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DEVANT MOI, la silhouette de Muzan se découpe dans la nuit noire. Déglutissant, j’observe le léger sourire qui incurve subtilement ses lèvres. Il me hait. M’exècre. Cela ne fait que quelques minutes que nos routes se sont rencontrées mais nul besoin d’être savant pour réaliser qu’il ne me fait l’honneur d’un combat que pour une unique raison.
J’ai réussi à le mettre en colère. Tant mieux.
En fonction des adversaires lui faisant face, un solide guerrier doit apprendre à dégainer les meilleures cartes, faire usage de force ou de faiblesse, d’humilité ou de fierté. Face à un être songeant que nul n’est digne d’un combat contre lui, il m’a fallut titiller son égo démesuré. Me montrer exécrable et le provoquer a suffit à le pousser dans ses retranchements.
— Tout ira très vite, Muzan, j’avertis.
Il hume simplement l’air sans daigner me répondre. Qu’importe. Il reprendra la parole tôt ou tard.
Gonflant mes poumons d’air, je ferme les yeux. Mon corps s’imprègne alors de toutes les composantes autour de moi, jusqu’au moindre détail. En contrebas, les voix féminines et fluettes sont secondées par des avances mâles. Au-dessus, le ciel se fait silencieux, observant la vie nocturne. Sous mes pieds, le sol tremble légèrement au rythme des allées et venues des personnes occupant la maison.
Doucement, je lève le bras devant moi. La main tendue, je laisse la sensation de l’air froid caresser mon membre tandis que je lève les doigts jusqu’au ciel. Bientôt, mon bras se retrouve tendue au-dessus de moi, pointant l’éther. Autour de lui, l’oxygène se fait frétillante, pulsant contre ma paume, désireuse que je donne forme à cette ébauche.
