Aller Simple en Enfer [T.1]

9. Première nuit en enfer

⚠️TW violence⚠️

Dimanche 10 janvier 2019 - 10h56 PM, Camp Principal.

Lucia n'avait pas réagi quand Dante avait ouvert la porte de sa cage, ni même lorsqu'il l'avait trainée à moitié à travers le camp de pirates. Ces derniers s'étaient contentés de les regarder passer en saluant leur chef, qui les avait ignorés. Certains avaient souri en voyant la rousse avec lui. D'autres avaient ricané. D'autres encore s'étaient contentés de la suivre des yeux en affichant soit de l'envie, soit de la pitié. Mais aucun n'avait fait mine de s'interposer.

La jeune fille se trouvait incapable de résister, même alors qu'elle savait exactement où il la conduisait et pourquoi. Son cerveau ne parvenait pas à analyser son environnement, ses yeux et ses pieds parcourant pour la toute première fois le reste du camp où elle était détenue depuis trois jours. Elle ne voyait pas le ciel étoilé, son seul compagnon des derniers jours. Elle ne sentait pas la brise fraîche lui caressant la peau. Non. Seule la poigne douloureuse de Dante autour de son poignet avait de l'importance. Ça et l'annonce qu'il lui avait faite : il l'avait achetée. Achetée. Difficile d'imaginer un scénario pire que celui-là...

Le meneur lui avait fait grimper une série de marches suffisamment rouillées pour attraper le tétanos en une seule égratignure. Des marches qui avaient grincé de manière inquiétante lorsqu'ils les avaient gravies. C'était ça qui avait commencé à la tirer de sa transe. Mais trop tard.

Désormais debout au centre de ce qui ressemblait fort à une chambre délabrée, Lucia était figée par l'angoisse. Elle entendit Dante fermer dans leur dos. Cette pièce sentait un ensemble de substances illicites. Mais aussi la sueur. La fumée. Le... sexe. Un mélange qui lui donna tout bonnement envie de vomir. Seulement, même pour ça, son corps n'était pas assez décrispé.

Il y eut un long silence. Un moment de calme avant la tempête. Le pirate ne bougeait pas, se tenant à deux mètres d'elle tout au plus. Il l'observait. Elle pouvait sentir son regard peser sur ses frêles épaules. Attendait-il de voir si elle allait tenter de s'échapper ? Par où ? Comment ? Voulait-il faire durer le moment, en bon sadique qu'il était ? Probablement.

Mais il finit par se lasser de cette inaction et s'approcha. Lucia se tendit encore plus lorsqu'elle entendit ses pas dans son dos. Ça empira quand il posa ses mains sur sa taille. Son dos était pratiquement collé à son torse ferme et son odeur, fort similaire à celle de la chambre, lui sauta au nez. Cet ensemble de stimulus parvint à la faire sortir de sa léthargie et elle siffla, ne bougeant par contre pas d'un millimètre :

- Retire tes sales pattes de moi.

- Pourquoi ? T'as pas envie de ressentir des sensations fortes ? s'étonna-t-il faussement, ses mains ayant commencé à caresser ses hanches avec lenteur. Pourtant t'as apprécié jouer avec moi, dehors. ¿ No ? T'amuser avec celui qui t'as enlevée. L'excitation. L'adrénaline... T'aimes ça, pas vrai ? Parce que je peux te faire revivre tout ça. T'as juste à te laisser faire et je t'assure que tu pourrais kiffer l'expérience.

- S'il te plaît, éloigne-toi de moi...

Son ton suppliant la révolta. Elle ne pouvait pas être faible. Dante était comme une bête sauvage. Le seul moyen de le tenir à distance, c'était de lui montrer qu'elle n'avait pas peur. Mais elle n'aurait dupé personne en cet instant : elle était morte de trouille. Et si même elle était capable de s'en rendre compte, alors lui...

Le pirate n'en eut que faire de sa demande. Pour s'assurer qu'elle ne s'éloignerait pas, il passa un bras autour de sa taille et la maintint solidement contre lui. Les doigts de sa main libre vinrent s'enrouler autour de sa gorge, qu'il caressa avec une délicatesse surprenante.