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MES PAUPIERES S’OUVRENT péniblement. Je peine à remuer le moindre de mes muscles. Je n’arrive presque pas à ouvrir les yeux. Seule une fente me permet de voir un visage au-dessus de moi ainsi que le ciel noir de la nuit. Mais je n’arrive pas à distinguer les détails de sa tête, l’identifier.
Mon corps est pressé à son torse. Ma tête repose sur son pectoral. Ses bras s’enroulent autour de moi et mon dos est posé sur sa cuisse. Je sens qu’il est à genoux sur le sol. Une délicate odeur de pin l’embaume. Je trouve cette dernière apaisante. Un sourire benêt étire mes lèvres.
— Je me sens bien, je chuchote.
— Economise tes forces, on va te sortir de là. On va te soigner, ça va aller. Je suis sûr qu’on va trouver un moyen de…
Tengen. Sa voix. Elle est réconfortante. J’aime l’entendre.
Mon combat face au Serpent m’a épuisée. Mais je ne ressens aucune douleur. Quand bien même j’ai conscience d’avoir été profondément blessée, je n’ai pas mal. La chaleur du ninja m’embaume. Mes muscles se détendent et je souris.
— Ce n’est pas grave, Tengen. Calme-toi. C’est un honneur pour un soldat de mourir au combat. Je ne suis que reconnaissante envers les dieux de me permettre un dernier salut si honorable.
— Mais… les adelphes ! Tu dois les ramener ! Tu ne peux pas partir maintenant !
Ils sont témoins, là-haut, des efforts que j’ai fait pour survivre et les faire survivre. Mes derniers combats auront été des échecs. Je ne suis plus la vaillante guerrière que tous voyaient en moi. Cela est signe du fait qu’il me faut prendre ma retraite.
