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Chapitre 4

Je n'attends pas qu'ils aient fini d'analyser la situation et se rendent compte de ce qui vient de se passer. Je me retourne pour sortir de la classe le plus vite possible. Malheureusement, un homme se tient dans l'entrebâillement de la porte la bouche grande ouverte, son cartable par terre, ainsi que son contenu renversé sur le sol.

- Mademoiselle veuillez me suivre s'il vous plaît.

- Et bien, non, il ne me plaît pas cher monsieur. Grommelle-je !

- Vous avez dit quelque chose ?

- Non, rien, je vous suis.

Tout en marchant en direction du bureau du directeur, je réfléchis à ce qu'il vient de se passer et ce que je vais bien pouvoir inventer pour me sortir de là, mais malheureusement je ne vois aucune explication qui pourrait paraître crédible. Je ne sais pas moi-même ce qu'il vient d'arriver, alors comment je pourrais l'expliquer ?! Je me tourne finalement vers l'homme qui m'accompagne afin d'en savoir plus sur lui.

- Excusez-moi, mais qui êtes-vous ?

- Votre nouveau professeur. Dit-il avec une lueur espiègle dans le regard.

Je ne cherche pas à en savoir plus et me concentre à nouveau pour essayer de trouver une excuse potable. Finalement, je décide que je verrai bien quand j'y serai si ça se trouve mon nouveau prof n'a peut-être pas tout vu. Oui, je sais, le pourcentage de chance est mince vu sa réaction. Mais vous savez ce qu'on dit ; « l'espoir fait vivre ».

Devant le bureau du directeur j'ai les mains moites et je ne sais vraiment pas quoi faire. Moi, Iris Weeler, sans doute l'élève la plus calme et sérieuse de ce lycée, vient d'être embarquée de force pour aller dans le bureau du principal. Je n'ai jamais été convoquée de toute ma scolarité et cette situation me stresse énormément.
Mon prof frappe et j'entends un vague « entrez ». Il ouvre la porte et me pousse à l'intérieur. Le bureau du directeur est spacieux, meublé avec goût. Une bibliothèque remplie d'innombrables livres trône à droite de la pièce et s'étend sur toute la longueur du mur. De l'autre côté siège une petite armoire marron foncé sur laquelle repose quelques photos d'enfants, qui, je suppose, sont ceux du proviseur. Enfin, au centre le directeur m'observe derrière un imposant bureau noir. C'est un homme qui doit avoir à peu près la cinquantaine, il est plutôt grand, a des yeux marron foncé, la mâchoire carrée et des cheveux noirs parsemés de mèches grises.
Ah oui, et apparemment, il n'a pas l'air très content de nous voir débarquer à cet instant, à en juger par son regard agacé, ainsi qu'à la pile de dossiers posés sur son bureau.

- Bonjour M.Gill, que se passe-t-il, vous avez des problèmes dès votre premier jour ?

- Effectivement monsieur, oui.

- Et bien, racontez !! Que s'est-il passé ?

- Je me dirigeais vers la classe pour donner mon cours quand j'ai entendu un grand bruit venant de la salle. Je suis entré pour voir ce qu'il s'y passait et j'ai vu que cette élève venait de frapper un de ces camarades. Pour je ne sais quelle raison d'ailleurs !

- Et vous venez me voir pour ces broutilles ! Mais mon cher monsieur, pour un cas pareil, vous allez voir les CPE, pas moi ! Vous croyez que je m'amuse ?! Moi aussi, j'ai du travail !!

- Je croyais bon de venir vous avertir de ces « broutilles » comme vous le dites, car l'élève qui a été frappé est inconscient, a l'arcade sourcilière ouverte et il ne semble pas près de se réveiller. Il a déjà une belle bosse sur la tête... J'ai déjà averti l'infirmerie, ils s'occupent d'appeler les pompiers.

- Vous voulez dire que cette jeune fille a mis un élève KO comme ça sans raison ?!

- Je ne sais pas s'il y a une raison, il faudrait lui demander.

Euh, ils sont sérieux là !! Il parle comme si je n'étais pas là. Ça commence à me pomper l'air. Je me racle la gorge bruyamment pour attirer leur attention et le proviseur se décide enfin à m'adresser la parole. Son regard sévère me scrute de la tête au pied et je me tortille de gène sur ma chaise.

- Alors jeune fille, qu'avez-vous à dire pour votre défense ?

- Euh...Ben...Il m'a insulté. Dis-je doucement en me recroquevillant sur moi-même. (Au final, je crois que je préférais quand il faisait comme si je n'étais pas là.)

Et puis niveau réparti, ce n'était pas ma meilleure, non mais sérieusement la prochaine fois j'ai qu'à lui dire qu'il m'a regardée de travers, du coup, je lui ai explosé la tête contre un mur. Non mais vraiment, ce n'est pas avec ça que je vais m'en sortir à bon compte...

- Il vous a insulté est donc vous l'avez frappé !?

- Euh...Je... Oui c'est ça. Bafouillais-je.

- Et bien mademoiselle, il faut aller vous faire soigner !

Tu ne crois pas si bien dire le vieux ! Par ce que si tu crois qu'envoyer valdinguer ses camarades à l'autre bout d'une pièce sans les toucher, juste parce qu'on est en colère, c'est normal. Et bien, tu m'appelles ! Ça m'évitera de me demander si je suis une « Alien » et de prendre un rendez-vous chez le toubib pour rien !

- En attendant, vous êtes exclue pendant une semaine de cet établissement ! Que cela vous serve de leçon ! On ne frappe pas un camarade pour ce genre de raison ni aucune autre d'ailleurs. Si vous avez des conflits entre élèves, vous allez voir les surveillants. Attendez-vous à devoir rembourser les frais d'hôpitaux de ce garçon mademoiselle. Et préparé lui une lettre d'excuse à lui et à ses parents, c'est la moindre des choses.

- Oui monsieur.

- Vous pouvez disposer.

Je me lève honteuse, sors le plus vite possible de ce bureau, puis coure en direction de mon casier pour récupérer mes affaires. Je veux juste rentrer chez moi, pour faire le point sur ma situation. Je ne sais plus où j'en suis. Mais étant donné qu'en ce moment, j'ai vraiment la poisse, voir même un sacré karma de merde (excusez-moi l'expression.) Le sort en décida autrement. À peine suis-je arrivée à mon casier que je sens quelqu'un m'attraper par l'épaule. Je me retourne brusquement, prête à me défendre si besoin, mais c'est le professeur de toute à l'heure, M.Gill, je crois. Qu'est-ce que je vous disais à propos de mon karma...Définitivement pourrie.