Chapitre 10

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Une fois ma décision prise, je pars explorer la partie Ouest de l'école. Pour l'instant, monsieur Gill ne m'a montré que les structures proches de l'internat et du château donc tout le coté Est du campus. Si je me réfère au plan, toutes les structures sportives sont à l'ouest. Il y a un stade, une salle de musculation, un stand de tir, une piscine, une écurie et un dépôt d'armes. Je ne pense pas avoir le temps de tout voir aujourd'hui. Surtout que je n'ai pas encore été repérer où été le réfectoire... Parce que c'est sympa deux minutes de manger des gâteaux secs et des barres de céréale, mais je ne vais pas pouvoir passer l'année comme ça. En toute logique, il devrait se situer près du bâtiment des cours, donc du château. Pourtant, je ne le vois pas sur le plan. Si je veux voir le réfectoire, il faut que je revienne sur mes pas vers le château, mais si je veux aller explorer à l'ouest, je dois continuer tout droit. J'hésite, je n'ai pas envie de faire demi-tour tout de suite, ma curiosité me pousse vers les structures sportives. Au pire, en ce qui concerne le réfectoire, je pourrais toujours demander mon chemin aux autres élèves demain à l'heure de manger. Ça m'étonnerait qu'ils refusent de me dire où est la cantine. Finalement, je décide de continuer tout droit.

Au bout d'une vingtaine de minutes, j'arrive à destination. Tout à l'air fermé. Moi qui comptais visiter, c'est loupé. Je dois me contenter d'observer depuis l'extérieur. Les structures sont modernes et ressemblent beaucoup à ce que j'ai l'habitude de voir chez les humains. Ce sont des bâtiments carrés, en bétons, munis de quelques fenêtres et baies vitrées. Ils se ressemblent tous. Heureusement, des panneaux les différencient et précisent leurs fonctions ce qui m'aide à mieux me situer. La salle de musculation à l'aire immense et s'élèves sur trois étages. La piscine aussi semble prendre de la place. Le bassin de nage doit au moins faire cinquante mètres vu la taille du bâtiment. Pour ce qui est du stand de tir et du dépôt d'armes, je n'en avais jamais vu avant, je n'ai donc aucune idée de la taille qu'ils sont censés faire. À vu de nez, ils m'ont l'air très grand aussi. Commençant à connaître la tendance à l'extravagance de cette école, je suppose qu'ils doivent tout de même être légèrement plus spacieux que nécessaire. Finalement, comme je ne peux pas visiter l'intérieur, je fais rapidement demi-tour. Je sais que l'écurie et un peu plus au nord mais le vent commence à se lever et j'ai encore une bonne trentaine de minute de marche pour rentrer à l'internat. Ce sera pour une prochaine fois, tant pis. Je rebrousse donc chemin et part en direction de ma chambre. Marcher m'a fait du bien, ça m'a aéré la tête, de plus, j'ai pu me familiariser un peu plus avec les lieux. Comme j'ai un très bon sens de l'orientation, je n'aurais bientôt plus besoin de plan. L'école a beau être grande, il me suffira de quelques trajets de plus pour que je puisse me débrouiller seul et trouver mon chemin. La pluie commence à tomber ce qui m'oblige à presser le pas. Au final, j'arrive bien plus vite que prévu.

En passant le pas de ma porte, je pense au vieux schnock de ce matin qui voulait m'expulser de la chambre. Je ne sais pas qui c'est, mais il avait l'air sacrement remonté. Malheureusement, il est tombé sur plus con que lui. Monsieur Gill est plus têtu qu'un cochon sauvage. Il ne risque pas de lâcher l'affaire. Ayons une petite pensée pour cet inconnu à qui j'ai dû filer des boutons rien qu'en existant. Je me marre intérieurement face à la stupidité de la situation. Quand on y pense, tout ça pour une chambre ?! Il doit sacrement s'ennuyer dans la vie pour n'avoir rien d'autre à faire que Stalker les nouveaux arrivants. Bref tant qu'il ne vient pas m'embêter, il peut toujours me maudire dans son coin. Ou mieux, il peut pourrir monsieur Gill au téléphone chaque matin. Je glousse en imaginant un vieux prof aigris ruminer en me surveillant avec des jumelles cacher dans les buissons devant l'internat. C'est débile, je sais, mais je n'arrive pas à me le représenter autrement. Tout en pensant à ça, je me déchausse et m'avance dans la pièce. Ma bonne humeur disparaît instantanément lorsque je remarque que quelqu'un est passé durant mon absence. Un uniforme a été déposé sur mon lit. Je fronce les sourcils. J'avais pourtant fermé la porte à clé, j'en suis sûr. Quelqu'un a donc un double. C'est problématique, je n'apprécie pas que des inconnus puissent s'introduire ici comme bon leur semble. Je sais que je ne suis pas chez moi, mais je pense quand même avoir le droit à un minimum d'intimité lorsque je suis dans cette pièce. Monsieur Gill m'avait prévenu qu'on me livrerait un uniforme mais je ne pensais pas qu'il serait directement déposé dans ma chambre et pendant mon absence de surcroît. Bref de toute façon, je n'ai aucune idée de qui ça peut bien être et je n'ai aucun moyen de le savoir. Ça ne sert à rien que je me creuse la tête, je vais m'énerver pour rien. Si je revois monsieur Gill, je lui poserais directement la question. De toute manière, il y a de fortes chances que ce soit lui. En attendant, je ferais attention à ce que je laisse traîner dans ma chambre. Ça m'énerve, mais je n'ai pas le choix. Je m'approche néanmoins pour examiner mes nouveaux habits. Le haut est composé d'une chemise blanche, d'une veste d'uniforme grise et d'une cravate de la même couleur. Le bas, lui, comporte une jupe grise et noire à carreaux ainsi que des chaussettes hautes noires. En somme un uniforme tout à fait banal. Même un peu triste du fait de la couleur grisâtre omniprésente, mais bon comme je me fou un peu de mon apparence ça m'est égal. Je pose tout ça sur le bureau enfile un legging et un grand t-shirt puis me glisse sous la couette. Ma petite promenade m'a fatiguée plus que je ne le pensais. Il n'est que dix-sept heures trente, mais j'ai sommeil. Je crois que je n'ai jamais autant dormi que ces deux derniers jours. On dirait bien que toutes ces histoires m'épuisent aussi bien mentalement que physiquement. En attendant, il faut que je me repose si je veux être en forme pour demain. Il ne s'agit pas de faire une panne de réveil le jour du test. Je programme d'ailleurs d'ores et déjà deux alarmes pour demain matin afin d'être sûr de ne pas me rendormir. Je réfléchis afin de savoir si je n'ai rien oublié, mais comme je ne sais absolument pas en quoi consiste l'évaluation, je ne peux rien préparer à l'avance. Je suppose que me lever à l'heure, enfilée mon uniforme et me présenter devant l'arène sera déjà un bon début. Au final, après avoir glandé pendant un certain temps sur mon téléphone, je sens mes paupières s'alourdir et je me laisse glisser dans le sommeil sans résister.

Ce matin, je suis réveillée par le bruit strident de mon réveil, j'émerge donc difficilement de sous mes couvertures pour me préparer. Je ne peux pas dire que j'ai passé une bonne nuit. Je me suis réveillé plusieurs fois sans doute à cause du stress et j'ai mis un temps fou à me rendormir à chaque fois. Je peux désormais dire le nombre exact de taches et de fissures que compte mon plafond. Il y a exactement trois toutes petites fissures et sept taches. Informations inutiles, mais informations quand même. Quand on s'ennuie comme un rat crevé faut bien se trouver une occupation. D'ailleurs faudra penser à engueuler le gars qui a refait la peinture, on n'est clairement pas sur un travail de pro. Enfin bref, j'ai mis mon réveil assez tôt pour avoir le temps de m'habiller sans me stresser, mais à présent, je regrette un peu cette décision. Je suis claqué. Cette nuit m'a plus fatiguée qu'autre chose, j'aurai bien dormi un peu plus... Je prends sur moi et enfile néanmoins mon nouvel uniforme après avoir pris une petite douche rapide. Mon petit-déjeuner se compose d'une barre énergisante du distributeur et d'un verre d'eau étant donné que je ne sais pas où se situe la cafeteria et que je n'ai aucune envie de me mêler aux autres élèves. Ensuite, vient l'instant crucial de la journée mon « brossage de cheveux ». Je m'installe devant le miroir de la salle de bains et commence mon travail. Plus je m'observe dans cette petite glace plus je me trouve bizarre. C'est assez perturbant de se retrouver avec une nouvelle tête, je sais bien que je vais finir par m'y habituer, mais pour l'instant chaque fois que je croise mon reflet, j'ai un instant d'hésitation avant de me souvenir que c'est bien moi. Ça me met mal à l'aise, c'est difficile à expliquer, mais c'est comme si on m'avait volé mon corps pour le remplacer par un autre. Je suis un peu désemparé, mon visage n'a pourtant pas changé, c'est exactement le même cependant on dirait que certains traits ont été accentués ou au contraire diminué. Par exemple, j'ai toujours eu les yeux verts, ils n'ont pas changé de teinte, mais là, j'ai l'impression que la couleur est plus intense, plus percutante. Je ne sais pas comment l'expliquer, c'est juste très bizarre. Quand j'y pense, je suis un peu effrayé, mon caractère et mon aspect physique ont changé et parfois, j'ai l'impression de ne plus être la même personne. J'ai peur que si je ne fais pas attention, l'ancienne moi disparaisse complètement sans que je ne m'en rende compte. Je commence déjà à avoir du mal à me reconnaître, ma personnalité a tellement changé. Quand je pense à tout ce que j'ai balancé à monsieur Gill, je peine encore à y croire. Je suis totalement différente d'avant. Il y a quelques jours, je n'aurais jamais été capable d'autant d'assurance et d'éloquence face à un adulte. Je ne crois pas que ce soit mal, mais quelque chose me dit que ça va finir par me causer des ennuis. Il n'est jamais bon de trop se faire remarquer. Que j'ai raison ou non, là n'est pas la question, en fonction des personnes, il vaut des fois mieux garder ses opinions pour soit. C'est là qu'est le problème, j'ai la sensation que ça risque d'être compliqué de garder ma langue dans ma poche. Même si je sais que c'est la meilleure chose à faire, je suis intimement convaincue que je ne pourrais pas m'empêcher de dire ce que je pense. Tout garder pour soi n'est pas bon, je le sais, j'en ai souffert, mais à mon avis l'inverse n'est pas forcément mieux. Je risque de me faire beaucoup d'ennemie surtout au sein des professeurs. S'ils ont tous la même mentalité que monsieur Gill, je risque de ne pas beaucoup les aimés et de ne pas pouvoir m'empêcher de rapidement leur faire savoir. Ça va être un problème. Je soupire bruyamment. On est mal barré moi je vous le dis ! Ma scolarité risque de ne pas être de tout repos. De toute façon, je n'y peux rien, c'est plus fort que moi. J'essayerais de faire de mon mieux et puis de toute façon... On verra bien.

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