Aller Simple en Enfer [T.1]

39. L'assaut - part. 2

Au cas où vous l'auriez loupé, n'oubliez pas que deux parties ont été publiées aujourd'hui. N'oubliez donc pas de lire la partie une avant de vous aventurez sur celle-ci!

⚠️TW violence⚠️

Jeudi 18 mars 2019 – 06h45 AM, Camp Principal.

‒ Aaron, NOOOON !

Le cri déchirant de Youssra. Les gargouillis immondes d'Aaron, un flot de sang noir jaillissant d'entre ses lèvres. Le sifflement de la fusée bleue s'élevant vers le ciel. Lucia, tel un automate, s'avança vers le cuisinier en train de succomber sous ses yeux. L'infirmière, hurlant sa rage et sa peine à l'égard du rebelle venant de lui arracher son ami, dégaina son arme et ouvrit le feu. Un second cadavre frappa le sol. Mais ça aussi, la rousse ne le vit pas. Ce n'était qu'un mort de plus dans cet affrontement barbare.

Avec des gestes tremblants, elle se laissa tomber à genoux près d'Aaron. Il lui empoigna aussitôt la main et la serra de toutes ses forces. Ses yeux étaient remplis de peur. De regrets. D'un tourbillon de sentiments si déchirants que Lucia ne prit même pas garde au fait qu'il lui broyait les articulations. L'accompagner jusqu'à son dernier souffle. Voilà tout ce qu'elle était en mesure de faire pour lui...

Youssra, une fois certaine que le rebelle était mort, baissa son 12mm et courut vers ses camarades pour se laisser tomber de l'autre côté du cuisinier. Elle pleurait. Sanglotait. Gémissait son prénom en encadrant son visage rondouillet de ses deux mains. Le suppliait de s'accrocher. Formulait des paroles qu'elle serait incapable de tenir. Il était condamné.

Il ne fallut pas trente secondes pour que le regard d'Aaron ne se couvre d'un voile de mort. Un voile que Lucia commençait à ne connaître que trop bien. La pression des doigts autour des siens se relâcha et la main du cuisinier chuta sur la terre en train de s'imbiber de son sang. Une balle dans le ventre. Une autre dans la gorge. Son meurtrier n'avait même pas eu l'obligeance de le tuer d'un seul coup...

‒ On doit y aller, murmura la cadette, le cœur au bord des lèvres.

‒ Je ne partirai pas sans lui ! se borna Youssra, solidement agrippée au corps sans vie de son ami. Je... Je ne le laisserai pas ici, sans défense !

‒ Youssra...

‒ Il risque de se faire piétiner ! Ou pire ! De...

‒ Youssra.

‒ On doit le mettre dans un endroit sûr. À nous deux, on pourrait...

‒ Youssra !

S'étant penchée par-dessus le cadavre, Lucia venait d'agripper les épaules de l'infirmière pour planter son regard dans le sien. Ce geste si soudain lui coupa le sifflet. Elle en oublia même de pleurer, dévisageant sa camarade sans comprendre. À croire qu'elle n'avait pas remarqué que son sang avait cessé de couler. Ou plutôt, qu'elle refusait de le remarquer...

‒ Aaron est mort, Youssra ! C'est terminé ! Et si on reste ici, on va finir comme lui !

‒ Non... Non !

‒ Si ! Et tu le sais !

Youssra essaya de se soustraire à sa poigne, refusant de voir la vérité en face. Mais Lucia insista, raffermissant l'emprise de ses doigts sur ses solides épaules. L'idée de la laisser-là ne l'effleura même pas. Elle ne se le pardonnerait jamais s'il lui arrivait quoi que ce soit. Et par-dessus tout, elle ne parviendrait plus à regarder Jonas dans les yeux en sachant qu'elle avait pris la décision de la laisser livrer à elle-même dans son état...