un pantalon en cuir et un chemisier en satin vert sapin et j'ai accepté de l'accompagner à ce concert dans un bar à la devanture colorée. The Old Dukes. Et me voilà, un verre de whisky dans la main, dans l'attente de l'arrivée d'un groupe de punk, les Velvet Vandals, de ce qu'en dit leur backflag. Ce dernier arbore une pochette d'album un peu cliché mais assez originale. Il s'agit d'un punk devant un bâtiment bleutée. Il est vêtu d'une veste en cuir rouge ainsi que d'un short révélant son tatouage à l'effigie de la pochette iconique des Sex Pistols.
Je me perds dans l'analyse de cette photo mais un mouvement dans mon dos me collant à la barrière me séparant de la scène me fait revenir à la réalité. L'armoire à glace qui vient de m'écraser, tel une mouche sur son déjeuné, s'excuse d'une voix grave avant de repartir dans la mêlée de gens qui s'est formée derrière nous. Je soupire et jette un regard à mon amie. Ses cheveux noirs encadrent son visage pâle et ses yeux ternes essaie de me réconforter, accompagnés d'un énième sourire. Son travail n'est pas aussi fun que le miens et je trouves que plus le temps passe plus cela se ressens sur son visage. Elle travaille en usine en horaires décalés et je me rend bien compte que le fatigue la rattrape de jours en jours. Mais elle au moins, elle a encore un travail.
Tu verras le chanteur est canon!

Tu parles... encore un gamin qui se la joue à la Sid Vicious.

J'avale une gorgée de plus de mon whisky frais et Morgane rit franchement en voyant le groupe se préparer à monter sur scène. Le type qui se place devant le micro est un cliché ambulant. Une coupe de cheveux en pics bleus ainsi qu'un collier fermé par un cadenas. Bingo. Je regarde Morgane avec des yeux qui signifient j'avais raison et elle fini par lever les yeux au ciel ainsi que ses mains.
Je le reconnaît il est un peu cliché Ely... mais, toi reconnais qu'il a un petit quelque chose. Rien que pour une nuit au moins. Personnellement j'en ferrais bien mon lot de consolation si j'étais toi.

NEVERMOREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant