39· Bloody Kisses (a death in the family)

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" A rainy winter's day
All her pain she kept inside could no longer hide
No cry for help, she killed herself
Both life and love could not be saved
She took them both to the grave
To the grave
To the grave"

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L'air de la mer me donnerait presque la nausée. Revenir ici m'est toujours inconfortable mais encore plus aujourd'hui.

Portishead.

 Ma dernière visite était pour Noël, je n'ai eu aucune nouvelles de ma mère depuis et cela me convenait très bien. Cependant je sais qu'elle sera présente aujourd'hui et le simple fait de l'imaginer poser un regard dépréciatif sur Edgar me donne déjà l'envie de rebrousser chemin. Je n'ai jamais apprécié recevoir son avis, encore moins aujourd'hui, ni vis à vis de la seule personne pour qui je compte.  Bien entendu, le corbeau m'a accompagné pour cette dure journée. Nous avons fait la route en silence dans son corbillard. Malgré avoir proposé de conduire et de prendre ma voiture, je suis soulagée que le trajet ce soit fait de la sorte, mes mains tremblent sans cesse depuis que nous sommes partis.

La portière conducteur claque et Edgar me rejoint, m'accompagnant à contempler la mer, appuyé contre le capot de la voiture. Il me décale légèrement de cette dernière, prenant place derrière moi, me pressant contre lui. Mes mains attrapent les siennes, nouant nos doigts, et je me permet de basculer ma tête en arrière, la calant contre son cou.

Aujourd'hui je vais devoir lui dire adieu. Je n'en ai pas envie mais je me dois d'être forte pour elle. Depuis le soir du meurtre, pas une nuit ne s'est passée sans cauchemars. Je revois sans cesse l'image de cette biche ensanglantée au sol. Elle avait l'air si paisible. Par chance, monsieur Porter ne s'est pas occupé d'elle. Étant donné que l'enterrement se passe à Portishead, le corps a été rapatrié ici, et non dans la maison funéraire où je passes l'entièreté de mon temps libre ces derniers jours. J'aurais eu du mal à y dormir, ou simplement y passer du temps, en sachant que le corps de mon amie était dans un frigo au sous sol.
Un claquement de portière me fait revenir à la réalité et les bras d'Edgar se resserrent autour de moi, me sentent sursauter. Mes yeux s'ouvrent sur la Ford Fiesta blanche de mon père, garée juste à côté du corbillard sur lequel nous sommes adossés, face à la mer.
Excusez moi, vous savez quand commence la cérémonie? Demande la voix de mon père en s'approchant d'Edgar.

Bonjour, non monsieur je suis navré.

— Mais c'est pourtant vous qui transportez le corps non?

Mes excuses, mais non, pas aujourd'hui. Il s'agit d'un véhicule approprié je vous le concède, mais je ne suis pas en fonction aujourd'hui, j'accompagne ma...

— Bonjour papa, dis je en me détachant d'Edgar, rentrant dans le champs de vison de mes parents.

Eleanor, s'exclame ma mère avec un air toujours aussi réprobateur, comme à chaque fois qu'elle me voit respirer sous ses yeux. Elle porte une robe fourreau noire ainsi qu'un tissu, s'apparentant à un voile, coincé dans ses cheveux. Quand à mon père, son éternel smocking noir est de sorti. Il n'en a qu'un et il le porte en toute circonstance. 
Les yeux de ma mère se posent sur moi, et je ne peux que deviner ses pensées. Mon col roulé noir ainsi que mon pantalon en laine de la même couleur ne doivent pas lui convenir, mais peu m'importe. Je vois ses yeux bifurquer sur Edgar et je n'ose même pas penser à ce qu'elle dirait de son manteau en cuir, de ses bagues multiples, de ses ongles vernis ou de ses longs cheveux, si elle cessait d'être hypocrite un instant.

Eleanor, qui est ce jeune homme? finit elle par dire après un instant de suspend.

— Bonjour madame Butler, Edgar, Edgar Porter, se présente Edgar avec son ton social de croque mort. 

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