3· Are you afraid

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« Are you afraid, afraid to die
Don't be afraid, afraid to try
Are you afraid to die
Don't be afraid of suicide »

- - -

À peine entrée dans dans cette maison flottante mon amie m'a lâchement abandonné, cherchant à rejoindre son cher et tendre Max. Je ne peux pas encadrer ce type. Ofelia a déjà fini dans de sales états à cause de lui, mais elle ne se rend pas compte de l'impact qu'il a sur elle. Ce mec est un beau parleur qui sait arriver à ses fins avec les filles droguées. Il a beau dire qu'il est exclusif à mon amie, je n'y crois pas une seconde. Ce genre de personne, et particulièrement ce genre d'homme, je sais les cerner. Je me suis assez faite avoir pour les repérer à des miles à la ronde. Je l'ai vu plus d'une fois avec sa langue fourrée au fond de la gorge d'une autre fille. Mais comme d'habitude Ofelia s'évertue à me dire qu'il est le good guy de l'histoire. J'ai baissé les bras. Je sais pertinemment qu'en étant dans ce genre d'état, peu importe ce que je lui dirais, cela ne changerait rien. Et vu le nombre de moments où elle est sobre, c'est peine perdue de réussir à lui faire entendre raison. 

J'essaie d'avancer tant bien que mal à travers les gens qui se sont agglutinés en petits groupes, sans tomber. Je suis à la recherche d'un endroit assez calme où je pourrais me poser pour lire le livre que j'ai emporté avec moi. Mais je crois que c'est peine perdue également.

J'enjambe un couple couché au sol, presque prêt a passé à l'acte. Personne ne se préoccupe d'eux, ils sont tous tellement dans leurs trips que tout le monde est invisible aux yeux des autres.

Mais pas moi.

 Entre ceux qui sont dans un autre univers, ceux qui sont en boule dans un coin sans sourcilier ou ceux qui se croient seuls dans une chambre d'hôtel, la petite pièce à vivre de cette péniche est un film digne des comédies sur les fraternité étudiantes. C'est pathétique.

Après quelques minutes à arpenter cette salle interminable j'arrive à dans une minuscule cuisine isolée de tous. La terre promise. 

Les lumières sont éteintes et en allumant une des petites lampes se trouvant sur la table, je remarque que la pièce est vide. Il s'agit plus d'une kitchenette que d'une cuisine. Il n'y a qu'un frigo, une plaque de cuisson, un évier et un meuble de rangement. C'est tout.
Je m'installe sur une des deux chaises placées de part et d'autre de la table en bois et m'empresse de sortir mon livre de mon sac. Certes le bruit environnant est dérangeant pour lire mais la fine porte pliante qui sépare les deux pièces étouffe légèrement le son. Assez pour que je puisse lire.

Plongée dans l'univers de Bram Stoker, un bruit provenant de la porte fragile me sort de ma lecture d'un sursaut. En relevant la tête et mon corps se fige.

 Le corbeau. Il est là. 

Trois mois que je ne l'ai pas vu depuis cette soirée, le jour de mon licenciement. Et il est là.

 Ses cheveux sont légèrement bouclés cette fois ci encore, leurs donnant plus de volumes. Il porte un long manteau en cuir noir ainsi que ses bottes hautes et ses bagues comme lors de notre dernière rencontre. Le voyant avancer gracieusement dans la petite cuisine, je remarque qu'il ne m'a pas vu.

 Étant sur la table se trouvant dans un petit renfoncement de la pièce, je suis certainement invisible dans la pénombre. Il s'accroupit, glissant le bas de son manteau sur le sol tel un surplus de plumage. Le lumière du frigo qui éclaire ses yeux pâles les rend presque blancs. Il attrape un soda et se relève en refermant la petite porte. Lissant son manteau en se retournant, avant de s'adosser contre le petit meuble, son regard de glace se pose sur moi créant un grand sourire sur son visage pâle.
— Quelle merveilleuse surprise, Eleanor, il mime une révérence avant d'ouvrir sa canette, boit une gorgée et reprend la parole. Qu'est ce qui amène une jeune fille aussi ravissante que toi dans une soirée aussi délabrée ?

NEVERMOREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant