Aller Simple en Enfer [T.1]

20. Confiance équitablement rompue

⚠️TW⚠️

Lundi 08 février 2019 – 20h53 PM, Camp Principal.

Le soleil était couché depuis une petite heure désormais, laissant place à une fraîcheur bienvenue après cette journée suffocante. Lucia, assise sur le canapé dont disposait la chambre qu'elle occupait, fixait le plafond décrépi tout en laissant son esprit vagabonder comme bon lui semblait.

Une fatigue agréable se faisait ressentir dans son corps. Une fatigue physique due aux quelques travaux qu'elle avait effectués. Et ça la mettait en joie. Depuis le début de sa détention, la jeune fille rencontrait de grosses difficultés à s'endormir. Tourner en rond dans ces appartements ne l'épuisait pas. De plus, ses cauchemars ne se gênaient pas pour lui compliquer la tâche. Mais maintenant qu'elle pouvait s'occuper durant la journée... elle espérait sincèrement qu'elle passerait de meilleures nuits.

Trente minutes plus tôt, Jonas lui avait apporté son repas. Lucia, malgré sa faim, n'y avait pas touché et s'était contentée d'emballer le tout dans un petit sac en plastique qu'elle avait déniché dans un coin. Si le bordel dans lequel vivait Dante avait un avantage, c'était celui-là : elle trouvait tout ce dont elle avait besoin pour peu qu'elle accepte de fouiner un peu.

Cette nourriture était destinée aux deux sœurs qu'elle avait rencontrées dans la case aux otages. Elle-même mangeait tous les jours. Ce n'était pas le cas des prisonniers, son expérience le lui assurait. Il ne lui restait donc plus qu'à trouver un moyen de rejoindre les cages sans être vue. Plus facile à dire qu'à faire...

La porte d'entrée s'ouvrit, dévoilant le propriétaire des lieux. Un joint coincé entre les lèvres et dans un état aussi pitoyable qu'à l'accoutumée, il entra dans la pièce et verrouilla dans son dos non sans avoir jeté au préalable un coup d'œil sur sa captive. C'était ce qu'il faisait à chaque fois et ce avant même de poser un pied dans ses appartements : vérifier qu'elle était là.

Lucia ignorait s'il craignait qu'elle se fasse la malle durant son absence, ou si c'était simplement un moyen pour lui de s'assurer qu'elle ne l'attendait pas dans un coin, prête à lui bondir dessus dans l'espoir de le tuer. Et au fond, elle s'en fichait. Ça la faisait plutôt rire. Lui, ce grand pirate en apparences invulnérable, qui se méfiait d'elle, une simple gamine capable de s'envoler à la moindre bourrasque trop violente.

Comme le voulait sa routine, Dante marcha jusqu'à son armoire, ôta le holster d'autour de ses hanches, le rangea, ferma à clef. Mais au lieu de se rendre directement à la salle de bain comme il le faisait pourtant d'habitude, il vint se laisser tomber dans le canapé, bien à l'opposé de sa prisonnière. Cette dernière le jaugea d'un regard surpris pendant qu'il prenait son joint entre deux doigts afin de lui adresser un petit sourire.

Le trafiquant paraissait, pour une fois, de bonne humeur. Et par miracle, ça ne semblait ni être dû à l'alcool, ni à la drogue. Non. Il était sobre. Lucia se sentit soulagée en arrivant à cette conclusion. Lorsqu'il avait bu, il était encore plus instable qu'à l'accoutumée. Et elle détestait ça. Il lui faisait peur. Autant dans son état normal, elle était capable d'anticiper un tant soit peu ses réactions. Ce n'était pas le cas lorsqu'il était sous l'emprise d'une substance quelconque.

Toutefois, elle ne baissa pas sa garde pour autant. Sobre ou imbibé, stone ou lucide, Dante Alvarez restait un danger. Une bête féroce capable de lui bondir dessus à tout instant. Il ne lui fallait qu'une seconde pour s'enflammer, la jeune fille le savait. Si bien qu'elle demeurait en alerte constante lorsqu'il se trouvait dans la même pièce que lui.