« Halloween in Heaven
It's Christmas in Hell, Hell, Hell »- - -
L'air iodé m'envahit les narines à peine arrivée dans la ville où habitent mes parents, Portishead. Une trentaine de minutes de voiture me sépare d'eux mais ce n'est pas une raison qui me donne l'occasion de les voir souvent. J'évite les contacts le plus possible. Ils n'approuvent pas mon choix d'être montée à Bristol. À leurs yeux Portishead est la ville parfaite. Par contre, mon frère étant parti à Londres pour son travail, a un parcours de vie totalement honorable comparé à moi. Pathétique. Autant qu'Ofelia, que j'ai trouvé à moitié endormie sur le canapé en partant, un rail de cocaïne préparé mais pas snifé, sur la table de notre salon. Je suis sorti en claquant la porte, sans une pensée pour son sommeil que je risquais de troubler. Être le vingt quatre décembre, dans cet état à dix huit heure alors que ses parents rêveraient de la revoir et s'inquiètent beaucoup pour elle, ça aussi c'est pathétique.
La portière de ma voiture claque et je tente d'arranger mon apparence dans le reflet de la vitre conducteur. Depuis la remarque de Max, j'essaie de faire plus attention à ce que je renvois. J'aimerais que cela m'affecte le moins possible mais ses mots tournent en boucle dans ma tête. Pour l'occasion j'ai revêtu une jupe crayon à carreaux bruns avec un haut légèrement décolleté en col carré, noir, à manches longues. Le froid traverse ma redingotes mais mes jambes s'activent à marcher plus vite en direction de la maison aux couleurs pâles de mes parents. Le sac de courses remplis de cadeaux et de pâtisseries que je porte me ralentis plus qu'autre chose.
La sonnette retentit sous mes doigts vernis après avoir gravit les quelques marches du perron. Le visage pâle de ma mère m'ouvre, et son sourire redescend instantanément. Elle devait s'attendre à voir mon frère ou ma sœur.
— Bonjour Eleanor. Viens entre je t'en pris.Elle se décale, mouvant sa cascade de cheveux roux. J'entre, après lui avoir donné les pâtisseries que j'ai ramené pour le dessert, et l'odeur de pain d'épice caractéristique à cette maison me prend à la gorge. J'ai juste envie de rentrer chez moi.
Mon père est installé au bout de la longue table en bois, et comme à son habitude, il ne lèvera pas le petit doigt pour aider ma mère en cuisine, à l'exception de quand il s'agira d'alcool. Pourquoi les choses changeraient juste ke jour de Noël?
Ma soeur est installée à l'autre bout de la table, un sourire béa sur le visage. Son mari se tient à côté d'elle, l'air fermé accentué par des lunettes rigides et sombres. Leurs deux enfants sont sur le canapé et quand ils me voient entrer dans la pièce, ils ne me saluent pas.
— Luna, River, dites bonjour à tante Eleanor.Les deux têtes brunes relèvent la tête vers moi et murmurent un mot si faiblement audible, que je ne saurais dire ce qu'ils ont prononcés. J'avance encore et l'angoisse qui s'était formée au creux de mon ventre ne fait que grandir. Ma soeur se lève pour venir me voir, mais elle peine avec son ventre tendu. Encore un. Elle a vingts huit ans et elle a déjà une famille de trois enfants. À ce stade je ne sais pas si c'est du courage ou de la folie. Ellen me prend dans ses bras et son parfum de jasmin m'envahit. Ses taches de rousseur se sont multipliées avec la grossesse et je dois reconnaître que ça lui va à ravir.
— Je suis contente pour toi, je savais pas, dis- je en indiquant son ventre.— Je suis au sixième mois, elle va naître en mars.
Son sourire en dit long sur sa joie non dissimulée mais je ne peux m'empêcher d'avoir de la peine pour elle. Elle a eu Luna lorsqu'elle avait tout juste dix huit, River trois ans après, et elle remet ça. Elle n'aura jamais pu profiter de son insouciance, rien que quelques instants.
Je lui rend tout de même son sourire avant de saluer son mari d'une poignée de main. Ses cheveux noirs sont tirés vers l'arrière et sont encore plus gominés que ceux de Ross Geller.
— Bonjour Eleanor.
VOUS LISEZ
NEVERMORE
Fiksi RemajaMais, le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège à coussins en face de l'oiseau et du buste et de la porte ; alors, m'enfonçant dans le velours, je m'appliquai à enchaîner les idées aux idées, chercha...