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UN GROGNEMENT FRANCHIT mes lèvres tandis que je remue légèrement. Mes sourcils se froncent alors, réalisant que mes bras sont plaqués contre mon corps. Je tente d’ouvrir les yeux mais un seul uniquement obtempère et je regarde péniblement autour de moi.
L’obscurité est prenante dans cette pièce en bois. Les murs et le sol sont sombres, à peine éclairés par la lueur vacillante d’une bougie.
Où suis-je ?
— Tu as bien dormi, ma chère ? retentit une voix à ma gauche.
Ma mâchoire se crispe. La Corneille. Il n’utilise les termes « ma chère » et « mon cher » que pour parler aux personnes qu’il méprise énormément.
Me tournant vers l’encadrement de la porte, je distingue grâce à la flamme dansante de la bougie la silhouette drapée de noir d’un homme. Le fils du Serpent, sans aucun doute. Le seul n’ayant pas été enlevé par Muzan.
Soudain, je me fige. Quelques souvenirs me reviennent en éclat. Mon sang se glace dans mes veines et mon souffle se bloque dans ma poitrine. Les dix-huit adelphes de l’Impereceo. Mon combat singulier contre le démon. Son doigt s’enfonçant dans mon orbite. Le souvenir défilant sous mes yeux. Le monticule de leurs cadavres.
Ma respiration se fait sporadique, bien qu’elle reprenne. J’aimerai nier ce que j’ai vu quand l’ongle de Muzan a percé mon œil, me convaincre qu’il ne s’agit que d’une manipulation. Mais je suis en réalité convaincu que là est la vérité.
