Regarde-moi !

Chapitre 36 : Pour toujours.

Amy

            Stella avait poussé un hurlement déchirant. De mon côté, je me trouvais toujours dans la buanderie, face à la porte, dans le noir et avec la peur au ventre. La peur de découvrir qu'un drame s'était produit, la peur de découvrir que j'avais peut-être perdu mon frère. Les cris de Stella résonnaient dans la maison, j'entendais sa douleur, ses larmes et sa colère alors que les bruits de luttes s'intensifiaient. Tout avait été très rapide, mais ce moment de flottement m'avait paru durer une éternité. Ma main était positionnée sur la poignée, mais je n'arrivais pas à bouger, comme si mon corps ne voulait plus m'obéir. Et une nouvelle fois une détonation se fit entendre, mais celle-ci était plus bruyante et plus proche que les autres. Je sursautais malgré moi et lâchais la poignée tout en reculant. Les filles étaient toujours assises dans le coin le plus sombre de la petite pièce, paniquées et recroquevillées sur elles-mêmes. De mon côté, j'observais toujours la porte, et je constatais, avec beaucoup d'appréhension, que quelqu'un se trouvait derrière cette porte. La poignée se mit à descendre et la porte s'ouvrit. Un homme se dressait devant moi, j'étais figée, horrifiée et angoissée. Ce n'était pas Katsu, ni Sora, ni aucune autre personne de confiance, je reconnaissais un des hommes qui avait défoncé la porte de la chambre de Katsu quelques minutes plus tôt.

- Comment on se retrouve, dit-il en s'engouffrant dans la petite pièce. Tu ne pourras pas m'échapper cette fois.

Le colosse s'avança vers moi et en voyant Yumi et Hinata, il esquissa un sourire démoniaque puis il me refit fasse avant de me donner un violent coup dans l'abdomen.

- Toi, tu viens avec moi, dit-il d'un ton âpre en agrippant mes cheveux.

- Lâche-la, cria Yumi.

Elle se leva pour me défendre, mais il lui mit une claque si forte, qu'elle tomba au sol.

- Reste assise gamine.

- Ne leur faites pas de mal, implorais-je.

L'homme ramena violemment ma tête près de la sienne et approcha sa bouche de mon oreille.

- Seulement si tu ne fais pas de bêtise. Vous deux vous restez-là, sinon je vous tue, c'est compris ?

Après ces mots, il agrippa encore plus fortement mes cheveux, et il sortit de la buanderie si vite qu'il me fit tomber. L'homme ne s'arrêta pas pour autant, il me trainait au sol comme si je ne pesais pas plus lourd qu'une plume. J'agrippais alors son bras pour qu'il me lâche mais une vague de sueurs froides m'envahit quand je me sentis glisser sur une flaque. Une main agrippa ensuite ma cheville droite et l'homme s'arrêta. Je regardais alors ce qui m'avait agrippé, et je vis un corps se dessiner dans l'obscurité. J'avais poussé un hurlement de terreur en devinant qui était cette personne. Cette flaque, c'était du sang.

- Sora ! Criais-je en essayant de me libérer de l'emprise du colosse.

- Arrête de résister ! Il n'en a plus pour très longtemps.

- Laisse-la, dit Sora d'une voix chancelante.

L'homme lui donna un violent coup de pied au visage et la pression qu'exerçait la main de Sora sur ma cheville se fit de plus en plus faible.

Je criais, pleurais, implorais et me débattais de toutes mes forces, en vain.

Nous avions traversé le salon à toute vitesse avant que l'homme ne me jette violemment au sol. Une odeur d'essence flottait dans l'air et me piquait le nez. La lumière se ralluma et je vis le désordre qui se dressait tout autour de moi. De nombreux corps jonchaient le sol immaculé de sang et débris en tout genre. Mais mon cœur se stoppa en voyant celui de mon frère. Kaïto était allongée sur le marbre froid de la pièce, inerte, et recouvert de sang. Stella se trouvait à ses côtés, elle ne bougeait plus et semblait être en état de choc. Ma respiration s'arrêta avant que je me précipite à toute vitesse vers lui.