Aller Simple en Enfer [T.1]

34. La vengeance est un plat qui se mange...

Mardi 16 mars 2019 – 15h12 PM, avant-poste Alpha.

C'est une terrible douleur à la tête qui réveilla Anissia. Gémissant faiblement, elle essaya d'y porter les mains. Seulement, ce fut impossible pour la simple et bonne raison qu'elles paraissaient liées dans son dos. Un semblant de panique la traversa pendant qu'elle tentait de remettre de l'ordre dans ses pensées. Tout était flou. Si flou...

La jeune fille, au terme d'un effort considérable, parvint à se remémorer l'attaque du convoi. C'était Quinn qui les avait avertis. « Oh, Quinn... » Le souvenir de son corps sans vie et des hurlements d'Éloïse lui revinrent en tête. Ceci entraîna cela et le fil des événements se déroula plus lestement devant ses yeux : le convoi en train de filer, sa course-poursuite, sa conversation dans le talkie avec Georgia, et puis... Et puis...

‒ Enfin réveillée, hermanita.

Cette voix. Elle ouvrit les yeux trop vite et grimaça en se faisant éblouir par la lumière du soleil. La douleur dans son crâne explosa, manquant de la faire s'évanouir une seconde fois. Le rire de Dante sonna étrangement à ses oreilles. Les sons étaient déformés. Méconnaissables. Il ne l'avait pas loupée...

Une fois la vague dissipée, Anissia réussit à ouvrir les yeux pour de bon. Ils rencontrèrent ceux, aussi noirs que l'enfer, de celui l'ayant conduite ici. Ce dernier esquissa un sourire mauvais face auquel elle se contenta de rester de marbre. Il devait savourer sa petite victoire. Huit mois. Cela faisait pratiquement huit mois qu'il la traquait à travers tout Lost Island. Et ça faisait tout autant de temps qu'elle lui filait entre les pattes à chaque fois qu'il faisait mine de se rapprocher. Et aujourd'hui... Tout ça à cause d'un convoi à la con.

‒ J'espère que je n'y ai pas été trop fort ? ironisa-t-il en indiquant le côté droit de son crâne.

‒ J'ai connu pire, répliqua-t-elle, sur la défensive.

‒ Ça, tu vois, j'en doute.

Après l'avoir analysée encore une poignée de secondes, il se leva de sa chaise pour faire quelques pas dans ce qui ressemblait fort aux baraquements présents au centre de tous les avant-postes. Ceux où l'on trouvait la réserve d'armes, de nourriture et tout le matériel nécessaire à la survie.

Seulement, celui-ci était vide. Même le générateur électrique était à l'arrêt, son doux ronronnement ayant laissé la place aux bruits de la jungle alentour. La seule lumière éclairant les deux protagonistes de la scène provenait d'une unique fenêtre à moitié dissimulée derrière une tenture miteuse.

‒ Où est-ce que tu m'as emmenée ? demanda-t-elle en reportant finalement son regard sur l'Hispanique.

‒ L'avant-poste Alpha. Ou du moins ce qu'il en reste... Il est parti en fumée après le passage de tes petits copains. Ce bâtiment est le dernier encore debout.

Anissia se souvenait du jour où ils avaient été délogés d'ici. Sans doute l'une des reprises d'avant-poste les plus sanglantes qu'elle ait connu. Les rebelles avaient perdu sept de leurs effectifs en un seul affrontement. Leur consolation ? Tout autant de pirates étaient tombés. Mais ça n'avait épongé qu'en partie leur peine à tous...

Pendant que Dante s'aventurait du côté d'une armoire, la jeune meneuse essaya de défaire la corde emprisonnant ses poignets. Mais elle renonça bien vite : c'était vain. Il en allait de même pour celle maintenant ses chevilles, elles liées aux pieds de la chaise. Son ancien ami savait parfaitement de quoi elle était capable et maintenant qu'il était enfin parvenu à lui remettre la main dessus, ce n'était pas pour la laisser filer.

‒ Avoue que cette idée du convoi était bien trouvée, rit le concerné en revenant se laisser tomber sur la chaise face à la sienne. J'avais peur que tu ne te laisses pas avoir, mais 'faut croire que je te surestimais un peu trop...