Chapitre 28 : Est-ce la fin ?

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Amy

En ouvrant les yeux je constatais que je me trouvais dans une chambre d'hôpital, c'était sûrement les bruits de la machine à ma gauche qui avaient dû me réveiller. Stella était endormie sur un siège, qui se trouvait à côté de mon lit. La pièce était sombre, seule un rayon de soleil, qui passait à travers les rideaux de la fenêtre, m'aidait à distinguer les objectes qui m'entouraient. Ma tête me faisait mal et ma bouche était sèche, un verre d'eau était disposé, à ma droite, sur une petite table. En me redressant pour l'attraper, je sentis une vive douleur dans les côtes ainsi que dans le ventre, ce qui m'arracha un petit cri de souffrance. Stella se réveilla et se précipita vers moi.

- Amy, tu es réveillée, ne bouge pas, tu as perdu beaucoup de sang, je vais te donner à boire.

Elle me tendit le verre, s'assit sur le lit à mes côtés. Ma gorge était si sèche que je n'arrivais pas à parler, en buvant, je me remémorais lentement la soirée d'hier.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demandais-je d'une voix basse. J'ai mal partout.

- C'est normal, tu dois te reposer. Tu as deux côtes cassées et on t'a tiré dans la cuisse, sans oublier les nombreux hématomes qui recouvrent ton corps. On a eu vraiment peur, dit-elle en laissant échapper une larme. En te voyant allongée sur le sol, en sang, j'ai cru que tu étais morte.

Mes souvenirs étaient encore flous, seule quelques flashs de la soirée me revenaient en mémoire. Je parvenais à me rappeler de la colère de Williams, de sa violence et de sa haine, puis le trou noir. Je ne me rappelais pas comment j'étais arrivée à l'hôpital, comment j'étais parvenue à échapper à Williams, ni comment la soirée s'était terminé. Puis tout d'un coup, en me remémorant la fusillade et les menace de Williams, la panique commença à m'envahir.

- Est-ce que tout le monde va bien ? Ou est Kaito ?

- Ne t'inquiète pas, il va bien, il est allé nous chercher à manger.

- Et Williams ?

- Katsu et Sora se sont occupés de lui. Tu ne crains plus rien. Dit-elle en prenant ma main. Je suis désolée pour tout, je n'ai pas pris soin de toi comme j'aurais dû le faire, je te promets que ça va changer. Tout ce qui compte maintenant, c'est que tu ailles bien, et que tu te reposes le plus possible.

Katsu. Est-ce que lui aussi allait bien ? Je m'inquiétais pour lui alors qu'il n'avait pas tenu ses engagements, il avait laissé Williams me toucher et m'emmener dans une chambre, sans bouger. Il avait préféré passer la soirée avec Hana et ne s'était finalement pas soucié de moi, me laissant seule avec un homme qu'il détestait. Je n'en voulais pas à ma sœur ou à mon frère, à personne en fait. Je n'en voulais qu'à lui. Juste en y pensant je sentais la colère envahir mon esprit, malgré moi, mes poings se serraient. Il fallait que je le voie, que je lui dise de ne plus m'approcher, qu'il était toxique, malveillant et que tout était à cause de lui. Contrairement à lui, moi, je m'attachais à cette pseudo-relation, et j'avais eu mal en le voyant avec Hana. Nous n'étions juste pas pareils, nous n'avions pas les mêmes attentes et pas le même parcours de vie, rien en commun...

La porte de la chambre de l'hôpital s'ouvrit, me tirant de ma réflexion, et Kaito entra.

- Est-ce que quelqu'un a faim ici ? Demanda-t-il en mettant en évidence les poches qu'il tenait. J'ai pris des sushis !

Nous avons passé le reste de la journée ensemble, à se rappeler de vieux souvenirs, à jouer aux cartes et à rigoler. Une fois la nuit tombée, ils ne voulaient pas me laisser seule, mais j'avais réussi à les convaincre que je ne craignais rien et que j'avais besoins de me reposer.

La fin de semaine était passée assez vite. Sora et Isao étaient venus me rendre visite ainsi que Yumi et Hinata. Stella avait raconté à Hina que quelqu'un m'avait agressé dans la rue. Je n'avais pas voulu que ma mère soit au courant de cette histoire, elle aurait culpabilisé de ne pas être là et elle aurait accouru le plus vite possible. En ce qui concerne mes partiels, qui arrivaient à grands pas, le directeur de l'université s'était montré plutôt conciliant, au vu de mes bons résultats et de mon assiduité, il avait décidé que je pourrais passer mes partiels après mon rétablissement.

J'étais restée plus d'une semaine à l'hôpital avant d'enfin pouvoir rentrer chez moi. Je n'avais pas revu Katsu depuis l'incident de la boite de nuit, je n'avais peut-être pas besoin de lui parler. Il avait dû prendre la décision de couper les ponts sans que je n'aie à le faire, et d'un certain côté ça m'arrangeais, je n'avais plus besoin de l'affronter, de m'expliquer et de résister à mes émotions contradictoires. Les choses me paressaient mieux comme ça, tout stopper avant que m'on attachement pour lui se mette à grandir de plus en plus. Je savais que c'était ridicule de s'attacher si rapidement à un homme comme Katsu, et de donner de l'importance à une relation fictive, mais c'était plus fort que moi, j'aimais son côté imprévisible et joueur même s'il m'arrivait de le détester à certains moments. La chose qui me plaisait le plus chez lui était que je me sentais forte, il arrivait à éveiller en moi des sentiments tels que la confiance, l'insouciance, la sécurité, mais aussi le plaisir. J'avais l'impression qu'en mélangeant toutes ces choses, j'étais moi-même. Je me redécouvrais à ses côtés, si je ne l'avais pas rencontré je n'aurais jamais laissé un homme m'approcher et encore moins en laisser un me toucher, je n'aurais jamais eu le cran de proposer à quelqu'un de jouer à un jeu impliquant de la tentation et de la sensualité. En parlant de ce jeu, il n'y avait eu ni vainqueurs, ni perdants. La partie s'était terminée seule, sans ses joueurs...

Quelques jours plus tard, je passais mes partiels, sans grande difficulté. J'arrivais à me déplacer, assez difficilement, avec des béquilles. Mes cicatrices à la lèvre et à l'arcade, étaient presque refermées, mais un hématome encore jaunâtre les entourait. Ce n'était pas la même histoire pour ma jambe, le médecin m'avait expliqué que j'avais eu de la chance, la balle était ressortie et n'avait endommagé aucun muscle ni aucun nerf, mais il m'avait aussi dit que la cicatrisation serait longue et que j'aurais une grosse cicatrice à l'avant et à l'arrière de ma cuisse. Stella lui avait répondu que les hommes adoraient les femmes badasses avec des cicatrices. J'avais toujours mal aux côtes, mais la douleur s'estompait au fur et à mesure que les jours passaient.

Les vacances d'été approchaient à grands pas et il avait été convenu, beaucoup plus tôt, que nous allions passer une semaine à Tateyama, dans la préfecture de Chiba, situé à une heure trente en voiture du centre de Tokyo. Stella et Kaito s'y rendaient tous les étés avec leurs amis. Les grands-parents de Yumi possédaient une grande maison en face de la plage, et ils laissaient la maison, à leurs petits-enfants, pour pouvoir voyager eux aussi. Je n'avais pas encore accepté l'invitation de Yumi car Katsu faisait aussi partie du voyage, et je ne voulais tout simplement pas le voir pour le moment. De plus, ma jambe mettait du temps à guérir et elle nécessitait beaucoup de soins. Je me demandais souvent s'il avait pris de mes nouvelles et s'il se sentait coupable. Sora m'avait expliqué plus tard que lui et Katsu m'avaient retrouvé à moitié consciente dans les bras de Williams. Il avait essayé de défendre son ami en m'expliquant que Katsu obéissait aux ordres de son patron et que c'était pour cela qu'il n'était pas intervenu avant. Mais pour moi ce n'était pas une excuse. Si Katsu était aussi bien qu'il le disait, il serait au moins venu me rendre visite à l'hôpital. De mon côté j'avais expliqué à Sora que je n'attendais plus rien de Katsu et que ce n'était pas nécessaire de lui trouver des excuses. Après avoir réfléchie longuement à la proposition de Yumi, j'avais finalement décidé de partir au bord de la mer avec tout le monde, personne n'allait m'empêcher de profiter de mes vacances et c'était aussi une occasion pour montrer à Katsu que je n'avais pas besoin de lui, que je pouvais moi aussi ne pas m'attacher et cohabiter avec lui sans qu'il n'y ait d'ambiguïté. 


Désolé pour mon absence, j'étais malade. Le chapitre est court mais vous aurez la suite samedi, promis !

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