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ASSISE SUR UN ROCHER, j’observe le fleuve gelé sous mes yeux. Situé à deux pas de la maison de Tengen et ses épouses, il forme surement une belle coulée fluide quand les temps sont plus chauds. Mais aujourd’hui, sa surface immobile forme une harmonie avec l’épaisse couche de neige couvrant les alentours.
La Corneille est arrivée tout à l’heure, requérant des explications. Et je n’ai pas eu le courage de les lui offrir. Affronter son regard et lui annoncer quel genre de créature atroce est son père ne me semble pas réalisable.
Je me suis affaiblie depuis mon combat avec Muzan. Psychologiquement et physiquement, je ne suis plus l’endurante guerrière d’autrefois.
— Vous fuyez.
La voix de Tengen retentit dans mon dos. Je ne me retourne même pas.
— Comment faire autrement ?
— Vous n’avez eu de cesse de vous vantez d’être une formidable soldate. Les soldats, surtout les bons, ne fuient pas devant l’adversité.
— Je suis une humaine avant d’être un soldat. J’ai mis du temps à le comprendre mais je suis soulagée d’avoir assimilée cette pensée, aujourd’hui, je chuchote. Je refuse de briser un enfant pour mes valeurs, aussi nobles puissent-t-elles être aux yeux de mes dieux.
Il ne répond pas tout de suite. Je sais qu’il réfléchit à mes paroles.
Du coin de mon œil valide, je le vois s’assoir à côté de moi. Etrange, depuis notre moment…particulier dans la salle de bain, je l’aurais cru plus prompt à m’éviter. Et il semblait d’ailleurs bien parti pour le faire, jusqu’à ce que la Corneille face son apparition.
